QG du Fan Club de Diabou
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Zone de douce folie
 
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AuteurMessage
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

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MessageSujet: Indifférence   Indifférence EmptyJeu 20 Juil - 18:25

Nouvelle récement écrite pour un concours. Le thème est : Rupture. Contrainte : 4000 mots maximum. (Il y en a 2055, après ardu comptage).

Moi elle me satisfait moyennement, j'ai l'impression de ne pas l'avoir rendue assez "légère", ni surtout rendu assez ce que pense Iris. Mais je crois aussi que c'est le mieux que j'aurai pu faire. Donc... ^^

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La photo se déchira facilement, comme de sa propre volonté. C'était la dernière.
Les bras d'Iris retombèrent, sans force. L'un d’eux cogna violemment le coin du lit, mais la jeune fille ne réagit pas. Un regard vide, elle ne se sentait pas concernée.
Les deux morceaux de papier libérés s’échouèrent après un court vol sur la moquette épaisse de la chambre que d'autres peuplaient déjà. Visages joyeux, poses crispées, quelques paysages, vie de petite fille sage.
Comment leur dire ?
Soudain Iris sembla de nouveau prendre conscience du monde dont elle s’était absentée. Elle agrippa sa main droite et la ramena à elle, pour la serrer contre sa poitrine, exagérant volontairement la douleur qui s'enfuyait, comme on dramatise des chutes sans gravité pour recevoir des consolations affectueuses.
Mais cette chute là, je ne m'en relèverai pas.

Il fallait qu'elle voie son père. Pour l'instant, c'est l'idée que sa mère l'apprenne qui lui était le plus intolérable. Il le faudrait bien, mais le plus tard possible. Même à lui, qui ne la condamnerait pas, qui écouterait et tenterait de comprendre, elle ne pouvait s'imaginer encore lui annoncer. Pourtant...

Pourtant elle se leva, appuyée au mur attendit que le vertige passe, puis marcha lentement, en silence, jusqu'à la porte fermée du petit salon. Ses doigts pâles et fins caressèrent un instant le bois doré, avant de se poser sur la poignée, qui s’abaissa sans résistance sous l'appui léger.
Iris se glissa dans la pièce. Levant les yeux du roman qu'il lisait, son père l'accueillit avec un léger sourire aux lèvres, avant d'apercevoir les larmes qui dansaient dans les yeux gris de sa fille. Il prit une expression de calme surprise, prêt à entendre, prêt à deviner et à consoler.
« Que se passe-t-il, Iris ? »
Oh, laisser les sanglots s'échapper, aller s'agenouiller près de lui et attendre que tout passe...
Non, pas maintenant. Plus maintenant
« Papa, je... » Une inspiration forcée. En fait, elle n'avait jamais encore prononcé les mots, ne les avait même pas écrit. Elle savait la force que prennent les choses quand on les nomme. « Je... Je suis enceinte. »
L'observation de la réaction de son père lui permettait de moins penser. Ce regard vague qu'il prenait, les gestes lents de ses mains, à peine perceptibles. Elle attendait.
« - Tu en es sûre ? demanda-t-il doucement. » Elle acquiesça d'un signe de tête.
« - J'ai eu les résultats la semaine dernière... De la prise de sang.
- Bien... Et... Hum. Qu'en pense-t-Il ?
- Rien... Je ne lui ai pas dit. Je ne sais plus où il est, maintenant. »
Iris s'entendait parler et se rendait parfaitement compte que c'était une formule trop simpliste, celle qu'on utilisait pour les aventures, les accidents. Ce n'était pas le cas, mais elle ne rectifia pas. Elle ne méritait pas de clémence, aurait voulu finalement que l'homme qui lui faisait face ne cherche plus à comprendre, mais simplement la rejette, comme la fille honteuse qui l'avait trahi. Une confirmation du jugement qu'elle avait déjà prononcé pour elle-même.
« - Et qu'en penses-tu, toi ? Interrogea de nouveau son père
- ... Je ne sais pas. J'ai peur.
- De quoi ?
- De cette vie. J'ai peur pour lui, et de lui, répondit-elle en passant une main sur son ventre.
- Ne t'inquiète pas tant. Il y a toujours une solution à tout, tu sais.
- Où est-elle, maintenant, la solution ? » L'interrogea Iris, fillette prête à entendre une miraculeuse réponse qui résoudrait tout.
« - Elle se promène, sourit le vieil homme. Il va falloir la trouver en réfléchissant, mais pour l'instant, vas donc te reposer. On réfléchit toujours mieux à plusieurs, attendons ta mère. »
Iris regarda un moment le visage concentré, le front soucieux de son père. La magie n'opérait plus, elle le savait aussi perdu qu'elle. Jouant du mieux possible, elle parvint même à faire un sourire confiant, « Merci Papa », et referma tranquillement la porte derrière elle.

La tête lui cognait affreusement. Trop de choses à contenir à la fois. Il y a toujours une solution à tout... D’un coup elle s’arrêta, les yeux agrandis de frayeur. Elle venait de deviner à coup sûr quelle solution sa mère allait proposer. Elle savait aussi qu’il ne lui serait pas permis de refuser.
Elle savait déjà tout. Mais n’admettait les choses que petit à petit, repoussant chaque fois l’échéance. La dernière décision qu’elle prit fut rapide. Il ne lui restait tout de même que peu de temps pour la mettre à exécution.
Attendons ta mère. Non, elle n’attendrait pas. Elle le savait avant même d’aller parler à son père, comme le lui sermonnait les photos qu’elle piétinait maintenant.

Le sac fut fait assez rapidement, toujours cette sensation d’être spectatrice. Elle serra un instant contre elle un vieux sweet-shirt imprimé, allait le reposer délicatement sur le lit, puis secoua doucement la tête et le fourra lui aussi dans le sac en tissu qu’elle portait à l’épaule.
Un dernier regard sur la chambre qu’elle quittait. Dernier... La vue brouillée, elle passa dans le couloir, évitant les endroits du parquet trop bruyants. Pour traverser les quelques mètres qui la séparaient de l’entrée de l’appartement, elle s’arrêta plusieurs fois, aux aguets. Elle imaginait son père marchant de long en large dans sa pièce préférée...
Allez.

Iris s’appliqua, une dernière fois, à être silencieuse pour franchir le seuil et disparaître. De crainte de ne pas arriver à la fermer assez discrètement, elle rabattit seulement la porte de chêne contre le verrou, sans la pousser à fond.
Escaliers. Personne. Certitude de croiser sa mère avant que la fuite n’ait réussit. Non, personne ne vit la silhouette discrète sortir du hall, se retenir à la rampe, jeter un regard perdu aux alentours puis s’évanouir dans une petite rue.

Et maintenant ?
Maintenant, elle pouvait respirer. Ne pas entendre la seule solution qu’on lui imposerait. Comment aurait-elle pu attendre que la femme qui dirigeait tout depuis si longtemps lui conseille de tuer son enfant ? Un enfant qui aurait les yeux clairs, comme elle, comme Lui.

Des yeux qui reflétaient les nuages...
Elle se demanda où il était partit. Elle se demanda pourquoi, encore une fois. C’était frustrant, que toutes les explications qu’elle pourrait trouver ne seraient de toute façon jamais des certitudes. C’est comme quand elle se demandait ce qu’elle faisait ici, dans ce monde absurde. Il y a trop de réponses à tout, finalement.
Par exemple, il avait découvert quelqu’un d’autre. « Pff », non, trop facile. Trop banal. Et puis, elle l’aurait su. Ou bien, il avait découvert quelque chose sur elle, et ça l’avait fait fuir. Iris s’entendit rire. Elle passa un moment à imaginer ce qu’elle pouvait bien lui avoir caché. Ce qu’elle pouvait bien cacher, de toute façon. Non, rien de tout ça. C’était juste un mouvement amorcé depuis longtemps, qui avait finit par arriver à sa fin.

D’abord il l’avait vue. Personne ne la voyait jamais, habituellement. Surtout pas quand elle lisait dans son coin de parc. On n’a pas idée de déranger une jeune fille qui lit, surtout si elle a l’air peu avenante. Mais il s’était approché. Elle l’observait, comme elle observait perpétuellement la ronde des choses. Les nuages se reflétaient dans ses yeux. Elle le lui dit, plus tard. D’abord elle ne dit rien. Elle écoutait, beaucoup. Elle souriait, parfois.
Il revint, le lendemain. Elle ferma son livre.
Elle n’en avait parlé à personne. De son amour. De sa vie. C’était quelque chose qu’elle voulait garder hors de portée du monde étriqué qu’elle connaissait. Le sien était bien plus vaste, et il semblait en connaître l’essentiel. Il lui montrait tout, le lui racontait.

Iris s’arrêta dans un fast-food, surtout pour aller voir si elle pouvait masquer un peu les marques de la crise de larmes. Yeux gonflés, mais ça passerait ; elle refit sa queue de cheval, resta un moment à observer l’eau couler entre ses mains.
De nouveau à l’air libre, avec ces deux vies à gérer. Elle pouvait aller dans son parc ? Non, il risquait d’y avoir trop de monde, par ce temps. Des gens qu’elle connaissait, au moins de vue. Alors où ? Et plus tard, où ? Une embardée l’avait projeté dans le décor. La route solide tracée vers l’horizon était perdue.
La jeune fille marcha, d’un pas allant. La direction importait peu.
A vrai dire, ça n’ira pas, tu sais...
« - Je sais, je sais. Mais je ne peux rien faire d’autre. » Et elle ne voulait pas réfléchir. L’après-midi passa, devant les vitrines, avec les gens. Quelques regards, vite détournés, vite effacés. Ils allaient tous quelque part, bien sûr. Elle grignota un sandwich, en se demandant où elle allait dormir. Elle n’avait pas assez d’argent pour aller à l’hôtel. N’avait de toute façon pas envie d’aller à l’hôtel.
Finalement la nuit aussi, se passa à marcher. Elle croisa quelques individus étonnants, d’autres inquiétants. Heureusement aucun ne s’avisait de la suivre quand elle pressait le pas en secouant la tête.

Le ciel qui s’éclaircissait petit à petit, la lumière qui coulait du ciel sur les toits, elle l’avait déjà admiré à quelques reprises auparavant. Assise sur un parapet de pierre, elle ferma les yeux au moment où les rayons la recouvrirent.
Bon, pense, maintenant.

Il était partit parce qu’il avait d’autres nuages à voir. Parce que ceux qu’elle contemplait n’étaient jamais tellement différents les uns des autres. Depuis longtemps il était devenu distant, froid. Tellement...
Elle s’était questionnée beaucoup, à propos de ce qu’elle devait faire, ce qu’elle devait changer d’elle-même pour que ça aille mieux, pour que ce soit comme avant. Tout en sachant que c’était impossible. C’est lui qui n’avait pas changé. L’amour avait donné à Iris un nouveau regard sur tout. Du courage, de la force et l’envie d’avancer. Avancer avec lui.
Mais il n’avait rien vécu de tel. Elle le pensa d’abord ; cette sensation bénéfique qu’elle ressentait était forcément reçue par tous ceux qui aimaient. Des choses qu’il avait dites l’avait aussi convaincu que la fabuleuse expérience était bien partagée, mais elle finit par comprendre...
Il n’avait réellement pas changé. Et il se désintéressait d’elle. Incapable d’apprécier les choses longtemps, d’apprécier l’instant présent. Les dernières fois qu’elle l’avait vu, elle le craignait. Pour ce froid, pour le vide de ses regards, de ses paroles. Elle ne parlait de nouveau plus, puisque rien ne l’intéressait plus.

Il ne l’a pas su. Il ne le saura pas.
Pourtant elle le soupçonnait déjà, pendant qu’ils marchaient côte à côte. Mais comment aurait-elle pu, à ce visage fermé, aux possibles réactions insupportables d’indifférence ? Comme elle taisait désormais tout, elle avait tût ce qui se passait en elle. Leurs rencontres s’espaçaient. Le jour où elle ne trouva plus personne chez lui, elle fut aussi soulagée qu’effarée. Voilà, il avait quitté la scène sans un mot, comme si elle ne s’en rendrait pas compte, comme si elle était forte.
Pleurs, encore. Pleure, encore. Mais tu le sais, maintenant.

Une hypothèse qui ne serait jamais une certitude, celle à laquelle elle se tiendrait. L’idée n’est pas de savoir ce qu’on fabrique sur Terre, mais de s’en accommoder le mieux possible, puisqu’on y est. Et tu sais ce que tu as à faire, maintenant.
Iris inclina la tête. Regarda l’endroit de son corps où un être minuscule était apparu. Où... Un rêve froid avait déposé ce petit être.

Assise sur un muret de pierre, au soleil, en cette naissance de journée, une jeune fille chantonna une berceuse à mi-voix. Une berceuse que l’enfant qu’elle portait ne pourrait jamais entendre. Iris rentra chez elle.
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