Triste fin

Tout s'annonçait bien.

Pesant de tout mon poids sur la pédale de droite, je gravissais la pente qui menait au vieux quartier.
C'est cette boutique là, où je pourrai probablement trouver ce que je veux. Ou du moins quelque chose d'approchant. Je suis passée bien des fois devant sans m'arrêter, juste à cause du marchant qui reste planté devant sa vitrine, assis sur une chaise. Le regard des gens qui n'ont que de la surveillance à faire est assez stressant.

Mais prenant sur moi, je m'approche, parvient même à saluer puis pénétrer dans le petit magasin. Il faut que je me répête quelques fois que c'est uniquement pour un cadeau, que je suis là. Tentations, je déplace lentement quelques sweet-shirts que je rêve de ramener chez moi... Regard du vendeur, toujours à l'affut devant ses pins, badges.

Il faudra quand même que j'y revienne, celui-là est trop beau, tout comme le noir brodé argent, de l'autre côté, qui me fait signe. Je n'ai pas trouvé exactement le t-shirt que je cherchais pour mon frère, celui de Nightwish avec The dance of the Moon, mais j'en choisi un qui le contentera tout de même, j'espère.
Retour à la maison. Des larmes aux yeux à cause du froid, que je ne sens même pas couler, à cause du froid. Aucune châleur, malgré le ciel dégagé. Le nez enfoncé dans mon écharpe, j'affronte l'air glacé qui se dresse devant moi, reculant toujours sans céder.

J'ai à présent tous les cadeaux auxquels j'ai pu penser... Il me faudra grassement rétribuer la poste, ensuite, mais je ne râlerai pas. Ca vaut le coup.
Flash. C'est dingue. Je ne suis plus la même. J'ai encore tout à faire, mais j'ai déjà fait l'essentiel. Vanité. Je me le permets.

J'aimerai pouvoir y aller, bientôt. J'aimerai pouvoir aller à pleins d'endroits différents, aller les voir. Frustrant, mais c'est nouveau. De sentir que c'est la vie qui me freine, plutôt que de me freiner. Je n'aime pas être frustrée, mais cette sensation est positive quand même, du coup.

Ca va être bien quand même, quelle que soit la façon dont les fêtes se passeront. Noêl, c'est beau. Je n'aime pas le réveillon, mais il n'y en a que pour quelques jours.

Quelques heures plus tard, changement de moyen de transport. J'aime conduire. C'est comme un grand jeu. Quand je passe près de la Part-Dieu à vélo, j'ai l'oeil à chaque personne qui en sors ou qui y arrive, et je cherche à deviner où chacune d'elle va se diriger pour calculer à la pression de frein près où je dois passer. C'est drôle.
Je connais mieux mon vélo que la voiture. Mais les piétons sont plus compliqués à surveiller que les autres voitures. En voiture, on est dans un carcan, c'est nettement moins imprévisible. Pour ça que je préfère encore le vélo. Mais c'est quand même drôle aussi, les timings changent, en voiture.

Je conduis surtout le soir. J'aime les soirs. On m'a encore demandé si je ne préfererai pas commencer plus tôt le matin et finir plus tôt le soir. Mais non... Le soir, c'est bien. Les matins tous les gens sont déjà levés, autre carcan. Se lever avant le soleil, c'est une chose que je supporte difficilement.
Il est beaucoup plus logique d'ouvrir les yeux et d'être déjà capable de supporter la lumière, plutôt que de les agresser à coups de lampes et de lampadaires, quand l'esprit crie que ce n'est pas naturel, de partir quand la nuit n'a pas fini de danser.
Le soir, le vrai soir, celui qui cache les gens chez eux ou dans les établissements divertissants, la nuit danse déjà aussi. Mais c'est une invitation, alors. Puisque le calme est là, et qu'on peut savourer ses mouvements silencieux.
Je conduis, donc. De façon dynamique, pour parler comme l'examinateur du permis. Mais à l'époque je n'osais pas et ne savais pas de quoi il parlait. C'est pourtant mieux.
Musique, il faudra que je me fasse ces cassettes... La radio ça passe pas mal, mais j'aimerai bien écouter mes chansons, quand même. Depuis le temps que j'y pense...

Je sais ce que j'ai à faire demain, et j'ai assez hâte de le faire. Je sais ce que j'ai fait aujourd'hui, et il n'y a rien que je n'ai envie d'oublier.

J'ai quelques questions, quelques mélancolies qui traînent. Mais de façon générale, ça va plutôt bien. Disons même que ça va bien, s'il fallait le mesurer subjectivement.

Noêl approche.
Le gars dans cette petite rue, en plein milieu de la route, aussi.
J'ai des projets, pas énormes, mais j'y tiens.
Il ne prends pas toute la place, mais un peu de très gênante place.
Je sais qu'il faudra du temps pour les réaliser.
Je ralentis, il faudrait qu'il se pousse, ce n'est pas comme s'il n'y avait pas un trottoir de chaque côté...
J'aime bien me sentir bien comme ce soir.
Le regard de ce gars est étrange. Trop présent. Se poussera-t-il ?
Etrange, pourquoi me regarde-t-il comme ça ?
"Allez, pousse-toi"
Tiens ? Tiens ?

Choc, bruit. Noir.



^^; Bazar. J'ai tout mélangé.
N'empêche que l'autre fois, je roulais, et y a un gars qui squattais le milieu d'une ptite rue.
Il s'est poussé tranquillement, mais avant il m'a regardé vraiment fixement, un ptit moment.
Je me suis juste dit, à ce moment là : ç'aurait été facheux, qu'il ne se pousse pas et qu'il soit malchanceusement dingue, qu'il me tire dessus. "triste fin", ai-je conclu.

... Ouais, j'ai des idées joyeuses. Voilà pour l'origine du délire ^^ Mais le reste est de l'impro totale (ça se voit d'ailleurs)