De toi à moi

"Pourquoi rien n'est simple dans la vie ?"
"Parce que ça ne serait pas drôle !"
"Mais, la vie n'est pas drôle, pourtant."
"Elle n'est pas pour autant tragique."
"Si ! On vit pour mourir, c'est tragique."
"Non. C'est drôle. Si on ne vivait pas pour mourir, ça, ça ne serait pas drôle."
"On n'aurait pas peur de mourir !"
"Donc on n'aurait aucune raison de vivre."
"Mais si ! Et ça serait mieux !"
"Ca ne le serait pas non."
"Mais si !"
"Mais non. Comment pourrais-tu dire qu'il fait chaud, s'il n'a jamais fais froid ?"
"Je ne le dirais pas"
"En effet."

"J'aimerais vivre plus simplement..."
"Alors meurs, ce sera le plus simple"
"Mais je ne veux pas mourir !"
"Pourquoi ?"
"Parce que.. je veux vivre"
"Pourquoi ? Si c'est trop dur pour toi, à quoi bon ?"
"Mais je ne veux pas mourir !"
"Alors ne te plains pas, et vis."
"Mais j'aimerais vivre plus simplement, c'est tout."
"Pourquoi ?"
"Parce que c'est trop dur, de toujours réfléchir, de toujours se remettre en question.."
"Mais non, idiot, tu t'ennuierais si tu n'avais pas à te remettre en question."
"Non ! Je serais mieux."
"Tu ne le serais pas."
"Qu'en sais-tu ?"
"Je le sais, c'est tout."
"Tu ne voudrais pas vivre plus simplement ?"
"Non."
"Tu ne voudrais pas avoir une vie meilleure ?"
"Si."
"Alors pourquoi ne voudrais-tu pas vivre plus simplement ?"
"Le plus simple n'est pas forcément le meilleur."
"C'est toi qui le dit."
"En effet, qui d'autre le dirait ?"
"Personne."
"Peut-être.."

"Je ne veux pas m'embêter de détails inutiles."
"Ta vie est un détail inutile."
"Arrête !"
"Si tu ne veux pas t'ennuyer de détails inutiles, tue-toi."
"Arrête !"
"Tu as peur de mourir ?"
"Bien sûr !"
"Pourquoi ?"
"Parce que, j'ai peur de la mort."
"Pourquoi ?"
"Parce que.. C’est effrayant."
"C'est effrayant, parce que la vie est la seule chose que tu as.. Et tu sais ce que c'est que ta vie ?"
"Qu'est-ce que c'est ?"
"Un amas de détails inutile. Et tu ne veux pas t'en soucier, donc tu veux mourir."
"Non !"
"Si. Regarde la réalité en face. Qu'est-ce que tu fais sur cette terre ? Qu'est-ce que l'humanité ? Et toi ?"
"..."
"Tu n'es pas grand chose.. Fais au moins l'effort de représenter quelque chose pour toi-même. Sinon pour les autres."
"Je n'en veux pas, des autres !"
"Et pourtant..."
"Et pourtant quoi ? Je n'aime pas les autres."
"Pourquoi ?"
"Parce qu'ils m'énervent !"
"Pourquoi ?"
"Parce qu'ils ne pensent pas comme moi."
"S'ils pensaient comme toi, ce ne serait pas très drôle."
"Je ne veux pas qu'ils pensent comme moi, je veux juste qu'ils me laissent."
"Pourtant, ça t'énerve qu'ils te laissent à l'écart, ça t'énerve d'avoir l'impression d'être différent, d'être à part."
"Non ! C'est mieux ainsi."
"Ca ne saurait l'être.. Ça t'énerve de les voir heureux, entre eux, sans toi."
"Ca ne m'énerve pas ! C'est eux qui m'énervent. Je me moque de leur bonheur."
"Tu te moques de leur bonheur, car tu sais que ce n'est pas le tien. Tu aimerais un bonheur différent qui s'adapte à une personne différente."
"Pourquoi le voudrais-je ?"
"Parce que tu te crois différent de tout le monde."
"Je le suis ?"
"Oui et non. Selon ton point de vue, sans doute pas, mais selon un point de vue global, sûrement."
"Je n'aime pas les autres."
"Parce qu'ils représentent ce que tu n'es pas. Ce n'est pas une raison pour être si méchant avec eux et t'isoler encore plus."
"Non, c'est parce qu'ils sont stupides, je suis mieux seul."
"Tu crois être mieux seul. Ta représentation de la solitude est tellement idéalisée que dénier avoir un regard aimable sur les autres t'est devenu impossible."
"C'est faux, il y a des autres qui sont bien et que j'aime, et il y en a que je n'aime pas."
"Comme tout le monde !"
"Je ne suis pas comme tout le monde !"
"Non, en effet."
"Je veux être seul !"
"Alors je pars."
"Non !"
"Tu veux être seul, tu n'aimes pas les autres, donc je pars."
"Non ! Ne pars pas !"
"Pourquoi ?"
"Parce que je ne veux pas que tu partes."
"Tu préfères être seul."
"Oui. Mais être seul à deux, c'est mieux."
"Être seul à deux, ce n'est plus être seul.."
"Ne me laisse pas..."

"Je n'ai pas à te laisser. Mais je n'ai pas à rester. Je ne suis pas celui qui t'aidera."
"Qui m'aidera ?"
"Elle t'aidera."
"Je ne sais pas.."
"Si, tu le sais."
"J'ai peur ?"
"Tu as peur."
"Pourquoi ?"
"Parce que. C'est différent, tu ne connais pas cela, ça t'effraye."
"C'est normal ?"
"Tout à fait."
"Qu'est-ce que je dois faire ?"
"A ton avis ?"
"Avancer ?"
"Fais attention à ne pas t'encoubler"
"Je risque de tomber ?"
"Tu sais marcher non ? Tu sais mettre un pied devant l'autre ?"
"Oui mais.. Je n'ai jamais marché dans cette direction."
"Et alors ? C'est comme marcher dans une autre direction, tu peux tout autant t'encoubler dans cette direction que dans une autre."
"Mais si je tombe ?"
"Tu te relèves, et tu continues."
"Mais je la perdrai ?"
"En tombant ? Ne sois pas stupide, c'est pas une bête chute qui te fera perdre quoique ce soit."
"Je pourrai me faire mal ?"
"Bien sûr. Ca ne serait pas drôle sinon."
"Vraiment..?"
"Vraiment !"
"Alors je vais avancer ?"
"Tout droit."
"Vite ?"
"Vite !"
"Je peux même courir ?"
"Bien sûr !"
"Et j'y arriverai..?"
"A n'en pas douter, tu y arriveras, et ce sera encore mille fois mieux que tout ce que tu croyais."
"Vraiment ?"
"Vraiment."
"Ne pars pas..."
"Je ne partirai pas."

"Pourquoi je reste ?"
Parce qu'elle a besoin de toi.
"Je crois. Pourtant, plus rien ne change. Y aurait-il vraiment une différence si je n'étais plus là ? "
Tu veux essayer ?
"Non. Elle a besoin de moi. Mais je me suis rarement sentie si inutile. Quoique non, c'est plutôt que pour certaines choses je n'ai plus envie de l'être."
Ce n'est pas à toi de la sortir de là.
"Je sais, mais c'est pas non plus grace aux autres qu'elle y arrivera, seulement elle veut trop s'occuper des soucis de tout le monde, alors qu'elle aurait déjà bien assez à faire avec les siens. Mais ça, elle le sait aussi. Elle sait tout ce que je pense, et ça ne fait rien de plus. "
Elle est comme ça. Et tu es là.
"Je suis là. C'est tout ce que je peux faire."
C'est mieux que rien, c'est bien mieux que rien.
"Même quand je ne parle pas ? Même si quand on parle il n'y a jamais rien qui s'éloigne assez des problèmes ? Rien qui ne s'ouvre sur autre chose, toujours à revenir devant les mêmes mûrs ?"
Il y a des portes, des fenêtres. Mais ce n'est pas ton rôle de les ouvrir. Ce serait décider pour elle, agir pour elle.
"Et il ne faut pas. Je continue à lui parler de l'extérieur, alors. Même si mes mots riccochent si durement, parfois."
Ne t'enferme pas à ton tour.
"Il n'y a pas de risque. Je suis bien dehors, ça ne fait plus peur depuis qu'il est là."
Elle finira par le voir, que c'est bien. Il faut du temps.
"Oui, et je serai là."

"Tu vois, ce n'est pas que pour toi que c'est dur."
"Oui, mais je ne vis pas la vie des autres, je n'ai pas la même vision de leur problème que des miens."
"C'est normal, les sentiments sont personnels. Pourtant tu peux comprendre, ça, n'est-ce pas ?"
"Oui, je le comprends. Mais je ne le ressens sans doute pas la même chose."
"Tu ne sais pas."
"Et le bonheur ?"
"Le bonheur ?"
"C'est personnel aussi, mais ça se partage non ?"
"Oui, mais il est rare de le trouver seul."
"J'ai peur de trouver le bonheur ?"
"Peut-être. Ou de le perdre ?"
"Je ne sais pas. Je m'en prive volontairement ?"
"Normal si tu as peur de le trouver."
"Ce n'est pas logique."
"Qu'est-ce la logique ?"
"Être heureux."
"Alors sois logique, au moins une fois."
"Je ne sais pas.."
"C'est bien là le problème ; tu ne sais pas, car tu ne connais pas, et finalement tu ne sais pas quoi faire."
"Et je réagis faux ?"
"Tu réagis comme tu penses devoir réagir."
"Faux ?"
"Non."
"J'aimerais agir juste."
"Il n'y a pas de juste ou de faux."
"Qu'est-ce que je dois faire ?"
"Je ne peux pas te répondre."
"Je ne comprends rien."
"Tu comprendras, mais par toi-même, comme les autres. Chacun doit faire cet effort."

"Mais lorsque j'essaye de comprendre, j'ai l'impression d'être dans le faux, j'ai l'impression que je devrais faire autrement. J'ai l'impression de ne pas être celui que je devrais.."
"Qui es-tu ?"
"Je suis.. moi ?"
"Et qui est ce moi ?"
"Je ne sais pas."
"On peut se connaître à travers les yeux des autres."
"Et se connaître à travers ses yeux ?"
"Aussi."
"Mais l'image n'est pas la même."
"L'image n'est jamais deux fois la même."
"Alors qui suis-je ? Qui devrais-je être ? Celui que je veux être, ou celui que je suis ?"
"Les deux. Mais puisque tu es finalement différent à chaque regard, ne cherche pas la difficulté, reste celui que tu es, plutôt que celui que tu crois devoir être."

"Et toi, sais-tu qui je suis ?"
"Pas plus que toi."
"Et sais-tu qui tu es ?"
"Je suis toi."
"Tu m'embrouilles."
"Je sais."

"Je suis fatigué de me poser ces questions."
"Il faut se les poser."
"Je pensais le contraire. Mais comment y répondre ?"
"Qui parle de répondre ?"
"Une question doit avoir une réponse."
"Non. Elle doit avoir un développement. Tu as réfléchis à la question, c'est ce qui importe."
"Mais je n'ai pas de réponse ?"
"Ce n'est pas ce qui te fera le plus avancer."
"Mais je veux une réponse, je n'aime pas lorsque c'est incomplet."
"Il faudra t'y faire."
"Ou alors je peux chercher plus longtemps la réponse ?"
"Ce sera vain."
"Ca me désespère…"
"C'est bien stupide."
"Pourquoi ?"
"Tu te poses des questions utiles, mais tu y accordes trop d'importance et tu oublies le reste."
"Comment ça ?"
"Tu ne trouves pas le bonheur, car tu cherches trop loin, tu ne profites pas de ce que tu as puisque tu réfléchis à ce que tu devrais et voudrais avoir."
"Mais alors.. ces questions sont-elles pour autant inutiles ?"
"Rien n'est inutile. Seulement il faut savoir accorder l'importance nécessaire à chaque chose."
"Vivre au lieu de penser ?"
"Ne soit pas si radical."
"Je devrais arrêter de rêver, être plus terre à terre ?"
"Non. Mais éviter de te poser tant de fois les mêmes questions, et d'avoir un regard si fataliste de la réalité."
"J'ai un regard fataliste ?"
"Tu ne crois en rien. Tu rêves de choses extraordinaires, mais tu ne fais pas le parallèle avec la réalité, si bien que lorsque aujourd'hui il t'arrive quelque chose qui te paraît extraordinaire, tu n'y crois pas, et le projette comme un rêve."
"Accepter la réalité.. ou être plus réaliste ?"
"C'est à toi de voir l'approche que tu préfères."
"Je ferai l'effort. Ca suffira ?"
"Tu verras bien."
"Je ne veux pas arrêter de rêver pour autant."
"Alors n'arrête pas."

" Avant, j'étais bien quand même."
. Ca te suffisait ?
" Oui, je crois. Oui, ça allait bien. Mais c'est mieux maintenant."
. Juste pour ça ?
" Oui. Mais ce n'est pas "juste", c'est grâce à ça. Avant c'était dans l'ombre. Maintenant les seules ombres qu'il reste, je sais que c'est à moi de les faire disparaître, et que je vais y arriver."
. Mhh... T'as vraiment changé de ton
" C'est mal ? J'ai encore peur. Mais qu'est ce que ça changera, de me le répéter ? Et puis, il y a bien mieux, après. Bien mieux que ce que j'avais imaginé."
. Peut-être.
" C'est sûr. Rien n'est inutile. Toi tu ne change pas, par contre..."
. C'est mal ? J'ai pas l'intention de changer. Mais ça ne me dérange pas que toi tu le fasse.
" Je t'entends moins."
. Oui, et tu écoute encore moins. Alors je parle moins, seulement quand tu es de nouveau attentive.
" Quand je te laisse parler. Mais j'ai plus envie. On disait les même choses, avant, et puis ça se faisait, de rabâcher les sales pensées... Plus maintenant. T'es seule à vouloir encore jouer à ça."
. Pour l'instant. Ca te semble si sûr, rien ne pourra marcher aussi bien.
" C'est à moi de le décider. Je ne veux pas que ça marche "aussi bien", je sais que ça marchera."
. Mhh, en même temps, faut bien que tu t'accroche à quelque chose, hein ? Histoire de trouver ce qui te lèvera le matin, ça ou autre chose...
" J'avais pas besoin de lui pour ça. Ni des chevaux. J'aurai continué à me lever, parce que je suis comme ça. Mais tout serait resté dans l'ombre."

. Tu crois que tu as trouvé ton rôle ?
" Je ne sais pas si on a un rôle. Mais je suis à ma place."
. Il n'y en a qu'une ? Pour chaque personne ?
" Non. J'aurais pu ne jamais trouver tout ça. J'aurai peut-être trouvé autre chose… Bien que ça me semble juste parfait, comme ça. Ca l'est."
. Tu rêve encore trop. C'est parfait si tu n'y réfléchit pas. Le reste du temps, tu sais que j'ai raison.
" Non. Tu es juste là pour équilibrer. Avant tu mettais trop de poids, et je te laissais nous descendre. Maintenant j'ai changé de plateau, alors je monte."
. Pourquoi tu as changé ?
" Ca te mine ? Tu te retrouve seul, sans mes résignations passives. Je me bats."
. Et tu pense arriver à quelque chose ?
" Bien sûr. Quelque chose de bien plus important que ce qui me semblait déjà inaccessible."
. Et soudain ça deviendrai possible. Tu n'as pas conscience de ce que tu espère.
" Oh si. Je ne serais pas si impatiente, sinon. J'ai aussi conscience que j'ose espérer, maintenant. C'est tout ce qu'il fallait. L'espoir… se mérite ? Oui, il faut lui donner, pour qu'il continue d'exister. Il faut lui faire confiance, même quand il semble disparaître, puisque ce n'est que par notre faute, qu'il disparaîtrait vraiment."
. Tu crois… Je sais ce que tu pense.
"J'y pense. Ces pauvres vies, celles qui semblent gâchées dès le début. Celles qui font douter de tout. Mais même pour eux, même avec tout le pire qui peut se produire, la vie est seulement plus vivable, avec l'espoir."

. Qu'avais-tu comme espoir, avant ?
" On nous en offre tant, au début. C'est facile d'espérer, c'était facile. Je pouvais tout imaginer, comme si tout l'horizon s'offrait. Ensuite… On voit qu'on ne peut pas aller vers les belles choses qu'on aimerait atteindre, comme on le pensait. Et le monde reste si vaste, mais nous on se sent trop immobile. Il faut se traîner, pour atteindre des reflets. Ca décourage, mais j'ai toujours trouvé des espoirs à quoi tout donner. Sans y réfléchir tant. Je savais, peut-être, que c'était juste essentiel. Les livres, l'écriture, mes chats."
. Vivre d'espoir… De ces petits espoirs.
" On lui donne l'importance que l'on veut. Tout comme on décide ou non de les laisser disparaître ou pas. "

. Tu as beau dire, on peut se battre de toutes ses forces sans rien atteindre
" Si, on arrive toujours à quelque chose. A condition de savoir accepter."
. Accepter de se trahir ?
" Bien sûr que non, puisque tous les choix qu'on fait nous composent. Accepter de tout donner."
. Au risque de se briser
" Evidemment. Mais on ne se brise pas tant qu'on espère."
. Si on sait en quoi espérer.
" Chacun le sait. On hésite à s'en convaincre, c'est tout. Tu verra que j'ai raison de croire."

Stop.
Ca recommence.
Que tout stoppe, que tout s'arrête, pitié.
J'ai pas assez de caractère, pas le bon, je ne veux pas changer tout ça. C'est trop haut, trop difficile, pour que j'ai envie d'essayer.
Laissez moi sur le bord, j'y suis pas si mal, je regarde passer les gens, je regarde passer la vie.
Non, je ne peux pas, emmenez moi !
Pourquoi je suis comme ça ? Pourquoi je me braque en quelques heures, en quelques problèmes ?
Arrête d'être lâche comme ça !! Tu as plus le temps, plus le droit.
C'est comme ton rêve, tu sais bien que tu ne peux pas. Et lui il serait bien, pas ça.
C'est tout ce que je pouvais ? Je croyais changer, je veux plus être comme avant. Il me manquera, là, si tout s'arrête vraiment. Il me manque assez pour que ça m'aide ?
Bien sûr ! Il manquerait trop. Alors je dois me sortir de là, plus vite que d'habitude. Ga !!

Le temps me paraît jamais essentiel. Je n'aime pas quand il le devient, les échéances, les limites… J'aimerai faire tout ce que je fais mais sans cette notion. Seulement je ferai peut-être rien ? A chaque fois que ça apparaît, la date, la fin, tout m'enserre. Je ne vois jamais comment je pourrai m'y préparer, même si je le fais, juste que ce sera jamais bon, qu'il me manque des choses, que le temps se dresse contre moi, m'empêche d'avancer debout, me traîne en m'empêchant de réagir vers le moment où j'aurai perdu.

Mais tout ça, ça doit changer. Lève la tête, écorche toi les mains et relève toi, je peux. Oui, et je vais appeler, maintenant. Ils vont me le dire ? Que c'est impossible, trop tard ? Au moins ça viendra pas de moi, et je devrais trouver un autre chemin.

Il est sinueux, déjà. Plus long qu'il ne devrait. Il semble droit, tant que je n'avais pas de choix. Ou que je ne voulais pas les voir. Faire les choix… De plus en plus. Voilà ce que j'aurai plus, si ça s'arrêtait. Que ça paraît paisible, alors. Oui mais si vide, l'infini, l'éternité je sais que je la souhaiterai encore, mais je pourrai me donner raison, à ce moment là.
Aujourd'hui non.
Ne continuez pas sans moi
Ne traîne pas, marche, regarde devant toi, regarde les, ceux qui te mettent à terre. Regarde, ouvre les yeux, ils seront moins grands et moins obscurs, sous le soleil. Ils ne te sont pas réservés, c'est toi qui les prends comme des attaques personnelles, dans ta faiblesse.
Le plus beau reste à venir, mais il faut te relever pour aller le chercher.
Le mieux, je pouvais le laisser. Ca ne me dérangeais pas, j'avais le bien. Ce vieil été, je crois que toutes ces journées répétées à l'infini, ça aurait pu aller. Mais aux championnats, le mieux que j'ai réussis à avoir, j'ai admis qu'il m'avait fallu continuer, pour l'avoir. Que ça servait à quelque chose, de continuer.

Mais ce n'est pas pareil. Et non, vraiment, je ne veux pas tomber ici. C'est même pas suffisant pour que je sois bien.
Plus suffisant.
Je les envieraient, les gens qui passent, je les haïraient d'arriver à marcher, à courir.
Je tenterais d'en attraper de ma vie, et je ne pourrai pas, et elle se finira sans moi.
Pleure pas, regarde, tu as ce que tu n'avais pas, une main tendue, une main qui t'attends. Prends la, de toute façon tu aurais du t'en sortir, vois la chance que tu as, plus besoin de le faire seule.
*attrape la main, s'y accroche*

"Tout remettre en question à chaque fois, c'est épuisant."
"Trop épuisant."
"Juste épuisant. C'était plus simple."
"Pourquoi ?"
"J'ai essayé de savoir. Parce qu'il n'y avait rien à perdre ? Ou moins, pour ne pas paraître si radicale. Ou encore que c'était moins fragile."
"Ca l'est, donc"
"Oui, je crois. Un dessin sur le sable, à la merci des vagues."
"On ne vient pas à bout des vagues."
"Non. Mais on peut redessiner, quand on veut. Et protéger comme on peut"
"Oui mais si de toute façon on est jamais sûr ? A quoi ça sert ?"
"Si c'était sûr, à quoi ça servirait ? C'est beau parce que c'est fragile."
"Mais..."
"Mais c'est épuisant."

"Ce n'est pas tout, qu'on remet en question."
"Et pas chaque fois les mêmes choses. C'est comme le ciel de la vie. Jamais bleu assez longtemps pour qu'on oublie vraiment les nuages. On les redoute bien trop par avance, on les imaginent."
"Pas seulement"
"C'est le pire... On peut les créer si facilement. C'est beaucoup plus subjectif et malléable que le reste."
"Tellement d'incertitudes."
"Mais les certitudes, même minoritaires, même restant fragiles, elles valent tant."
"Si on leur donne de l'importance. Tout est relatif."
"C'est vrai, mais je le crois maintenant. Je n'ai pas tord, de leur en donner."

"Des doutes, tout le temps."
"Mieux vaut des doutes, que des certitudes inutiles."

"Allez, sale voix, viens..."
-...
"Pourquoi je ne t'entends même plus murmurer ?"
-...
"Je crois que tu m'éviterai de voir ces images. Les yeux ouverts ou fermés, elles me hantent, elles me tuent"
- ...
"Allez ! Viens me dire que tu avais raison, que je ne suis qu'une crétine naïve, trop rêveuse..."
- ...
"Egoïste. Surtout égoïste. Je veux qu'il soit bien, mais je ne veux pas qu'il soit bien avec celles..."
- ...
"Peu importe, je n'ai pas le droit de le gêner. Je ne veux pas... Ca fait mal, mais c'est mieux, pour lui."
- ...
"Laissez-moi dormir, bon sang !! Emmenez moi dans les pires cauchemars mais virez ces images de ma tête !!! Je sais, tout ça, pas la peine de vous incruster, qu'est-ce que vous voulez que je fasse !"
- ...
"De toute façon qu'est-ce que je peux faire..."
- ...

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(qqu'un)- Tu croyais que c'était facile, l'amour ?
- C'est facile, l'amour. C'est le reste qui est compliqué.

C'est facile, l'amour. Il suffit que je me taise, surtout en ce moment, la sale voix fait vraiment la morte, et que j'écoute ce que l'autre voix en dit. Il n'y a rien de plus simple.
Et je ne crois pas qu'avec tous les bons conseils qu'on voudra me donner j'y arriverai. C'est pas quelque chose que je peux faire.

(qqu'un) - C'est gaspiller sa vie

Peut-être... gaspiller, mais qu'est-ce-que je pourrai en faire d'autre ? J'ai encore mes chevaux, j'ai encore mes riens, et il prends encore tout, je ne veux pas faire de place, je supporte pas d'imaginer.
De toute façon, je sais que je ne m'en voudrait pas. Je ne m'en veut pas de me laisser avoir mal, puisqu'il faut.
On a toujours le choix, et moi je fais celui-là, parce que la voix le demande. Je l'écoute toujours quand c'est possible. C'est pour elle, tout les détours, c'est pour elle le temps passé. Je ne m'en veut pas pour ça, alors même si "ce sera trop dur pour celui qui verra l'autre trouver le premier", tant pis.
Ce sera trop dur, mais on survit à tout. Moi j'attends, je veux pas "qqu'un", je veux pas d'autre.
(normalement ici je me ferai pas trop engeuler par Sojuleïl, elle vient pas sur ce forum)

J'ai demandé à Ti'Doux s'il voulait pas être mon petit ami cet aprèm. Mais il a pas compris ce que je lui ai dit. Puis il serait pas mieux, et il a autre chose à faire. (genre essayer de défoncer les lices du paddock) Les chevaux déçoivent jamais, mais ils ne jugent pas, dans un sens ou dans l'autre. Je vais m'efforcer de ne pas décevoir les chevaux, c'est dans ce sens que ça marche.

Pardon, j'ai fait un clash dans l'organisation stylistique du sujet.