De ces visages

Elle m'a choqué. C'est juste d'elle que je voulais parler, d'abord. Mais comme elle est néfaste, il ne faut pas s'en contenter, ajouter les autres, ceux qui sont mieux à regarder.

Je ne regarde pas souvent les gens dans les yeux. Ca va mieux, depuis quelques années. Il y a un temps bien long où je marchais et me déplaçais la tête au sol, plongée dans le seul univers auquel je permettais d'exister. Le reste n'était pas assez bon, trop dangereux. Plein d'ondes néfastes qui se manifestaient de pleins de façons, entre autre par les choses que je décidais de ne pas voir.

C'est un grand changement. Comme tout les changements qui comptent, je ne m'en rapellais absolument plus. C'est seulement un jour où j'étais pas en great forme et que je me suis retrouvée à marcher comme ça que j'ai réellement repensé à ça. Ca m'a fait un sacré flash. Je m'en suis même arrêtée dans la rue, juste pour y penser. Je me revoyais...
En parlant avec Mam'Danette, elle m'a dit que ct sa façon de marcher, aussi, mon ancienne.

Maintenant je regarde, j'écoute. Il reste mon univers, celui où je peux avoir confiance, mais je laisse passer quelques miettes de celui-là. Les scènes qui me plaisent, y en a souvent, au moins une chaque fois que je marche. Souvent c'est avec des enfants. Entre eux, ou avec leur parents, ou bien seuls. Ou alors des bestioles, genre dès que je vois un rapace dans le coin ça suffit. Non, c'est pas si souvent.

L'autre fois, j'étais dans le bus à regarder par la fenêtre, et au feu y a une voiture qui stoppe à côté de nous. Y avait une femme, dedans, seule. J'ai bloqué. Elle était à priori une super femme active, toute classe (d'ailleurs la voiture je sais plus ce que ct mais elle était plutôt very classious)...

La hargne. C'est le mot qui qualifie le mieux je crois. Je viens de regarder dans le dico, et oui, c'est pas mal. Je le voyais même moins négatif que ça, ce mot. "la hargne!" pour la gnake, mais en fait c vraiment mauvais esprit.
En tout cas... Elle était parfaitement maquillée, coifée, on aurait pu la mettre dans une vitrine de haute couture direct, si elle était pas effrayante.
On aurait dit un masque, figé, dans une expression de colère sourde, qui menace de se fendre à tout moment pour dévoiler quelque chose d'ignoble.

Et ses yeux... c'est d'eux que venaient la menace. Sans eux, on pouvait avoir un espoir. Que si on ne lui cherchait pas d'ennuis, elle ferait simplement les sales besognes qui doivent l'occuper. Mais non, ses yeux étaient trop remplis, il fallait qu'ils attaquent.
Comme si chaque chose qu'elle regardait lui semblait insupportable, comme si elle jugeait tout, et condamnait chaque fois.

J'en connais, des regards désabusés. J'en écrirai un dans peu de temps. Mais ce n'est pas seulement ça. Elle en voulait, à tout. Au monde en général, de ne pas être comme il faudrait. Et elle décidait de se venger, parce que c'était un affront personnel.
Je ne sais pas sur qui elle comptait le faire, mais j'étais effrayée pour eux. Et aussi effrayée qu'il y ai des gens avec ce visage de haine dans le même coin que moi.



Il y en a que j'apprécient, tout de suite. Pas à me donner envie de connaître les gens, peut-être imaginer un peu ce qu'ils peuvent vivre. Mais juste parce que je trouve leur regard intéressant. Plutôt leurs yeux. Je ne me rapelle pas bien, des visages, vaguement, alors que les expressions de leurs regards si.

C'est souvent dans le bus, que je regarde. Parce que ça occupe, et puis on a le temps, les gens ne bougent pas. (Sauf dans les voitures à côté mais tant mieux)

Il y avait celui qui attendait... Un début d'adulte, je crois, genre la 30taine, un peu moins peut-être. (oui c'est que le début). C'est tout ce que je me rapelle. Il avait un visage fin, je crois, la barbe qu'il ne laissait pas pousser mais qu'il n'avait pas rasé. Ca lui allait bien.
Il ne regardait pas de ce côté du monde, il était à l'intérieur. Je me demande sur quel chemin il marchait, dans son univers. Il devait être paisible, peut-être près de l'eau, sans destination précise. Juste le calme. Mais il gardait une attention pour ce qui se passait là, les yeux qui reflétaient seulement, n'interprêtaient pas, mais étaient prêts à le faire.

J'ai pensé qu'il devait être curieux. Pas à chercher toujours de nouvelles choses, mais que les riens et les inutiles que j'affectionne ne lui étaient pas indifférents.
Ah oui, prenant tout avec patience, sans véritable inquiétude ni motivation, mais plutôt comme un ensemble de choses qui se doivent de composer un jour de plus.
Seulement, pas blasé. Sachant qu'il peut encore être surpris d'un rien, acceptant de l'être.

Et l'attente, donc... de la chose qui le surprendrait, ou bien finallement de la suite, à défaut de mieux. Mais considérant la suite comme appréciable, malgré tout, assez pour garder ce regard.



Il y avait ce grand, cet usé. Qui devait avoir le même âge que celui qui attends, mais paraissait avoir vu trop.
Des yeux gris-bleus, tristes.
Pas tellement en fait. Plutôt fatigués.
Avec les ombres, qui y passaient. Celles dont il avait l'habitude, et qu'il ne cherchait plus à empêcher de tourner. Je pense qu'il devait en entendre certaines plus que d'autres, selon les moments. Mais sans vouloir la faire spécialement taire. Attendant juste qu'elle finisse de hurler, et retourne avec le brouillard continu.

Ca faisait très doux. Comme si tout pouvait l'atteindre, fragile; Mais sans rendre son esprit plus pesant. Et aussi, il savait que ça ne pourrait pas aller vraiment bien. Mais il ferait avec, une sorte de résignation Sage, avec de l'espoir pour que ce soit moins pire, quand même.
J'èspère que ça l'a été, que ça le sera.

Il y a eu ces deux gens, dans le bus.
D'abord lui tout seul.

Il ne doit pas être bien bien vieux, je ne sais pas situer... 50 ans ? je dirai moins, mais justement, il est carrément courbé, et il fait des gestes très lents, son corps ne suit pas alors qu'il parait pas tant que ça. peut-être des soucis, plus tôt dans sa vie.

En tout cas, il n'avait pas l'air gêné mais juste à devoir prendre son temps pour tout. Trop de temps.
Parce que ses yeux étaient complètement l'opposé de tout ça.

Ils étaient vifs, et complètement concentrés sur tout, même s'il n'y avait pas grand chose sur quoi se concentrer...
Les yeux qui pouvaient faire pleins de choses, qui n'avaient pas besoin de ce corps pesant et limité pour agir.

Et puis la dernière fois il y avait sa femme, avec le msieur. Du moins je pense, et en tout cas, elle était aussi plutôt âgée, et donc du mal, mais exactement le même regard.

De l'eau dans les yeux, de l'eau avec une force énorme qui pouvait se libérer sur tout et le faisait.

Géniaux, ces regards.

Un autre qui l'était pas, génial, et qui m'a plutôt laissé une mauvaise impression. Mais bon, c'est mon côté parano, évidément.

On étaient en train de se balader près de l'eau. Bientôt sur les rives chouettes garnies de gros rochers à s'assoeir et de gros caillous à jeter à l'eau en essayant de faire le moins plus d'éclaboussures possibles. (Y compris sur les djeuns qui passent et qui malgré l'attaque tout à fait infondée, ou plutôt à cause de, ne tiltent même pas)

Pour l'instant, c'était le coin au cygnes, les doux et gentils cygnes. Le port, pour situer mieux. Au milieu de l'eau, un peu après un ponton en fer déjà un peu glissant, une espece d'esplanade de qques mètres qui faisait une île, dans le même genre que le ponton. Maillons de fer sous les pieds.

Je crois bien que j'ai entendu un petit défi, comme j'en entendais à cette période. Pour la plupart, j'avais au moins envie d'essayer de les relever, celui-là plus que les autres puisqu'il était simple.
Du coup j'ai vite enlevé mes shoes, j'ai entendu "mais qu'est-ce qu'elle fait ?" ou qque chose comme ça, parce que les miss qui nous accompagnaient avaient pas tout suivit.

Forcément, celui qui avait lancé le défi l'a relevé avant moi, mais il était ni en jupe, ni pieds nus. ^^ Donc on est resté un peu sur le ponton au milieu de l'eau (plutôt sale dans ce coin mais bon, l'idée c'était pas d'y tomber) avant de redescendre. D'ailleurs la descente, c'est à dire le saut pour réintégrer le premier ponton, a fait bien mal aux pieds ^^; Mais bon.

C'est un peu avant, ou à ce moment là, je sais pas. En tout cas, je suis quasiment certaine qu'en fait il était peut-être tout à fait perplexe, mais pas ... condescendant comme je l'ai pris.
Il aura donc fallu que je l'écrive, pour m'en rendre compte. C'est bien de moi, ça. Me faire des blocages à propos d'un truc qui a même pas eu lieu. Enfin bref.
Pour finir avec ce que j'en ai pensé, les 2 miss qui étaient restées au sec, en jeunes femmes raisonnables, adultes et tout ça, avaient juste attendu qu'on en ai finit avec notre détour semi-aquatique. Mais j'ai eu l'impression qu'elle se demandaient encore, "mais qu'est-ce qu'elle fait ?" et puis "mais qu'est-ce qui lui a pris?" ensuite. Comme j'avais pas envie de leur expliquer le peu qu'il y avait à expliquer je l'ai pas fait, mais du coup, j'ai pris leur expression comme ... non, pas méprisante, condescendante ça me plait assez, je sais pas la définition mais je crois que ça va.
Alors qu'elle devait juste être vraiment perplexe, et septique, aussi...

Enfin même comme ça, c'est pas comme si j'avais l'habitude de me préocuper du regard des autres, enfin, tout dépends qui. Bref. De toute façon, c'était rien.
"tu vois, ct rien" *à la Lu qui s'est pris un peu (hmm...) la tête avec ça*