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Luciole
Ange des chemins à l'abricot
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MessageSujet: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyLun 25 Sep - 12:40

Confession du bourreau
~ Iouz Alechkovski ~


Bon, impossible de trouver une image ou même quelques infos sur ce livre... C'est facheux, vu que je n'ai pas d'extrait à vous proposer non plus. Je l'ai rendu sans avoir eu le temps.

Du coup, je vais être obligée de me creuser la tête pour vous faire un super résumé/avis par moi-même ? Balèze...

Du général vers le particulier :

L'ambiance qui se dégage du livre est malsaine. C'est un vrai bourreau, "la pogne" (je crois... Ou quelque chose comme ça). En russie, au temps de la terreur.
Nous tombons dans un face à face entre lui et une de ses victimes, un homme dont on apprends que ce qu'il en dit. Comme si l'autre version de l'histoire nous était interdite.
Entre torture morale et physique, le bourreau dévoile son histoire, comment il a vu exécuter ses parents sous ses yeux quand il était mome, comment il a failli mourir gelé dans la même journée, comme il a acquis assez de pouvoir pour retrouver ceux qui étaient responsables de ce drame et les torturer un par un, les faire exécuter.

On sent surtout l'aveugle haine qui suinte de ce duel totalement inégal.

Pour ce qui est de la lecture, j'ai été bien accrochée par le début du roman, par contre je l'ai trouvé au fil des pages de plus en plus lourd. Jusqu'à en être déçue.
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Luciole
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyLun 25 Sep - 23:00

Chatte allaitant un ourson
~ Henri Anger~

Dos de couverture :
Précédé d'une chatte blanche, nommée Prudence, qu'on dirait échappée de chez Lewis Carrol, un collégien fugueux erre dans les bois, en pleine nuit. Après des années de solitude, l'adolescent n'a plus supporté, soudain, le pensionnat de province où il se morfondait. Fils unique et naturel d'une ballerine fantasque, pour qui la maternité s'est vite réduite à des retrouvailles épisodiques, des vacances éclair avec "son ourson", entre deux tournées lointaines, il a toujours souffert de ces perpétuelles éclipes. Même la correspondance qu'il entretient avec sa mère vagabonde et adorée n'a pas suffi à combler distance ni malentendus.
Avec une tragédie manuscrite, les Métamorphoses d'Ovide et le précieux paquet des lettres maternelles dans sa besace, le voici en chemin : l'aventure - et Prudence - l'attendent au coin d'une maison apparemment inhabitée...

Presque ingénu - mais comment ne pas l'être quand on écrit son premier romain à soixante et onze ans - Henri Anger a retrouvé la justesse du ton du Grand Meaulnes pour conter une histoire qui fait tout de suite rêver. La poésie, l'insolite, le charme de l'enfance, le sens du mystère y sont intégrés au réel avec la force d'évocation que seuls possèdent les livres nés de la tendresse ou du souvenir, et tout lecteur entend battre aussitôt son coeur d'enfant, miraculeusement ressuscité.


J'ai adoré ce livre !! Rien que par les premières phrases j'ai été séduite, aurait-il eu de sévères défauts que je l'aurai quand même apprécié, pour ce début qui faisait résonner tant de choses.
Coup de chance (et de talent), de défauts je n'ai pas trouvé.

Tout en tracant l'histoire de ce garçon perdu, nous voyons une myriade d'esprits dansent follement autour de lui, croisant d'autres personnages plus banals mais non moins attachants.

Une fois n'est pas coutume, c'est le début du livre que je vous donne en extrait :

Un dimanche d'octobre au lycée de N..., la chatte du concierge, une chatte blanche nommée Prudence qui ne s'aventurait guère dans les bâtiments réservés à l'enseignement, fut trompée par le silence et, croyant vide une salle d'étude dont la porte était entrouverte, y pénétra, espérant sans doute y trouver une souris. Elle sauta sur une table sans éveiller l'attention d'un adolescent qui pleurait, la tête dans les bras. Il était consigné. On n'avait pas jugé nécessaire de le surveiller. Pensionnaire depuis fort longtemps, il avait pris des habitudes de prisonnier. D'ailleurs il l'était.
Lorsqu'il leva la tête, la chatte le dévisagea, le trouva laid mais d'une laideur intéressante et miaula plaintivement comme elle en avait l'habitude lorsqu'on venait lui enlever ses petits pour les noyer. Elle eut même l'intention de se frotter au bras du garçon, ce qui aurait signifié : "Ne pleurez pas, je suis là." Se ravisant, elle s'éloigna d'un bon mètre ayant appris, chatte d'expérience, qu'on ne doit jamais se fier ni à un chien ni au regard innocent ni à un enfant qui pleure. Hors d'atteinte elle l'examina avec attention en l'écoutant pleurer et renifler. Il leva la tête une seconde fois montrant un visage "inondé de larmes" comme il était dit dans les aventures de Télémaque, livre qu'il avait lu plusieurs fois à défaut d'autres.
"Va-t-en !", dit-il à la chatte. Elle ne l'entendit pas, toute entière absorbée par une réflexion profonde. Elle avait envie de communiquer à cet enfant perdu un peu de chaleur, mais il semblait être aveugle et sourd. Pourquoi ce garçon n'entendait-il pas le silence et n'acceptait-il pas l'aide qui lui était offerte sans arrière-pensée ? Elle se sentait capable de l'alléger de la moitié au moins de son chagrin s'il daignait lui caresser le dos ou lui gratter le dessous du menton. Il persista à refuser tout assistance. "Si tu ne t'en vas pas, dit-il, c'est moi qui partirai." Il le fit.


A lire.


Dernière édition par Luciole le Jeu 1 Juil - 2:03, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyLun 25 Sep - 23:30

J'aime donc je suis
~ Sibilla Aleramo ~


Née en 1876, Rina Faccio prit le pseudonyme de Sibilla Alermano pour la publication de son premier livre. Sa vie extraordinairement mouvementée lui permit de rencontrer d'innombrables personnalités du monde littéraire et artistique. Célébrée par Zweig, Larbaud, Gorki, Rodin, elle écrivit des essais, des poèmes, des récits autobiographiques, des pièces de théâtre. Elle eut, par ailleurs, une activité sociale importante. Elle adhéra au Parti communiste italien en 1946 et mourut en 1960.
Elle avait cinquante ans lorsqu'elle écrivit J'aime donc je suis. Exceptionnellement belle, elle tombe amoureuse d'un très jeune homme extravagant, à moitié gigolo, à moitié illuminé, s'exhibant nu dans les salons mondains et collaborant à des revus ésotériques. Il s'éloigne d'elle, s'isole dans une retraite monacale. Elle lui écrit tous les jours en été, de Rome et d'ailleurs. Ces "fragments d'un discours amoureux" prennent pour titre ce qui pourrait être son principe d'existence.
Transfiguration est également une lettre ouverte : cette fois-ci adressée non à l'amant mais à la femme de l'amant. Ce texte très bref, d'une stupéfiante virulence, a été inspiré à Sibilla Aleramo par son amour pour l'écrivain Giovanni Papini. Le lyrisme et la lucidité qui frappent dans chacun de ses livres sont ici éclatants.


Ce bouquin me laisse un sentiment mitigé. Mais positif quand même. J'ai bien aimé le style, lyrique comme c'est écrit là-haut.
C'était assez original (par rapport à mes autres lectures) pour m'interpeller.

Le thème est rabaché tout au long des lettres, sans que ce soit pesant, du moins pas pour moi. =)

J'ai apprécié l'originalité même de la relation qu'elle avait avec le jeune homme étrange ^^
En fait elle écrit chaque jour une lettre pour lui, mais sans la lui envoyer. La scelle et les garde pour toutes les lui offrir quand il reviendra. C'est lui qui lui a demandé.
La première partie du livre est faite de chacune de ces lettres.

Pour la seconde, je l'ai moins aimé, parce que je la trouve effroyablement violente. Lucide je n'en sais rien, j'ai plutôt l'impression que Sibilla essaie d'imposer sa vision des choses grace à sa facilité avec les mots. En assassinant la femme trompée de ses phrases, malgré ce qu'elle en dit. Je suis restée mal à l'aise à cause de ça, à penser qu'elle l'avait peut-être réellement fait lire à cette pauvre femme. Cette longue lettre avait un côté très prétentieux.

Cela dit, ce livre restait intéressant à lire ^^
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16 juillet

La chose la plus ironique, c'est qu'à travers ma personne tout prend un aspect plaisant, hé oui, esthétique !
"Vos dépressions", m'écrit mon cher Roberto Bracco, "sont, excusez moi, ornementales." La longue, infinie histoire de mon indigence, l'atroce monotonie de mon besoin d'argent (oh, si peu!), l'écoeurement d'écrire des lettres où je demande de l'argent à des gens qui en ont, l'écoeurement de recevoir des réponses sans originalité, presque toujours négatives, la série incroyable d'éxpériences que j'ai faites sur l'égoïsme des riches, égoïsme blindé, étayé, armé, jamais à nu, tout ce rapport humiliant, dégradant dirais-je, qui est au fond celle de tant de poètes et de quelques génies, l'histoire même d'un Balzac et d'un Dostoïevski, eh bien, que devient-elle si j'en parle ? Que tu sois seul à m'écouter ou qu'il y ait cinquante mille lecteurs, je ne suscite aucune compassion, absolument aucune, mais plutôt un sentiment de gai ravissement, pourquoi donc ? "Parce que", me réponds-tu, "il y a en Sibilla au moment même où elle se dit victime, un signe de victoire, une lumière, un rire rayonnant, une expression de grâce... Parce que les revers sordides et obstinés qui sur les autres paraissent être les indices d'un malheur congénital, de malchance irrémédiable, constituent sur Sibilla des titres d'honneur, des privilèges, comme l'épreuve du fer et du feu pour les anciens chevaliers, ô ma belle guerrière!"
Oui. Eleonora Duse aussi disait d'elle-même qu'elle avait de la "chance". On l'a laissé partir, mourir au loin, dans les difficultés et les tourments...
Destin glorieux.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMar 26 Sep - 0:28

Indian Blues
~ Sherman Alexie ~


Dos de couverture : (ben mince... fausse manip. Il était tout écrit, puis pfiout, disbarition)

Sherman Alexie, à trente ans, est considéré comme l'un des meilleurs écrivains de sa génération. Enfant terrible des lettres américaines il construit une oeuvre à nulle autre semblable, résolument moderne, dont Indian Blues est la parfaite illustration.
La légende dit qu'en 1931, le célèbre musicien noir Robert Johnson vendit son âme au Diable en échange d'une guitare enchantée et d'un talent extraordinaire pour le blues. Présumé mort depuis plus d'un demi-siècle, il réapparaît aujourd'hui sur une réserve indienne de l'Etat de Washington, à la recherche d'une vieille femme auprès de qui se sont succédé Marvin Gaye, Jimi Hendrix et Janis Joplin. Celle-ci ne représente-t-ellep as pour lui le dernier espoir d'être libéré du pacte diabolique ?
Toujours est-il qu'il finit par "oublier" sa guitare à bord du pick-up d'un jeune indien qui l'a pris en stop. L'instrument magique pourrait encore faire des prodiges... C'est ainsi que naissent les "Coyote Springs", un groupe de rock cent pour cent indien dont l'ascension, des réserves à Manhattan, sera fulgurante.
Faut-il voir dans cette équipée tragi-comique, l'oeuvre du "Gentleman" ou Sherman Alexie lui aurait-il vendu son âme ?


Il est marrant, ce livre ^_^ Je l'ai trouvé bien bien cool. Comme une virée entre potes. D'ailleurs c'est de cela qu'il s'agit, hormi qu'ils ne sont potes que par accident, que la virée est chaotique et tourne court.

Seulement, malgré la singularité féroce que chacun d'eux dégage, vous les connaissez déjà, ces braves gens. Si si. Vous les avez déjà croisés plusieurs fois, dans différents corps.

C'est une histoire proche, qui pourtant va loin dans les délires. Sans qu'on s'offusque le moins du monde d'être pris pour des gens crédules.
Il y a aussi un écho, perceptible de la condition des Indiens actuels, qui personnellement m'intéresse aussi.

Je l'ai pris à la bibli parce que cette histoire de marché avec le Gentleman m'intéresse. Je voudrai d'ailleurs bien en retrouver un récit d'origine. Puis qu'il y avait Indian dans le titre, et moi j'aime les Indiens. Puis que le résumé avait l'air de partir un peu dans tous les sens, et ça aussi, j'aime bien.
Il faut lire aussi 9782226087003jn8

Si vous voulez passer un bon moment, c'est une des solutions que vous avez ^_^ Lisez donc ce chouette bouquin.

La chanson terminée, le jeune homme se leva et s'éloigna de la table sur laquelle son père était étalé comme une assiette en carton. Il sortit, tandis que les filles restaient à l'intérieur. Elles comprenaient. Dehors, Thomas se mit à pleurer. Non parce qu'il avait besoin d'être seul, non parce qu'il redoutait de pleurer devant des femmes, mais simplement parce qu'il désirait que ses larmes soient personnelles et non tribales. Le flot des larmes tribales se rejoignait pour fermenter dans les énormes tonneaux du Bureau des affaires indiennes, puis le BIA les transvasait dans les boîtes de bière et de Pepsi qu'on disctribuait ensuite sur la réserve.
Thomas voulait verser des larmes fraîches et égoïstes.
"Salut !" dit-il au ciel nocturne.
Il cherchait le premier mot d'une prière ou d'une plaisanterie. Sur la réserve, les prières et les plaisanteries se ressemblaient souvent.
" Au secours !" dit-il à la terre.
Il connaissait les paroles d'un million de chansons : indiennes, européennes, africaines, mexicaines, asiatiques. Il chantait "Stairway to heaven" en quatre langues, mais ne savait jamais où se trouvait l'excalier en question. Il chantait sans arrêt les mêmes chansons indiennes, mais jamais correctement. Il désirait que sa guitare sonne comme une cascade, comme la lance frappant le saumon, mais sa guitare ne sonnait que comme une guitare. Il désirait que les chansons et les histoires sauvent tout le monde.
"Père", dit-il aux grillons qui étaient déjà assez occupés par leurs propres chansons.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMar 26 Sep - 1:18

Le Parc de la Tête d'Or
~ Pierre Angénieux ~


[Purée... Je viens d'utiliser la page du message pour faire une recherche google, alors que j'avais fini la critique... Tout effacé. C'est le soir, décidément]

J'ai pris ce bouquin à cause du titre, bien sûr, de la couv' avec la photo d'un des portails du Parc.
Il faut lire aussi 200132z110zne8


Ce livre, c'est comme un ancien professeur de latin et de français dont je me suis souvenue à la lecture, justement. Tranquille, plein de savoir, mais n'en laissant filtrer qu'un aperçu, avec bonhommie et gentillesse, mais sans réelle motivation. ^^

Une autre idée m'est venue : Il est aussi comme un enfant sage (le livre, donc) qui parle de choses qui ne nous intéressent pas vraiment, mais on l'écoute quand même parce qu'il est si sage.

L'histoire est simple, voir simplette, malgré que la structure du récit parvienne quelques fois à la rendre confuse (ce n'est pas un compliment)

Bref, le livre n'a franchement rien d'exceptionnel, il est même plutôt pas terrible, mais on se dit que juste par politesse, on peut bien prendre quelque heures (ou minutes, selon) pour le lire, il est si gentil.

Toute sa vie, Alice fut poursuivie par le souvenir de son premier amour. Elle avait dix-sept ans.
Lors d'une promenade au parc de la Tête d'Or, à Lyon, elle avait promis à Xavier, un étudiant rencontré dans un train, qu'elle ne le quitterait jamais.
Bien des année après leur rupture, elle décide de retrouver celui qui demeure son unique amour...

Pierre Angénieux, dont les zooms ont fait le tour du monde, est le réalisateur de l'objectif ultra-lumineux qui fut choisi par la Nasa en 1964 pour photographier des espaces lunaires avec le satellite RangerVII. En France, il reçut en 1973 le Grand Prix des Ingénieurs civils. A Hollywood, un Oscar lui fut décerné par l'Academy of Motion Pictures Arts and Sciences. Agé de 90 ans, il vit aujourd'hui à Cologny, près de Genève. Le Parc de la Tête d'Or est son premier roman.


Extrait : (Du coup je change, celui que j'avais relevé était ennuyeux, même à taper ^^)

Le parc de la Tête d'Or était une oasis de verdure en plein coeur de l'agglomération urbaine. Ses allées ombragées rendaient propices la promenade et les tête-à-tête amoureux. A peine arrivés, nous nous dirigeâmes vers l'embarcadère, sous la conduite de Gustave. Alphonse et Suzy se retrouvèrent aussitôt dans le même canot.
Gustave voulut aider Alice à prendre place dans l'embarcation où je devais la rejoindre. Mais, à son regard, je compris qu'elle me suppliait de rester sur terre pour qu'enfin nous puissions nous retrouver seuls. Je lui fis comprendre que ce qu'elle me demandait correspondait à mon désir le plus cher et, aux anges, elle s'adressa à Gustave :
- Merci Gustave pour votre obligeance, mais ce parc me fait une telle impression que je préfère le visiter à pied.
Gustave nous adressa un sourire complice et, tout en s'embarquant avec Berthe, s'exclama :
- Xavier, je suis persuadé que tu ne regretteras pas la visite du parc de la Tête d'Or. Il en vaut vraiment la peine, crois-moi !
- Je te crois sur parole.
- Amusez-vous bien !

L'allusion était évidente. Si Alice la releva, elle s'abstint néanmoins de tout commentaire afin, je suppose, de ne pas me contrarier. Pour la première fois, nous étions enfin seuls, loin de nos amis, et la beauté du site qui nous entourait amplifiait notre exaltation. Pas un nuage n'assombrissait le ciel, les marroniers étaient en pleine floraison, le feuillage des saules retombait en nappes compactes, comme attirés par l'onde légère du lac. Alice me fit remarquer la note vive qu'apportaient dans un tel décor les couleurs pourpres et mauve des rhododendrons et des azalées. En ce jour férié, le nombre des promeneurs ne facilitait pas l'intimité que nous recherchions l'un et l'autre, et rendait presque impossible tout rapprochement physique avec Alice, si innocent fût-il.


Dernière édition par le Mer 22 Nov - 22:53, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMar 26 Sep - 1:56

Et je t'emmène
~ Niccolò Ammaniti ~


Très très chouette livre ^___^ Disons que c'est le deuxième préféré de cette fournée, après "Chatte allaitant un ourson".

Dos de couverture :
Une foule de personnages danse la sarabande : surveillants et petites amies, bergers et flics, dirlos et putes, pères et mères. Qu'ils soient abrutis, pervers ou psychopathes, tous habitent cette comédie tourbillonante, qui nous mène du burlesque au drame.

Chef de file de la "littérature cannibale" en Italie, Ammaniti réinvente le genre initiatique à la manière d'un Tarantino qui aurait fait ses classes chez Buster Keaton et Stephen King. La gravité est inséparable du ricanement, l'abomination de la tendresse. On éclate de rire alors qu'on frémit encore d'horreur. On est happé par la maîtrise du récit, et c'est à son lecteur qu'Ammaniti semble dire : lis... et je t'emmène.


Ca me rapelle un peu le style de John Irving, style que j'apprécie grandement. Toujours à la limite de sombrer dans l'absurde, mais sans rien perdre de la cruelle réalité.
Des sourires, des grimaces pour chaque vie que l'on voit passer à tout allure devant nous. Des regrets, aussi, quand la mort frappe, la mort ou pire encore.

Une foule de destins qui nous deviennent tous aussi importants les uns que les autres (d'ailleurs où passe Graziano à la fin ??!!!), puisqu'on suit la bicyclette de Pietro, coursés par les deux crétins trop dangereux, puisqu'on croise les doigts pour cette pauvre Flora...
Quel frustration, de se voir si brutalement et injustement privés de 6 mois puis de 6 ans à voir ce qui leur arrive !!

Oui, vraiment une ambiance similaire à Irving. Moi, j'adore.

Il faut lire aussi 224659941508ss500sclzzzzzzzv1059561676iu1

Passage d'une poursuite à vélo, justement. (Génial passage, trouvé-je)

J'en peux plus.
Pietro les vit arriver, du coin de l'oeil. Ils étaient à dix mètres.
Maintenant, je m'arrête, je me retourne et je repars.
C'était une idée idiote. Mais il n'en avait pas de meilleure.
Des lambeaux de son coeur continuaient à se contracter dans son thorax. L'incendie de ses poumons avait gagné sa gorge et lui déchirait le pharynx.
J'en peux plus, j'en peux plus.
"Trouduc, range-toi sur le côté !" hurlait Pierini.
Les voilà.
A gauche. A trois mètres.
Et si je coupais à travers champs ?
Autre erreur.
Sur les bas-côtés de la route, il y avait deux fossés très profonds et même s'il avait eu la bicyclette de E.T., il n'aurait pas réussi à les franchir. Il s'y serait écrabouillé.
Pietro vit Fausto Coppi qui pédalait à côté de lui et hochait la tête, déçu.
Qu'est-ce qu'il y a ?
(Ca ne va pas du tout. Les choses fonctionnent ainsi : tu es plus rapide que ce Ciao déglingué. Ils ne peuvent te rattraper que si tu ralentis. Mais si tu accélères, si tu prends dix mètres et que tu ne ralentisses plus, ils ne pourront jamais te rattraper.)
"Trouduc, faut que je te parle, c'est tout. je te veux pas de mal, je le jure devant Dieu. Faut juste que je t'explique un truc."
(Mais si tu accélères, si tu prends dix mètres et que tu ne ralentisses plus, ils ne pourront jamais te rattraper.)
Il vit la tronche de Fiamma. Horrible. Il pinçait la bouche en un rictus qui se voulait être un sourire.
Eh ben moi, je freine.
(Si tu freine, t'es foutu.)

Fiamma avait allongé une patte longue d'un kilomètre qui se terminait par une pataugas de militaire.
Ils veulent me faire tomber de vélo.
Coppi continuait à secouer la tête, affligé. (Tu raisonnes en perdant, si moi j'avais raisonné comme toi, je ne serais jamais devenu le plus grand, et j'en serais probablement mort. Quand j'avais ton âge, j'étais garçon boucher et dans mon village, tout le monde se foutait de ma gueule et disait que j'étais bossu et que je faisais rire sur ce vélo où j'arrivais même pas à toucher les pieds par terre, mais un jour, c'était la guerre et j'apportais des steaks aux partisans affamés qui étaient planqués dans un ferme à la campagne...)
Pietro fut violemment poussé à gauche par un coup de pied de Fiamma. Il se jeta de tout son poids vers la droite et réussit à se remettre d'applomb. Il recommença à pédaler comme un désespéré.
(... et deux nazis dans un side-car qui était beaucoup plus rapide qu'un Ciao se sont lancés à ma poursuite et je me suis mis à pédaler jusqu'à en éclater et les Boches derrière qui allaient me cueillir, mais alors je me suis mis à pédaler de plus en plus vite et les Boches étaient loin derrière et Fausto Coppi et Fausto Coppi et Fausto Coppi...)

Pierini n'en croyait pas ses yeux. "Mais il se tire... Regarde, il se tire... Regarde, vas te faire foutre, toi et ton Ciao de merde !"
Le Trouduc n'avait fait plus qu'un avec son vélo, et comme si un fantôme lui avait enfoncé une fusée dans le cul, il s'était mis à accélérer.

________________
________________

Puis la dernière phrase, quand même.

P.S. Prépare-toi, parce que, quand je viens à Bologne, je passe te prendre et je t'emmène.

On dirait pas comme ça, mais elle est Graaa !! cette phrase. ^^
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 22 Nov - 21:14

Il faut lire aussi 201235425401aa240sclzzzvp5


Dernier réveillon et autres nouvelles cannibales
~ Niccolo Ammaniti ~


Je n'ai plus le bouquin, rendu.

Ammaniti, pour ceux qui ne suivraient pas (non non, je ne te regarde pas, Nouch') a aussi écrit "Et je t'emmène" que j'ai présenté y a peu. Ah, ben d'ailleurs c'est le message précédent =p

So, en faisant des recherches de flemmarde sur le net, j'ai trouvé des avis plutôt opposés :

Plutôt positif
Non, ne vous inquiétez pas - l’auteur ne cherche pas à effrayer les lecteurs par les particularités de son régime alimentaire. En fait, les « Cannibales » sont un groupement de jeunes écrivains iconoclastes et transgressifs, qui troublent depuis peu « l’eau dormante » des écritures classiques en Italie. Dans l'anthologie Gioventu cannibale (1996), une sorte de manifeste de cette jeune génération littéraire, les nouvelles de Niccolò Ammaniti occupent une place importante de plein droit. Aujourd’hui, nous vous proposons de faire connaissance avec un des "enfants-prodiges" de la littérature italienne, en présentant le recueil de ses textes "Dernier réveillon et autres nouvelles cannibales".

Le texte du Dernier réveillon est devenu un texte culte en Italie, il a été traduit en plusieurs langues et adapté au cinéma par Marco Risi. Développé en plus de 160 pages (presqu’un roman!), le sujet, ce qui est remarqué par plusieurs critiques, est comparable à la fameuse Pulp Fiction, où la simplicité émotionnelle côtoie l’extrême violence. Peu avant le début d’une nouvelle année, les faits divers de la vie des jeunes citadins de Rome s’assemblent en mosaïque fantasque, ou plutôt en puzzle, pour, le dernier morceau en place, former l’image de la mort


Et franchement septique :
Quand une nouvelle compte 160 pages, comme celle qui ouvre et donne le titre de ce recueil, on pourrait la considérer comme un roman. Mais, roman ou nouvelle, ce qui constitue ces genres, c'est notamment la littérature. C'est-à-dire un travail sur la langue, un style, une construction, une originalité et la capacité à raconter une histoire. De cela, nulle trace dans le livre de ce jeune homme né en 1966 et présenté comme un des Cannibales en Italie. Les Cannibales, à l'aune de ce livre, ne sont qu'une version de ce qu'on appelle de ce côté-ci des Alpes la nouvelle génération : un produit de pur marketing.
Qu'on en juge : Dernier Réveillon raconte à travers de multiples personnages le dernier réveillon d'habitants d'une résidence assez luxueuse.
On suit divers protagonistes et l'on sait d'avance que ces pauvres personnages trouveront la mort à la fin du récit. Scénario très balisé, vu et revu, que l'auteur farcit en plus de monologues intérieurs d'une rare maladresse (pour éviter de parler de stupidité). Ainsi Filomena devant sa télévision se laisse-t-elle aller à penser (les monologues intérieurs sont en italique pour qu'on comprenne bien) : "Mon dernier emploi, dans les assurances vie, est désormais un lointain souvenir.". Vous vous imaginez, vous, penser en ces termes? On ne saurait trop conseiller à l'auteur de lire James Joyce. Ammaniti nous donne aussi quelques scènes légèrement violentes. C'est dire qu'il semble avoir lu Bret Easton Ellis (on trouve d'ailleurs un zombie dans la dernière nouvelle) dans une version expurgée pour Pif Gadget. Le pire, c'est qu'on a beau chercher, on ne trouve ici ni second degré, ni même d'ironie. On aimerait donc, pour libérer les librairies de trop de mauvais livres, que ce Dernier Réveillon soit aussi la dernière traduction de cet auteur. Hélas, un autre titre est déjà annoncé aux éditions du Félin. A croire que les éditeurs lisent plus la presse que les livres eux-mêmes.


Ca s'appelle se faire descendre. Mais bon, moi je l'ai trouvé plutôt marrant à lire, ce bouquin. Pas franchement édifiant, et moins prenant que "Et je t'emmene", parce que l'histoire n'est pas poussée du tout, et ça fait un peu 'trop' quand même. Mais marrant, quoi.


Dernière édition par le Mer 22 Nov - 21:32, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 22 Nov - 21:27

Capitaines des sables
~ Jorge Amado ~

Il faut lire aussi Captainspg4


Très très beau livre. A lire.

Il nous raconte la vie, un bout de vie d'enfants abandonnés organisés en groupe. Les capitaines des sables, c'est le nom de ce troupeau de gamins livrés à eux-mêmes, installés plus que précairement dans un vieil entrepot abandonné, près du port.
Les vols, les cambriolages, par miracle un boulot à faire tourner un manège enchanteur, et la maladie, les conflits, la solitude.
Patte-folle, traumatisé (on le serait à moins) par des flics qui l'ont tabassé pour passer le temps et en rire, quand il était encore plus jeune. Le chat, toujours élégant, ce brave prêtre qui ne peut rien mais essaie tout... Autant de vrais héros, loin des spidermans colorés.

Commentaire trouvé sur Amazon :
Quel livre magnifique que Capitaines des Sables ! comment ne pas se prendre d'affection pour ces gamins des rues qui luttent pour survivre ? un combat incessant contre la bonne société qui les rejette, contre les bandes rivales, . Et pourtant, on ressent au travers des sublimes portraits de J Amago leur besoin de tendresse, d'un autre univers, d'une maman qui les prennent dans leur bras. Mais c'est la vie au jour le jour qui prend le dessus et l'attachement au clan qui prime. Une vie difficile, sans répit avec quelques bouffées d'amour au fil des pages. Un livre que je conseille à tous, sans distinction d'age.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 22 Nov - 21:47

Le meilleur grimpeur du Monde
~ Amy ~

Il faut lire aussi Lemeilleurgrimpeurmondepi4

Un recueil de textes sur la montagne, donc... Que j'ai trouvés plutôt ennuyeux ^^;

Peut-être que la connaissance de l'univers de l'alpinisme aurait aidé, sûrement même. J'adore la roche, et l'escalade les rares fois où j'ai pu en faire, mais bon.

Ce n'était ni franchement passionnant par les histoires simples (un gars qui veut à tout prix trouver une maison dont personne ne veut parler, un autre qui se fait embarquer dans un trip semi-mystique...) ni vraiment original par l'écriture pour m'accrocher.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 22 Nov - 22:31

Un chat est venu pour Noël
~ Cleveland Amory ~


Il n'a pas l'air d'avoir marqué les esprits, je ne trouve pratiquement rien sur le net...

Ca tombe bien, c'en est un que j'ai encore sous la main.

Il faut dire qu'il n'a pas grand chose pour marquer les esprits... Même pas un titre potable. ^^;

Personnellement je l'ai pris parce que... Je n'avais pas beaucoup de temps pour choisir, puis que j'aime bien les chats, quand même, et aussi pour le post-bouquin que voici :

Il aura suffit d'un regard pour que Polar Bear, un chat perdu et blessé, entre, une nuit de noël, dans le coeur et dans la maison de Cleveland Amory. Mais le chat qui est venu pour Noël est clairement du indépendant, tandis que Cleveland Amory serait plutôt un "homme à chiens". Dès lors, un trépidant face-à-face s'engage. L'un, du haut de son mètre quatre-vingt-dix, l'autre à trente centimètres au-dessus du sol, s'affrontent à la moindre occasion, qu'il s'agisse de répondre à un appel, de partir en voyage, de prendre un bain, ou de se montrer poli avec des inconnus prestigieux.
Inutile de préciser qui sortira vainqueur de ces joutes cocasses et de ces subtiles passes d'armes : les amis de la gent féline savent bien que, neuf fois sur dix, un chat, ça ne cède pas. Alors, voivi l'histoire d'un homme qui croyait adopter un chat, et qui, finalement, fut adopté par lui.
Un récit vécu qui fera rire aux éclats. Un livre qui s'adresse à tous ceux et toutes celles qui ont déjà été pris aux pièges d'un chat et "possédés" par lui;

______________
Cleveland Amory est le "monsieur animaux" américain. Son livre, traduit dans le monde entier, a figuré en tête de la liste des best-sellers durant 6 mois. Il est le fondateur et le président de la Ligue des Animaux, dont les opérations de sauvetage l'ont rendu célèbre outre-Atlantique.


Voilà. Me suis dit que ça pouvait être marrant, puis j'aime bien lire des trucs écris par des gens qui ont fait des choses ou qui font des choses impressionantes (Relativement). Parce que généralement, ils sont intéressants, quand même.

Mais pour les deux fois que j'ai essayé, à savoir "Le Parc de la Tête d'Or" et là... J'ai été plutôt interloquée.

Bon, c'est marrant, bien que le "rire aux éclats" a été plutôt très compromis. En fait j'ai eu tout le long le sentiment que c'était juste de l'anthropomorphisme poussé à l'extrème, et j'avoue que c'est un truc que je n'aime pas, pour avoir à le subir assez souvent au club ^^; (anthropomorphisme : " tendance à attribuer les sentiments, les passions, les actes, et les traits de l'homme à ce qui n'est pas homme " )
Du coup, je restais plutôt blasée par les effets humoristiques du monsieur. J'espere que les sous qu'il a gagné avec la vente du bouquin l'ont aidé pour le reste, mais voilà...

Il faut lire aussi Chatvr8


Un extrait, Cleveland tente d'apprendre à son chat la laisse :

"Finalement je rafistolai collier et laisse, de sorte que Houdini lui-même n'aurait pu s'en dépêtrer. Encore une fois, j'étais là, debout, à attendre, et mon chat ne bougeait pas. En vérité, pendant tout notre entraînement intra-muros, il ne bougea que deux fois. L'une quand le téléphone sonna, car il aime qu'on en arrête la sonnerie assez vite. L'autre, quand mon partenaire d'échecs sonna à la porte. Alors, je décidais de suspendre notre séance d'entraînement.

Après le départ du joueur d'échevs, je considérai qu'un entraînement supplémentaire intra-muros nous ferait perdre notre temps. Pas question de continuer à tourner en rond à la maison. Le moment était venu de sortir.

Je le pris dans mes bras et le portai jusqu'à l'ascenseur. Il y avait déjà une femme qui descendait. Je posai mon chat par terre, ce qui intéressa énormément la dame :
- Oh ! dit-elle. Vous l'emmenez en promenade ? Je ne savais pas qu'on pouvait sortir les chats. Comment vous y êtes-vous pris ?
De l'entraînement, dis-je, et de l'obstination. Mais cela n'avait vraiment pas été facile ! Quand nous atteignîmes le rez-de-chaussée, je regardais l'impressionnant hall qu'il nous fallait traverser. Bien sûr, Polar Bear était resté dans l'ascenseur. Je le rejoignis pour discuter et, bien sûr, l'ascenseur remonta. Nous montâmes jusqu'au dernier étage, où un amu qui fait partie d'un groupe de rock entra dans l'ascenseur.
- Ca c'est quelque chose ! s'exclama-t-il. Emmener un chat en promenade ! Je ne savais pas que c'était possible.
Je lui répondis qu'il n'y avait là rien d'extraordinaire, une fois que l'on avait pris le coup de main. Lorsque nous sommes arrivés au rez-de-chaussée, je pris Polar Bear dans mes bras pour lui faire traverser le hall, la rue et aussi l'entrée de Central Park. Là, après avoir vérifié par deux fois laisse et collier, je le posai précautionneusement par terre.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 22 Nov - 23:57

Quand les racines
~ Lino Aldani ~


Il faut lire aussi Racinesod8


J'ai déjà dit que je prenait mes bouquins par ordre alphabétique, à la bibli. Or, je me suis dis qu'il fallait aussi que ne squatte pas seulement le rayon "romans"... Donc je pioche à présent dans les A de Science-fiction, aussi (et de voyages, depuis la dernière fois)

Comme j'y connais absolument rien, je ne trie pas trop... Je ferai ptêtre mieux, quand même.

"L'italie en 1998.
Une industrialisation galopante a rayé de la carte villes et villages pour leur substituer des mégapoles démesurées et inhumaines. Les gens s'y ennuient, voués à des plaisirs mécaniques, ils ont oublié le goût du pain, la parfum d'une fleur. Les suicides se multiplient.
Au milieur de cet enfer, un jeune homme, Arno, décide de retourner dans son village natal, oasis miraculeusement épargnée, mais pour peu de temps.
Il le trouve peuplé de vieillards et rêve d'y ammener la femme qu'il aime. Mais comment l'arracher à son apathie et aux plaisirs de pacotille qu'elle s'est inventés pour survivre ? On découvrira avec intérêt dans ce roman une science-fiction intimiste, très enracinée dans la terre italienne et, somme toute, fort proche de nous."


Un peu trop proche, même. A la fin du livre, je me suis demandée pourquoi ce brave écrivain s'était donné la peine de créer un monde fictif. C'est comme s'il avait changé d'idée... Le début part pas mal dans un monde spécifique, ça peut donner de bonnes bases, mais toute la suite et la fin ne s'en servent que fort peu, trop peu. On dirait un hymne à la nature, mais mal fagoté.

Bref, je n'ai pas été convaincue du tout par ce bouquin.

Une phrase trouvée dedans par contre :
"Les chevaux sont comme les hirondelles : Si on les serre trop ils étouffent, si on ne les serre pas assez ils s'échappent."
(ou un truc comme ça, je l'ai noté)
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMar 5 Déc - 1:11

Sur les traces de Stanley et Brazza
~ Robert Arnaut ~


Greatfull !!

Un des signes que j'aime bien un bouquin, c'est quant au cours de la lecture je me dis : "tiens, ce passage serait cool pour le FCD." "Ah, lui aussi" "Ah mais non, celui là !"
Et finir par me dire que quelle que soit la page que je prenne, ça ira. Ca ne me le fait pas si souvent. Pour ce livre là, pour "Une prière pour Owen", en particulier je m'en rapelle.

Alors par contre, c'est fastidieux, à lire. Il ne faut pas aller le chercher pour passer le temps tranquille. Le style est assez simple pour ne pas susciter les migraines, mais le sujet par essence est assez balèze.

En fait, je me suis dit que ce serait pas mal d'aller voir le rayon "littérature de voyage", à la bibli ^^ Je n'ai jamais trop lu ce genre de bouquins, mais il n'est jamais trop tard pour bien faire.

Dos de livre :

Deux hommes que tout opposait, sauf un courage exceptionnel, une inébranlable volonté, et le goût de l'exploration, se lancèrent à la fin du siècle dernier dans une aventure extraordinaire.
L'un à l'Est, l'autre à l'Ouest, ils partirent à la conquête du centre de l'Afrique ; ces territoires étaient alors totalement inconnus et marqués en blanc sur les cartes.
Jules Verne dans Cinq Semaines en ballon les décrivaient comme un désert.

Ces deux hommes s'appelaient Stanley et Brazza. Les gouvernements dont ils dépendaient belge et français, dissimulaient leurs intentions sous des déclarations humanitaires louables. Il s'agissait, an nom de la Civilisation, d'apporter la paux et le bien-être à des peuples qui ne connaissaient que les querelles tribales et l'esclavage.
La colonisation n'osait pas encore se montrer à visage découvert. La fantastique odyssée de Stanley et de Brazza, et les traces écrites qu'ils laissèrent, furent à l'origine du travail de Robert Arnaut, collecteur de la tradition orale en Afrique, de 1974 à 1985, c'est à dire un siècle plus tard.
Robert Arnaut a suivi les empreintes des deux explorateurs pour retrouver les vestiges de leurs découvertes, et compléter les renseignements qu'il n'avaient pu fournir. Ainsi la rigoureuse simultanéité des trois récits nous offre-t-elle une histoire passionnante, qui obéit en quelque sorte aux lois du "roman d'aventure", mais dont l'authenticité nous projette avec plus de force encore dans l'inoubliable réalité de l'Afrique Centrale.


Il faut lire aussi Arnautjc8


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Ca c'est de la présentation, hein ? Ca c'est des vies... Trop la classe. Même si pour ce qui est de Brazza et Stanley, on est bien forcés d'admettre que les méthodes n'ont pas toujours été tendres envers les autochtones, comme le laisse entendre Arnaut, je reste admirative.

Je suppose que l'attrait pour le continent africain reste un avantage pour donner envie de lire ce bouquin. Mais franchement, si vous avez envie d'évasion, it's a chouette chouette idée à explorer.

Extrait : Une histoire que raconte Robert à une jeune fille (le livre est bourré de contes, j'adore)

""
Je demande alors à cette petite fille si dégourdie si elle ne sait pas parler. Elle me répond dans un français sans accent :
- Si je sais bien parler. Mais une femme doit savoir tenir sa langue.
- Et si je te demandais de me raconter une histoire ?
Ma proposition l'embarrasse. Elle réfléchit, fait la moue et répond :
- Je préfère que toi, tu m'en racontes une.
- D'accord. Est-ce que tu connais l'histoire de la jeune fille qui faisait pleuvoir ?
Elle ouvre toute grande sa bouche dans un sourire éclatant. Cette idée l'amuse.
- Figure-toi qu'elle faisait pleuvoir quand elle riait, comme toi en ce moment. Chaque fois qu'elle riait, la pluie se mettait à tomber.
- C'est commode pendant la sécheresse.
- Oui, bien sûr. On faisait venir le griot ou le forgeron qui racontait des histoires drôles. Dès les premières paroles, la jeune fille riait aux éclats et on sentait les premières gouttes de pluie. En saison sèche, toutes les pluies étaient les bienvenues. Mais pendant la saison des pluires, trop d'eau inondait la plaine, gâtait les récoltes.
- Alors ?
- Alors il ne fallait pas faire rire la jeune fille.
- C'est difficile.
- Eh oui. Cette jeune fille était si gentille et si jolie, que tous les garçons désiraient l'épouser. Mais elle avait déjà choisi son futur mari. C'était un jeune homme, ni trop pauvre ni trop riche, mais bon. Le mariage devait être célébré sous peu. La dot était payée, la nouvelle case construite, enfin, tout le monde était d'accord. Un jour, les parents de la jeune fille deviaent aller travailler au champ. Son père lui dit : "Surtout ne ris pas aujourd'hui car nous n'avons pas envie d'attraper la pluie sur le dos." Mais les parents partis, la jeune fille s'en va jouer avec ses camarades. Elle saute, elle danse, elle chante, et puis, une de ses amies raconte l'histoire du caméléon qui avait épousé la fille du roi... tu la connais ?
- Non. Raconte.
- Une autre fois. Cette histoire est très drôle. Alors la jeune fille se met à rire, à rire... et la pluie à tomber, à tomber ! Les parents arrivent furieux et battent la jeune fille parce qu'ils croient qu'elle l'a fait exprès. Alors la jeune fille fâchée s'enfuit en brousse, grimpe sur la plus haute branche d'un arbre et jure qu'elle ne parlera plus à personne et qu'elle ne rira plus jamais.

A partir de ce jour, il ne tomba plus une goutte de pluie dans la région. C'était une catastrophe. Les champs devenaient stériles, les puits étaient à sec, les animaux quittaient la contrée.
- Et alors ?
- Alors son père alla la supplier en lui disant :
"Regarde, nous mourons de faim, nos greniers sont vides, nos troupeaux dépérissent. Un seul sourire de toi nous rendrait le bonheur."Mais la jeune fille ne voulait pas sourire et le ciel restait bleu. Sa mère vint aussi lui parler, puis le chef du village. La jeune fille ne souriait pas. Finalement le fiancé arriva. Il n'eut pas besoin de parler. Dès qu'elle le vit, elle sourit... et la pluie commenca à tomber. Le pays était sauvé et il y eut un très beau mariage. Ce n'est pas une jolie histoire, ça ?
- Si, encore une.
- Non, pas aujourd'hui. Je suis venu pour travailler.
- Qu'est ce que c'est ton travail ?
- J'écoute des histoires, je pose des questions aux gens...
- C'est pas un travail, ça.
- Par moments je me le demande, en effet.

""
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMar 5 Déc - 2:05

L'épopée du buveur d'eau
~ John Irving ~


Il faut lire aussi 202025778501aa240sclzzzen6


Tentant de parcourir toute l'oeuvre d'Irving, (vu qu'en plus je ne trouve pas la tonne de livres qu'il me reste à lire de Kessel, à la bibli >_<), j'en ai chopé un autre.

Lu presque d'une traite, manquait deux chapitres que je viens de terminer, et c'est bien parce que je devais me lever le lendemain que j'ai pas insisté auprès de mes yeux pour les lire la veille.

Néanmoins (si on considère que le fait d'une lecture continue est bon signe), ça ne restera pas un de mes préférés. Il faut dire que j'ai tellement flashé sur "Une prière pour Owen" que peut-être qu'aucun autre ne sera assez novateur pour le surclasser.

Quand même bien délire, ce bouquin :
Dos de couv' :

Deuxième roman de John Irving - et sans doute le plus drôle - l'Epopée du buveur d'eau relate les heurs et malheurs de Fred "Bogus" Trumper, fumiste bourré de charme et de bonnes intentions, combinard superbe, farfelu ordinaire qui s'obstine à croire qu'il pourrait bien faire quelque chose de sa vie. Mais quand votre tête et vos sentiments sont comme une passoire, quand vous êtes incapable de vous engager dans quoi que ce soit ou envers qui que ce soit, faut-il s'étonner que votre vie soit un gâchis ?
En bref. Sa femme veut le plaquer, sa maîtresse veut un bébé, un cinéaste d'avant-garde veut réaliser un film à partir de sa biographie : un documentaire sur l'échec ! Pour couronner le tout, chevalier errant dans la guerre des sexes, Bogus a une arme qui laisse nettement à désirer. Et son "complexe" est bien plus sérieux que celui de Portnoy. Car Portnoy n'a jamais eu à boire tant d'eau !


_________________________________
_________________________________

Comme toujours on a l'impression de partir dans du grand n'importe quoi, avec Irving. Après, vient ou non l'impression que finalement c'est maîtrisé. Mais les délires sur des situations simplistes par rapport à la vie des personnages sont légions, et vraiment désopilants.

Extrait (qui commence bien par trois lettres) :

Cher Docteur Trumper,
Tels que je connais vos sentiments, si Fred ne m'avait pas ramenée d'Europe, enceinte, et s'il ne m'avait pas épousée, vous auriez continué à lui payer ses études à l'université. Toutefois, vous n'avez jamais clairement exprimé que, si je n'avais pas été enceinte, vous auriez pu continuer à aider Fred. Eh bien, franchement, tout ça me semble à la fois insultant et injuste. Si Fred n'avait pas une femme et un enfant à charge, il n'aurait aucun besoin de vos subsides. Il pourrait facilement payer ses études avec des travaux à mi-temps et des leçons particulières. Et si je n'avais pas été enceinte, j'aurai pu travailler pour l'aider à payer le reste de ses études. En d'autres termes, la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement nécessite votre aide bien davantage que les deux situations dans lesquelles vous auriez accepté de nous aider. Qu'est ce que vous désapprouvez exactement ? Que j'aie été enceinte ? Que Fred n'ait pas fait les choses dans l'ordre exact où vous les avez faites ? Où est-ce simplement ma personne que vous n'aimez pas ? C'est une véritable punition morale que vous infligez à Fred, et ne croyez-vous pas qu'à vingt-cinq ans passés il est un peu trop vieux pour être traité en gamin ? Je sais que vous avez mis de l'argent de côté pour l'éducation de Fred, et je comprends que vous ne vouliez pas entretenir deux bouches de plus, mais n'est-ce pas un peu infantile de refuser de lui payer ses études ?

Bien à vous,
Biggie



*
* *


Cher Docteur Trumper,
Je pense que les lettres que Fred vous a adressées jusqu'ucu parlaient, comme vous diriez, "à mots couverts". Moi je n'ira pas par quatre chemins. Mon père et ma mère nous donnent tout ce qu'ils peuvent pour permettre à Fred d'obtenir son foutu doctorat de philosophie, et je pense que vous devriez nous donner au moins ce que vous aviez toujours eu l'intention de donner à Fred pour ses études avant que je n'apparaisse avec mon gros ventre et ne vous fasse modifier vos plans. Je pense également que votre femme serait d'accord avec moi si vous ne la terrorisiez pas tant.

Biggie


*
* *


Cher Docteur Trumper,
Vous n'êtes qu'un rat. Excusez mon langage, mais c'est bien ce que vous êtes. Un rat qui fait souffrir son propre fils et répand des calomnies sur la façon dont il m'a épousée, fait un enfant et tout le reste. Tout ça parce qu'il n'était pas encore docteur ! Même dans ce cas, votre Fred a toujours pourvu à mes besoins et à ceux de Colm. Mais c'est juste depuis cette année, avec toutes ces pressions sur lui pour finir sa thèse et chercher du travail, qu'il devient très dépressif. Et vous ne lui etes d'aucun secours - bien qu'en ayant largement les moyens. Mes propres parents n'ont pas la moitié de vos revenus, mais ils font leur possible.
Avez-vous seulement appris que votre Fred a dû vendre des fanions de football, et emprunter des sommes non négligeables à son ami Couth, lequel s'intéresse davantage à nous que vous ne le faites. Avec tous vos grands principes ! Rat ! Tout ce que je peux dire, c'est que vous faites un joli coco de père !

Votre belle-fille
(Que vous le vouliez ou non ! )
Biggie


Et ce vilain après-midi de novembre, j'étais assis à ma fenêtre, à observer Fitch, le jardinier fou, au garde-à-vous sur son impeccable pelouse jaunissante. Fitch montait la faction, son râteau prêt à l'emploi ; il surveillait les feuilles mortes abandonnées dans les jardins voisins, attendant que l'une d'elle se hasarde sur son territoire. Dans les gouttières de sa maison, les feuilles s'entassaient au-dessus de lui, n'attendant qu'un moment d'inattention ; alors elles se précipiteraient sur lui. Moi, j'étais assis, rempli de pensées intolérables envers cet inoffensif vieux fou. Puisse tout ton gazon s'enfoncer en terre, Fitch.

J'avais sur les genoux les doubles au carbone des trois missives de Biggie, laquelle s'appuyait sur mon épaule. Elle me demanda :
- Laquelle préfères-tu ? Je n'arrive pas à me décider.
- Oh! Je t'en prie, Big...
- Il est grandement temps que quelqu'un lui dise ses quatre vérités. Et comme je n'ai pas l'impression que ce sera toi...
- Biggie... Oh ! Bon sang ! Un rat ! Oh, mon Dieu !
- Mais c'est un rat, Bogus, tu le sais mieux que personne.
- Bien sûr. Mais à quoi ça nous avancera de le lui dire ?
- A quoi ça nous a servi de ne pas le lui dire ?
- "Avec tous vos grands principes ! Rat !"... lus-je avec horreur. Ca fait deux rats, Big. Tu le répètes deux fois !
- Alors tu préfères sans doute les deux autres lettres ? La courte, ou la raisonnable ?
- Enfin, Biggie, laquelle as-tu envoyée ?
- Je t'ai dit que je n'arrivais pas à me décider...
- Dieu soit loué !
- ... alors je les ai postées toutes les trois. Comme ça, ce rat aura sa ration.

Je cru alors voir le vent arracher Fitch du sol, le soulever comme une feuille morte, l'emporter loin au-dessus des maisons, puis le rejeter sous une voiture.


Irving, c'est drôle, presque émouvant, et à lire. ^^
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyDim 10 Déc - 1:57

Cyrano de Bergerac
~ Edmond Rostand ~


Ragueneau

[…]
Oui, je suis indigné ! Hier, on jouait Scapin,
Et j’ai vu qu’il vous a pris une scène !

Le Bret

Entière !

Ragueneau

Oui, Monsieur, le fameux : « Que diable allait-il faire ?… »

Le Bret, furieux.

Molière te l’a pris !

Cyrano

Chut ! chut ! Il a bien fait !…
A Ragueneau.

La scène, n’est-ce pas, produit beaucoup d’effet ?

Ragueneau, sanglotant.

Ah ! Monsieur, on riait ! On riait !

Cyrano

Oui, ma vie
Ce fut d’être celui qui souffle, _ et que l’on oublie
A Roxane.

Vous souvient-il du soir où Christian vous parla
Sous le balcon ? Eh bien ! Toute ma vie est là :
Pendant que je restais en bas, dans l’ombre noire,
D’autres montaient cueillir le baiser de la gloire !
C’est justice, et j’approuve au seuil de mon tombeau :
Molière a du génie et Christian était beau !

A ce moment, la cloche de la chapelle ayant tinté,
On voit passer, au fond, dans l’allée,
les religieuses se rendant à l’office


Qu’elles aillent prier puisque leur cloche sonne !

Roxane, se relevant pour appeler.

Ma sœur ! ma sœur !

Cyrano, la retenant
.
Non ! Non ! n’allez chercher personne
Quand vous reviendriez, je ne serai plus là

Les religieuses sont entrées dans la chapelle, on entends l’orgue

Il me manquait un peu d’harmonie… En voilà.

Roxane

Je vous aime, vivez !

Cyrano

Non ! car c’est dans le conte
Que lorsqu’on dit : Je t’aime ! au prince plein de honte,
Il sent sa laideur fondre à ces mots de soleil…
Mais tu t’apercevrai que je reste pareil.

Roxane

J’ai fait votre malheur ! moi ! moi !

Cyrano

Vous ? … Au contraire !
J’ignorais la douceur féminine. Ma mère
ne m’a pas trouvé beau. Je n’ai pas eu de sœur.
Plus tard, j’ai redouté l’amante à l’œil moqueur.
Je vous dois d’avoir eu, tout au moins, une amie.
Grâce à vous une robe a passé dans ma vie.

Le Bret, lui montrant le clair de lune.

qui descend à travers les branches.
Ton autre amie est là, qui vient te voir !

Cyrano, souriant à la lune.

Je vois.


_________________________________________
_________________________________________


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Pas la peine de faire le pitch ? Tout le monde connaît la base de l'histoire... Mais je vous la redonne ^^

Entrée en scène dans une salle de théâtre, côté spectateurs. Christian, jeune homme bien fait mais de peu d'esprit s'éprend de Roxane, qui est au balcon. Elle l'a repéré aussi, comme on l'apprend ensuite.
La pièce à peine entamée est interrompue, par Cyrano, qui avait interdit à l'acteur principal de monter sur scène.

Par la suite, Cyrano qui aime lui aussi son adorable cousine prête ses mots et son esprit à Christian pour qu'il puisse séduire complètement Roxane, qui se trouve alors charmée par le corps et les mots pleins de génie du jeune homme.

Intéressant : J'ai appris en fouinant tout à l'heure que Rostand s'était inspiré d'un homme bien réel, auteur lui-même. Je vais essayer de trouver quelques écrits...

Très agréable à lire, la pièce conserve un ton bien moderne, surtout que les thèmes principaux sont éternels. =) J'aime bien découvrir la source des grandes références...
Pour ce mythe là, lire la pièce repeint de simplicité tout ce que j'avais d'idées préconçues et mélangées. Une simplicité cool, hein. Celle qui remet les choses en place.

Cyrano, il a la classe.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyDim 10 Déc - 3:08

Je n’ai pas peur
~ Niccolo Ammaniti ~


Troisième livre que je lis de Niccolo (au bout du 3ème livre, on peut appeler les auteurs par leur prénom...)

Il y a des souvenirs de jeunesse qui longtemps restent imprimés entre les parois de la mémoire, des souvenirs qui traversent la vie, baignant dans une aura particulière. Michele Amitrano a passé sa jeunesse dans le Sud italien, à Acqua Traverse, un tout petit hameau. Ses journées se partagent entre les repas de famille et les sorties avec ses camarades en culottes courtes des maisons alentour. Des jeux improvisés dans la campagne, des parties de football, des virées par monts et par vaux, sous la houlette de Rackam, le chef de bande, petit saligaud, imposant des gages tordus et pervers. C'est précisément à l'occasion d'un gage périlleux que Michele fera l'une des rencontres les plus surprenantes et inquiétantes de sa vie, celle d'un enfant enchaîné, tapi dans un trou, dans une maison abandonnée. Livre du souvenir, livre de l'enfance, Je n'ai pas peur est un texte réjouissant, tenant à la fois du genre policier et du récit initiatique. Aux tableaux successifs qui remplissent le quotidien d'une famille modeste italienne, Niccolo Ammaniti ajoute une sensibilité nostalgique ensoleillée, sans jamais tomber dans le pittoresque. Pas de grands effets, mais plutôt une simplicité à l'image de la vie dans le Sud, rehaussée par un lyrisme rocailleux

Il faut lire aussi 225307271008aa240sclzzzcr7


Extrait :
C’était la plaque ondulée qui m’avait sauvé. Elle s’était pliée, absorbant ma chute.
Donc, dessous, ça devait être vide.
Sans doute une cachette secrète ou une galerie qui conduisait à une caverne remplie d’or et de pierres précieuses
Je me suis mis à quatre pattes et j’ai poussé la plaque en avant.
Elle pesait lourd, mais, petit à petit, je l’ai déplacée un peu. Et une terrible odeur de merde s’est dégagée.
J’étais tombé au-dessus d’un trou.
Il était sombre. Mais plus je déplaçais la plaque plus il s’éclairait. Les parois étaient en terre, creusées à coups de bêche. Les racines du chêne avaient été tranchées.
J’ai réussi à la pousser encore un peu. Le trou était large de deux mètres et profond de deux mètres, deux mètres et demi.
Il était vide.
Non, il y avait quelque chose.
Un tas de chiffon en boule ?
Non…
Un animal ? Un chien ? Non…
Qu’est-ce que c’était ?
C’était sans poils…
blanc…
une jambe…
Une jambe !
J’ai fait un bond en arrière et j’ai failli me casser la figure.
Une jambe ?
J’ai retenu ma respiration et je me suis approché un instant.
C’était une jambe.
Je me suis senti les oreilles bouillantes, la tête et les bras lourds.
J’allais m’évanouir.
Je me suis assis, j’ai fermé les yeux, appuyé mon front sur la main, respiré. J’avais envie de m’enfuir, de courir vers les autres. Mais je ne pouvais pas. Je devais d’abord regarder une autre fois.
Je me suis approché et j’ai avancé la tête.
C’était la jambe d’un enfant. Et un coude pointait des chiffons.
Au fond de ce trou il y avait un enfant.
Il était étendu sur le côté. La tête entre les jambes.
Il ne bougeait pas.
Il était mort.
Je suis resté à le regarder pendant je ne sais combien de temps. Il y avait un seau. Et une petite gamelle.
Peut-être qu’il dormait.
J’ai pris un petit caillou et je l’ai lancé sur lui.


_______________________________________________________________________

Sympa... Même très sympa, sauf quelques trucs qui m'empêchent de vraiment me prononcer vraiment sans réserve pour ce livre. Genre, la situation est un peu trop grosse pour qu'on veuille y croire gentiement sans réfléchir...

Il y a des choses assez géniales, comme le ton de l'écriture qui est tout à fait bien adapté au narrateur, un gamin. Léger, naïf, perdu...
Pas de cohérence particulière dans ses actions, ce qui est cool aussi. Parce que la cohérence est un défaut que les adultes adoptent trop.

Mais l'ambiance bien rendue est gâchée par ce qu'on veut trop nous faire gober de force. Enfin, c'est la trame elle-même qui manque de finesse.
"On va faire comme si ça c'était possible, pour que je puisse raconter" au lieu de raconter vraiment tout, y compris cette situation bidon.

C'est le sentiment qui reste, en tout cas. Mais ça n'empêche que c'est bien chouette à lire. ^_^
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 3 Jan - 16:12

Nouveaux venus, vieilles connaissances.
~ Brian w.Aldiss ~


Début de la nouvelle : Amen, terminé.

Le jour avait prodigieusement commencé, faisant pleuvoir les rayons du soleil sur la ville, lorsque Jaybert Darkling se leva. Il enfonça les pieds dans ses pantoufles et se dirigea vers l'oratoire, près de la fenêtre.
A son approche, les rideaux qui masquaient normalement l'autel s'ouvrirent, et l'autel se mit à rougeoyer. Darkling inclina une fois la tête et dit : << Dieux tout-puissants, je viens devant vous au commencement d'une nouvelle journée dédiée à vos desseins. Faites que je puisse, en tout point, donner ma mesure en agissant selon votre loi et en me conduisant selon vos préceptes. Amen.>>
Venant de l'autel, une vois répondit, ténue, faible, légère.
<< Accordé. Mais essaye de te souvenir que tu as fait la même prière hier et que tu as agi selon ton bon plaisir.
- Aujourd'hui, j'agirai autrement, Dieux tout-puissants. Je passerai ma journée à travailler au Programme, qui est certainement dédié à vos fins.
- Excellent, mon fils, surtout que le gouverneur t'emploie pour cela. Et pendant que tu travailles, analyse ton coeur, car ton hypocrisie est grande.
- Votre volonté sera faite.>>
La lumière s'éteignit, les rideaux se tirèrent.
Darkling resta là un moment, se passant la langue sur les lèvres. Aucun doute dans son esprit que les Dieux l'eussent mis sur table d'écoute : hypocrite, il l'était.
Il se dirigea vers la fenêtre en traînant les pieds, et regarda dehors. Bien qu'en tant qu'être humain son rôle fût important dans la cité, c'était avant tout une cité de machines. Elles s'étendaient jusqu'à l'horizon, et la plus grande partie était en mouvement.


En fait ce petit livre était un recueil de nouvelles, donc. Je n'avais pas remarqué en le prenant.

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En fait je l'ai pris un peu au pif, sans regarder... J'suis franchement pas convaincue par les romans de science-fiction que j'ai chopé de cette manière à la bibli. Je vais peut-être me mettre à trier un peu plus.

De bonnes idées, originales, mais selon les nouvelles, l'intérêt est quand même assez limité. Disons que les idées de départs sont bien chouettes, certaines en tout cas, mais que ce n'est pas assez approfondi.
On se dit : "Ah ouais, c'est marrant ça comme principe !" puis, après avoir lu la nouvelle "Ah, mais c'est tout..."

Donc je reste sur ma fin, sans compter que le style est un peu trop lourd pour moi.

Couv arrière :
Une planète peuplée d'humanoïdes qui vivent en parfaite harmonie avec leur environnement et même avec leurs morts.
Une équipe de Terriens qui débarque avec les meilleures intentions du monde. Du moins consciemment.
Car supposons que nos doux extraterrestres soient télépathes et sensibles aux mythes et aux légendres qui hantent l'inconscient collectif de l'humanité ?
C'est une tempête de haine et de violence qui déferlerait sur eux et les anéantirait.
Dans cette nouvelle qui donne son titre à ce recueil, et dans les autres, Brian Aldiss explore avec pessimisme et ironie nos faiblesses et parfois nos crimes.


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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 3 Jan - 17:11

Le nez en laisse
~ François Angevin ~


Résumé au dos :
Le nez en laisse, c'est la manière dont certains courrent, sans répit, après la poudre. Cassés en deux par le besoin, guettant aux angles des rues, le corps et les vêtements aussi chiffonnés que les paquets qu'ils fourrent dans leurs poches. Ce roman terrifiant d'une descente aux enfers qui n'en finit plus, stupéfie littéralement le lecteur par la force de son propos et la violence insoutenable de l'univers qu'il dépeint. Un mort-vivant parle d'un monde que personne ne souhaite même imaginer.
Appellant à la fusion immédiate avec l'esprit d'autrui, transformant la lecture en empathie, Le Nez en Laisse - aux antipodes de l'idéologie de l'épanouissement personnel et du narcissisme de notre temps - nous entretient des plus misérables et de l'expérience intime de l'Autre.
L'immersion dans cet autre monde est immédiate et brutale. Un enfer dont on ne sort pas.
Il n'est pas impossible que le livre que vous tenez entre les mains soit un grand roman.


Je ne sais pas si c'est un grand roman mais en tout cas c'est un récit génial. Génialement sinistre, désespérant et prenant.
J'ai adOOOré ce livre.
Je crois bien que je l'ai lu d'une traite, y passant presque une nuit entière. Parce qu'il fallait continuer.

Il ne faudra pas le lire pour vous échapper, par contre, hein... Pas d'issue, ici. Des murs, de l'obscur, et pleins de couleurs peu ragoutantes.
Mais un narrateur criant de vérité et de souffrance, qui se traîne et nous traîne derrière lui.

Ah tiens. Le matricule des anges a moyennement aimé. Pas assez intense pour eux. Bah. Ils sont difficiles, eux. Moi je regrette juste quelques invraissemblances, vers la fin.

Début du livre :

Une douce lumière s'immisce à travers les bouches d'aération carrées de la cave. Descendant en ricochant contre les murs cimentés, les rayons lumineux balayent le sol froid du rectangle anguleux de trois mètres sur deux.
A même le sol, un matelas spongieux d'humidité et d'excrétions humaines est jeté. Des déchets décorent chaque coin de la cave dans des entassements qui expriment toute la rage des gestes qui les ont jetés là. Des ébauches de graffitis dégoulinent le long des parois froides et crient aux murs aveugles toute leur haine de ces lieux.
Un corps immobile est couché en travers du matelas. Il paraît aussi fripé et tâché que la toile répugnante de sa couche. Un frisson perpétuel semble courrir le long de sa peau sans qu'il soit possible de savoir s'il provient d'une fièvre interne ou s'il est généré par le froid extérieur. Le corps est bien sûr vêtu de hardes, empliées les unes sur les autres comme au hasard des jours.
Le réveil... je déteste le réveil... je hais quitter la chaleur du sommeil pour perpétuellement me retrouver dans le froid d'une cave... je reste immobile... espérant encore un peu que cette vie n'est pas mienne... mais non... le corps me tire déjà hors de moi, pour de nouveau se pleindre et geindre... je suis comme coupé en deux par le froid qui gèle la moitié supérieure de mon corps, celle qui n'est pas couchée contre la tiède moisissure du matelas... j'ai soudain envie de bouger, de me retourner, pour permettre à cette autre moitié de moi de se réchauffer à son tour... mais je ne bouge pas... car la moitié du corps qui a chaud proteste et s'insurge trop fort... alors, je reste immobile... à attendre... à attendre que ma pensée achève son exploration de tous les organes qui m'habitent... elle pocède par tâtonnements prudents et déjà je sais que j'ai mal au ventre, qu'une nausée tenace remonte jusqu'à ma gorge, m'obligeant sans cesse à déglutir pour la refouler... mes muscles et mes articulations sont soudées : chairs et os ont dû prendre la consistance du ciment... j'avance encore un peu en moi et je retrouve mes vieilles plaies qui suitent de douleur contre mes os... des os qui s'enflent et se dégonflent au rythme des battements trop lents de mon coeur... j'ai presque peur un instant que ces os n'éclatent sous la pression... je chasse cette idée, ça n'arrive jamais ces choses-là, et puis il y a mille autres manières plus classiques de mourir, alors pourquoi en inventer de nouvelles... je suis content de réussir à penser, si je me détache de la mort c'est que la vie revient... Lui aussi est content de me voir revenir à la surface du ciment... je L'ai débusqué au détour d'un organe, Il m'attendait patiemment comme un piège sans mâchoire... dès que j'ai réalisé Sa présence, Il s'est permis de m'envahir de nouveau, chassant et disloquant toutes mes autres douleurs pour les faire siennes... partis le froid, la faim, les cris de la peau... Sa présence a tout gommé, Il veut être la douleur suprême et Il veille jalousement sur ce pouvoir... c'est Lui qui m'oblige à bouger maintenant, à étirer mon corps dans l'espace exigu de ma peau jusqu'à la faire craquer... tout doucement, comme tiré par Lui, je me lève.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 3 Jan - 17:45

La femme aux cheveux roux
~Alfred Andersch ~


Il faut lire aussi 9782868696717tnvr1


En un instant, sur un coup de tête, Franziska quitte son mari et prend le premier train pour Venise. Elle croit rompre à jamais avec l'Allemagne pseudo-libérale des années soixante, et avec l'amnésie que son pays oppose désormais à l'histoire. Mais quelle renaissance peut lui offrir une ville si théâtrale, où semblent encore à l'oeuvre tous les cauchemars du nazisme ? Avec ce portrait d'une jeune jeune femme décidée mais vulnérable, Alfred Andersch met en scène l'aventure de la liberté. Et, comme dans nombre de ses oeuvres, il rappelle la nécessité de toujours reconduire l'acte essentiel qui la fonde.

Si je me souviens bien, je l'avais déjà pris au début de l'année, mais rendu sans avoir eu le temps de le lire. La couverture est assez austère, mais je l'aime bien quand même, c'est pour ça que je l'ai pris d'ailleurs.

Lecture un peu laborieuse. J'ai pas accroché au style un peu trop poussif... Du moins trop poussif pour le genre de rythme qu'il aurait fallu donner. Comme si on essayait de vous montrer des tonnes d'actions en même temps, mais que chacune avait droit à son ralentit...

Sinon, c'est bien moins concentré sur le nazisme que le résumé ne le laisse supposer. On est plutôt dans les jupes de la nana complètement paumée.

Extrait :
Franziska s'était dirigée vers le guichet et avait demandé l'heure du prochain départ.
- Pour où ?
- N'importe où.
L'employé l'avait dévisagée un instant puis s'était tournée vers l'horloge pour répondre enfin :
- Le rapide pour Venise. 16h54.
Venise. Pourquoi Venise ? Qu'irais-je faire à Venise? Mais c'est comme à la roulette, on mise sur le zéro et c'est une couleur qui sort. N'importe où se nommait zéro. Et c'est Venise qui est sortie.
Il n'existe probablement pas d'endroit qui se nomme zéro.

- Bien, donnez-moi un billet pour Venise !
- Aller-retour ?
- Non, aller simple.
Elle regarda son bracelet-montre. Cinq heures moins treize. Autant Venise que n'importe quoi, que partout ailleurs où Herbert n'aura jamais l'idée de me chercher. Il croira tout au plus que je suis retournée en Allemagne l'attendre à la maison.
- Quatre mille six cents, fit l'employé en lui glissant le billet.
Fraziska lui tendit une coupure de cinq mille lires. C'est trop cher, beaucoup trop cher d'aller à Venise. Tout en lui rendant la monnaie, l'employé précisa:
- Vous devrez acquitter les suppléments dans le train.
Elle prit peur. L'espace d'un instant elle se demanda si elle ne ferait pas mieux de rendre le billet à l'employé. Je pourrai choisir une station plus proche, Turin par exemple, et prendre un train ordinaire. Mais elle empocha le billet sous le regard curieux de l'homme.
- Quai sept, dit-il poliement. Une étrangère. N'importe où. Une folle ou une putain, ou les deux. Une étrangère prête à partir n'importe où et qui a suffisamment d'argent pour s'offrir le voyage jusqu'à Venise par le rapide. Le quart de mon traitement mensuel. Une putain cinglée. Ses cheveux flottent sur ses épaules. Une rousse. Pas une Italienne ne laisserait ses cheveux flotter ainsi. Il la suivit des yeux, d'un regard admiratif et lubrique à la fois.
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMer 3 Jan - 18:01

Il ne pleuvra pas toujours
~ Edward Anderson ~


Exact contemporain de Jim Thompson, Anderson - qui fut, à l'occasion, tromboniste, boxeur et matelot - se remet en 1931 à silloner l'Amérique : "J'ai fait le passager clandestin sur les trains de luxe, de marchandises et les tortillard, dans les wagons-tombereaux et les voitures à bétail.
J'ai dormi dans les asiles, les hôtels à 10 cents, les parcs et les églises. Ce n'était pas tous les jours que je me sentais un gentleman et fier de l'être."
Largement autobiographique, Il ne pleuvra pas toujours est l'odyssée d'Axel Stecker, un hobo, l'un de ces vagabonds de la Depression "touché par la malediction du sang nomade", l'un de ces bourlingueurs pour qui "un homme, c'est fait pour bouger".
Une histoire de pègre, comme disait Raymond Chandler : mais qui réchauffe comme de l'alcool pur.


Mouais, ben c'est peut-être que j'aime pas l'alcool, alors... Parce qu'il était quand même ardu à finir, ce livre. Le ton "bourlingueur" est dur à supporter à forte dose (et encore, le livre est pas épai...)

Toujours les mêmes phrases, tournées différement, un gars qui ne cherche pas à trouver grand chose, mais qui n'est tout de même pas satisfait de ce qu'il trouve... Oui, bon, la vie est dure, mais voilà quoi. J'ai pas aimé.

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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyJeu 4 Jan - 15:50

La piste des quarante jours
~ Michael Asher ~


Il faut lire aussi 222888634308aa240sclzzzvv9


Je traversai le Wadi Kajja, qui faisait une boucle d'un demi-cercle autour de la ville, et imposai aussitôt à mon chameau un rythme triomphal. Le chameau s'arc-bouta et se lança en avant comme un croiseur dans la houle. Ses pattes ratissaient le sol de leurs mouvements de pistons bien graissés ; ses pieds se posaient si légèrement sur le sable qu'ils le touchaient à peine. Tout mon corps exalté était électrisé. On aurait dit que le chameau et moi ne faisions qu'un : nos énergies amalgamées pour une brusque remontée du temps entre la ville et le qoz. Je chevauchais ainsi pendant plusieurs heures, longeai la rive de l'oued avant de m'enfoncer dans des taillis où les feuilles des buissons épineux scintillaient, argentés, et d'où je voyais des monticules rocheux, rouges, abrupts, de l'autre côté de la piste.
La végétation n'était que le résidu squelettique de son ancienne gloire. Quinze ans auparavant, il y avait eu là de la savane boisée. Des buffles parcouraient les taillis. Des lions et des léopards régnaient dans les hautes herbes. Des troupeaux d'éléphants traversaient les bois comme des tanks et se nourrissaient de la plantureuse verdure. Quinze ans auparavant, rien que quinze ans, sur cette même piste, le sultant Abd al-Rahman des Mesalit avait abattu un éléphant. Maintenant il n'y avait plus d'éléphants au nord du Bahr al-Arab, à cent soixante kilomètres de là. La dessiccation, comme un esprit malin, s'était glissé dans les vallées, y avait flétri les arbres et en avait chassé les animaux. De cette faune pullulante, il ne restait plus que quelques singes rouges qui jouaient dans les manguiers, près du bord de l'oued, et une famille de crocodiles coincés dans un fragment de l'oued qui conservait de l'eau toute l'année. Bientôt, peut-être, eux non plus ne seraient plus là.
Juste avant le coucher du soleil, ce jour-là, je rencontrai un cheik des Mahamid qui, sur son étalon osseux, avec sa vieille épée, qui se balançait très bas dans son fourreau, et sa lance prête à entrer en action, ressemblait à un don Quichotte vieillissant. "Où vas-tu, khawaja ?" me demanda-t-il. Je lui répondis que je faisais route vers Seref Umra, la grosse localité la plus proche. "Ne voyage pas seul la nuit ! me dit-il. Tu risques de rencontrer des voleurs. Il y a seulement une heure, j'ai vu un groupe de Gor'an. Ils ne se gêneront sûrement pas pour prendre un beau chameau comme le tien ! Regarde, là-bas, dans l'oued, il y a un camp arabe. Va te reposer dans ce camp."
Je le remerciai et me dirigeai vers les tentes qui ressemblaient à des rochers bruns sur le lit concave de l'oued.


La collection dont fait partie ce bouquin est celle dirigée par Michel le Bris. Le m'sieur qui a écrit un des livres que j'ai le moins aimé de tous les livres que j'ai lu ^^; Heureusement que celui là ne lui ressemble pas.

(Ceci dit, je ne devrai pas juger si facilement Micel Le Bris, le livre était de toute évidence (après lecture) destiné à des gens qui s'intéressent à la politique, ce qui n'est absolument pas mon cas.)

Bref, dans celui là c'est un récit de Michael Asher, le khawaja ustaz (professeur blanc) qui nous est offert.
Et c'est un sacré cadeau. Etreint par l'attrait du désert, c'est limite s'il ne saute pas d'un camion en marche pour se jeter sur un chameau, et vivre l'aventure qu'il convoitait en rompant avec la civilisation.

Il manque de peu de mourrir à plusieurs reprises, et encore, en ayant de la chance ^^ Pas de tout repos, de traverser les sables brûlants où circulent en grand nombre les bandits, impitoyables "ils ne connaissent pas Dieu".

Finalement interrompu par les autorités (il n'avait pas de droit de passage) et non par les criminels, il est obligé de rentrer... Jusqu'à la meharé suivante, pendant laquelle il accompagne un troupeau de chameaux pendant des jours et des jours, accompagné de quelques hommes du désert.

Dos de couverture :
Après une jeunesse chaotique dans un régiment de parachutistes anglais puis des études littéraires à Leeds, Michael Asher décide de prendre un poste d'instituteur au Soudan. Fasciné par les nomades qui vivent à la frontière de la Libye, il partagera leur existence et parcourra avec eux des milliers de kilomètres à dos de chameau jusqu'à se risquer en 1980, à vingt-sept ans, sur la "piste des Quarante jours". Elle commence dans l'extrème ouest du Soudan, pour traverser le désert d'oasis en oasis jusqu'au Nil, en Haute-Egypte : La surpême initiation de qui se rêve nomade.

"Pendant les trois années qu'à duré l'arabesque compliquée de mes voyages à travers le désert, ces gens ont été mes amis, mes compagnons et quelquesfois mes ennemis. Je m'étais mis en route un peu comme on part escalader une montagne."

Né en 1953 en Angleterre, Michael Asher a dirigé en 1985 une expédition de l'Unicef à dos de chameau pour venir en aide aux nomades réfugiés près de la mer Rouge. Avec son épouse, il a aussi traversé le Sahara, de l'Atlantique au Nil
.


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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyLun 8 Jan - 12:08

L'homme aux cercles bleus
~ Fred Vargas ~


Au moins 3 raisons pour lesquelles j'ai beaucoup aimé ce bouquin :
- C'est un cadeau de Noyel (ou alors de gardage de chat... Tout dépends l'ordre, en tout cas merci encore Nouch' ! )
- J'avais beaucoup entendu parler de Vargas mais jamais lu, parce que je lis pas de policier, généralement.
- Il est bien bien bien ^_^
- Je vais pouvoir chercher d'autres de Vargas, voir s'ils sont aussi biens.

<< Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ? >>
Depuis quatre mois, cette phrase accompagne des cercles bleus qui surgissent la nuit, tracés à la craie sur les trottoirs de Paris. Au centre des cercles, prisonniers, un débris, un déchet, un objet perdu : trombone, bougie, pince à épiler, patte de pigeon...
Le phénomène fait les délices des journalistes et de quelques psychiatres qui théorisent : un maniaque, un joueur.
Le commissaire Adamsberg, lui, ne rit pas. Ces cercles et leur contenu hétéroclite sont de mauvais augure. Il le sait, il le sent : bientôt, de l'anodin saugrenu on passera au tragique. Il n'a pas tort. Un matin, c'est le cadavre d'une femme égorgée que l'on trouve au milieu d'un de ces cercles bleus.

Il faut lire aussi 3323391ztj7


D'après les critiques des habituels lecteurs de la romancière, l'intrigue est un peu trop simple, et les moyens pour la dénouer fort peu contraignants.
Personellement je m'en fiche, parce que l'affaire, c'était surtout l'occasion pour suivre les personnages qui y sont liés.
Adamsberg, vif comme une tortue, l'air de toujours survoler les choses sans y prendre part, mais qui a acquit une notoriété certaine en résolvant des affaires difficiles.
Le fantôme de la petite chérie, traînant quelque part sur la Terre.
L'aveugle beau, étonnament insignifiant une fois l'aventure terminée, malheureusement...

Donc oui, ça se lit vite, et ça se lit bien, aussi ^_^

Quand le téléphone sonna dans la nuit, il sut que c'était arrivé, la fin du piétinement, le sursaut, et il sut que quelqu'un était mort. C'était Margellon qui l'appelait. Un homme avait été méchamment égorgé sur le boulevard Raspail, dans sa section déserte qui mène à la place Denfert. Margellon était sur place avec l'équipe du secteur du 14ème arrondissement.
- Le cercle ? Comment est le cercle ? interrogea Adamsberg.
- Le cercle est là, commissaire. Bien exécuté, comme si le type avait pris tout son temps. L'inscription autour est complète aussi. Toujours la même : <<Victor, mauvais sort, que fais-tu dehors ?>> Je n'en sais pas plus pour le moment. Je vous attends.
- J'arrive. Réveillez Danglard. DItes-lui qu'il s'ammène au plus vite.
- Ce n'est peut-être pas la peine de déranger tout le monde ?
- Je le veux, dit Adamsberg. Et vous aussi, continua-t-il, restez également.
Il avait ajouté ça pour ne pas le blesser.
Adamsberg passa on ne sait quel pantalon et on ne sait quelle chemise, c'est ce que nota Danglard qui était arrivé sur place quelques minutes plus tôt. Pour la chemise, il avait boutonné le samedi avec le dimanche, comme disait son père, et il s'en aperçut. Tout en regardant le cadavre, Adamsberg s'appliquait donc à remettre les boutons de sa chemise dans le bon ordre, en les défaisant tous au préalable, et sans prendre en aucune façon conscience de l'incongruité de se rhabiller sur le boulevard Raspail devant les types du commissariat du secteur. Ils le regardaient faire sans rien dire, il était trois heures trente du matin.


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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyLun 8 Jan - 15:52

Ils sont tous aussi géniaux les uns que les autres. Mais si tu veux éviter de tous les acheter, je peux t'en prêter aussi, je l'ai ai au moins tous, sauf l'avant-dernier quils veulent pas sortir en poche...
Et Adamsberg et Danglard... Aaah...
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyMar 9 Jan - 14:57

Ah ben ouais, je veux bien, mais tu te méprenais, je comptais pas les acheter moi, plutôt les emprunter à la bibli ^^

Adamsberg, c'est le genre de gens que j'aimerai vraiment bien connaître mais à qui j'oserai jamais de ma vie adresser la parole. Mais à regarder vivre, quoi... ^_^
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyJeu 11 Jan - 16:00

L'auberge des mygales
~ Philippe de Baleine ~


Dos de couv' :
Peu de voyageurs ont vécu plus d'aventures en Afrique, en Amazonie et en Asie que Philippe de Baleine, l'auteur d'un dizaine de livres dont le très connu Petit train de la brousse.
Certaines de ses aventures étaient hilarantes, d'autres pathétiques, certaines tragiques.
Philipe de Baleine les raconte dans cet ouvrage au style tout aussi humoristique que son titre, L'auberge des mygales. On y apprendra comment l'auteur fut poursuivi de brousse en brousse par les mygales, comment il découvrit les salles de danse des éléphants, ses aventures avec les cannibales ou les dictateurs africains (et même comment il échappa de justesse à la convoitise d'une femme à plateaux).
Un livre extrèmement pittoresque et drôle. Mais Philippe de Baleine y examine aussi dans plusieurs chapitres - graves ceux-là - les problèmes économiques et politiques qui accablent l'Afrique noire.


C'est bien présenté, même si j'avais pas tilté sur la couverture (très important dans mes choix à la bibli, j'avoue) ça m'a décidé.
En fait j'ai pas tellement aimé lire ce lire. Du moins le reprendre pour le finir, disons. Du coup, j'ai grossièrement survolé pas mal de pages à la fin (parce que j'étais pressée, aussi, fallait que je le rende).

C'est écrit avec un ton trop raccoleur, ou... banal. Lui a fait tellement de voyages et d'expériences qu'il ne s'étonne que peu des choses. D'autant plus que ce ne sont que des souvenirs, qui sont racontés, et racontés comme tels. Exit les sentîments, reste les mots faibles sans écho.
Comme c'est souligné dans la présentation, il y a un aspect comique qui ne m'a pas plus du tout. Légèrement condescendant.

Bref, à ça s'ajoute le fait que rien n'est construit, on a des petits chapitres plus ou moins imbriqués les uns dans les autres qui parlent de tout et n'importe quoi, sans chronologie, sans lien apparent.

Voilà... Pas convaincue du tout.

Extrait :
"Je voulais me rendre à Saint-Elie, ancien fief des orpailleurs. Quelques uns y subsistaient. J'espérais y retrouver le climat d'aventure des temps héroïques. J'avais relevé sur la carte les noms pittoresques des anciens placers : "Dieu merci", "Cirque Tigre", "Papa Jean", "Perdu temps", "Boeuf mort" qui évoquaient les joies, les drames et les désespoirs des chercheurs d'or. Le long canot à moteur où j'avais embarqué à Roche Maman Pian m'avait déposé sur la rive peu avant une série de rapides.
- Vous êtes à la gare Tigre, me dit-on. Vous pourrez continuer par la voie ferrée. Ca vous amusera.
- Une voix ferrée en pleine forêt! m'étais-je étonné.
- Oh ! C'est une toute petite voie ferrée. Elle ne fait que trente kilomètres de longs. L'écartement des rails est de cinquante centimètres. Elle desservait autrefois les placers car la rivière n'est plus guère naviguable à partir d'ici.
Gare Tigre ! Un vrai titre de roman ! La gare en question est un vieux hangar à moitié écroulé. On m'expliqua que l'on appelait ici le jaguar, "tigre". Toujours l'exagération tropicale !
- Où est le train ? demandai-je.
On s'esclaffa autour de moi.
- Il n'y a jamais eu de wagons, cher monsieur, mais des wagonnets, dont les parois rouillées sont depuis longtemps tombées en poussière. Il ne subsiste que les châssis avec leurs roues, sur lesquels on a jeté quelques planches. Voyez plutôt.
- Certes. Mais où est la locomotive ?
Je dus essuyer de nouveaux ricanements.
- Il y a longtemps, cher monsieur, que les petites locomotives à bois sont hors d'usage.
On me montra les carcasses de ces engins, noyées dans les hautes herbes.
- Vous voyagerez sur une de ces plates-formes poussée par des manoeuvres.
On me présenta deux grands Noirs, torse nu, en pantalons de toile bleue, coiffés de chapeau de paille troués. De gros fétiches en bois étaient suspendus à leur cous par des cordons graisseux. Ils grimaçaient et roulaient des yeux inquiétants.
- Ils vont vous pousser jusqu'à Saint-Elie, me dit le canotier. Ils ont été affectés par le maire de Saint-Elie à ce boulot. Vous leur donnerez cent francs à chacun. C'est le tarif.
- Nous pas envie de pousser Charleston, grommela un des deux Noirs.
- C'est quoi le charleston ? m'enquis-je ?
- C'est comme ça qu'on a baptisé les plates-formes. La voie ferrée est si déformée qu'elles dansent sans arrêt et se renversent souvent. Je vous conseille d'être sur vos gardes et de sauter avant d'être pris dessous.
- Nous pas envie d'y aller, grogna l'autre Noir. Nous perdre trop d'argent. Beaucoup poisson en ce moment.
Il paraissait que c'était la saison du poisson, assez migrateur dans ces rivières de jungle. Parfois le poisson y disparaissait pendant des mois sans raison connue.
Je ne me souciais pas d'être poussé par deux Noirs râleurs pendant trente kilomètres.
- Je n'ai pas besoin d'eux. J'irai seul. Je marcherai à côté des rails
."
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MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi EmptyJeu 11 Jan - 16:27

Il faut lire aussi Arton743rc1


Enfin tranquille
~ Renaud Ambite ~


Pêche à la ligne

[...]
Les cannes à pêche sont faites d'une tige de bambou et d'un fil de nylon d'une cinquantaine de centimètres, au bout duquel un morceau de fil de fer recourbé fait office d'hameçon. En tout, il y a quatre cannes à pêche. Je les distribue aux quatre premiers enfants.
- Alors, vous voyez, il faut attraper un paquet par la ficelle, par le petit noeud, avec ce petit crochet. Comme ça. Il faut tenir la canne, hein, pas le fil. Il faut tenir la canne. Le bâton. Voilà, tu mets la main là, sur le bâton. Non... Non, ne tiens pas le fil. Voilà, c'est très bien. Toi aussi... Voilà. Eh ! toi, là, s'il te plaît, comment tu t'apelles ? Attends ton tour. Attends que les autres aient fini. Attends. ATTENDS ! Oui. Oui, il ne faut pas attraper les paquets avec les mains. D'accord ? Attends. Attends ton tour. Attends d'avoir une canne. Une minute. A, ça y est ! Tu en as attrapé un. C'est bien ! Bravo ! Ah, c'est une ficelle rose... C'est pour les filles. Pour les garçons, c'est les ficelles bleues. Tu le reposes ? Tu reposes le paquet ? Allez... Tu veux que je le repose, moi ? Tu veux que je le repose ? C'est pour les filles. Toi, les cadeaux pour toi, les cadeaux pour les garçons, c'est les ficelles bleues. Les ficelles bleues, BLEUES, comme ça. Tu ne veux pas? Tu ne veux pas le reposer ? Ca ne va pas te plaire, ce cadeau, avec la ficelle rose, ça sera peut-être une poupée, ou... Je ne sais pas, des bijoux ou un jouet de fille, tu sais, pas très chouette... Attention ! Attention ! Faites attention, vos lignes vont s'emmêler. Ne vous mettez pas trop près l'un de l'autre, s'il vous plaît. Alors, toi, tu le reposes ? Ca ne va pas te plaire, c'est un cadeau pour les filles, pas pour les garçons. Repose-le, tu en repêcheras un mieux... Non ? Bon, alors rends-moi la canne ? S'il te plaît. Tu me la rends ? Non, je ne peux pas t'ouvrir le paquet, je ne peux pas t'enlever la ficelle, je n'ai pas le temps, il faut que je m'occupe des autres enfants. Il faut que je m'occupe d'eux, tu vois, il y a des petits. Des plus petits que toi. Il faut qu'ils puissent tous jouer. Tu vois tous les enfants qui attendent, derrière toi ? Ils veulent jouer, aussi. Demande à ton papa. Attention ! Et voilà... Ca devait arriver. Ca y est, c'est emmêlé. Je vous avais dit de faire attention. Je vous l'avais dit. Il faut écouter. Hein, il faut é-cou-ter. Je vous avais dit de faire attention, de ne pas trop vous approcher l'un de l'autre. Attendez. ATTENDEZ ! Approchez-vous. Allez, approchez-vous de moi, venez par ici, s'il vous plaît. Venez... Il faut que je démêle vos ficelles. Voilà. Eh bien dis donc... Tenez, vos cannes. Vous faîtes attention, mainenant, hein ? Et toi, tu me rends ta canne ? Tu la veux, toi ? Tiens... Tu as entendu, aussi ? Vous avez entendu ? Les paquets avec une ficelle bleue, c'est pour les garçons. Et les paquets avec une ficelle rose, c'est pour les filles.

Je regarde ma montre. Il est dix heures cinq.


Dos de couverture :
Renaud Ambite, toujours espiègle, rassemble dix histoires où se croisent des personnages tourmentés. Avec un humour acerbe, il mêle petites comédies et tragédies du quotidien : une séance chez un dentiste fasciste, le voyage d'un anglais rejeté par ses compagnons de séjour, un entretien d'embauche virant au cauchemar, un couple qui se croit enfin tranquille... Si certaines nouvelles sont à l'évidence acides et finissent mal, les autres sont franchement hilarantes. Et finissent tout aussi mal.
La fragilité des individus, leurs rêves et leurs vanités nous sont à nouveau rapportés avec tendresse et malice. Renaud Ambite confirme l'originalité de son style, vif et ironique.


J'ai beaucoup, beaucoup aimé ce ptit livre !!

Recueil de textes courts, mais bien pleins

Le texte de la pêche à la ligne m'a fait trop rire, L'entretien d'embauche est assez sublime aussi. =) Des petites histoires du quotidien sans prétention, pour la plupart, un peu plus relevées pour certaines, toutes parfaites.
Pas de doute, j'irai voir si je trouve les précédents écrits de l'auteur.
A lire !!
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