QG du Fan Club de Diabou
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.
QG du Fan Club de Diabou

Zone de douce folie
 
AccueilAccueil  RechercherRechercher  Dernières imagesDernières images  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  
Le Deal du moment : -45%
PC Portable LG Gram 17″ Intel Evo Core i7 32 Go ...
Voir le deal
1099.99 €

 

 Il faut lire aussi

Aller en bas 
4 participants
Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
AuteurMessage
Kam
tit'puce! (Lulu)
Kam


Nombre de messages : 474
Où je traîne : Quelque part dans ma tête...
Date d'inscription : 10/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyDim 30 Sep - 13:50

Ce livre est vraiment un petit bijou c'est clair !
Revenir en haut Aller en bas
http://pagesperso.aol.fr/hysteriques/bienvenue.html
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyLun 15 Oct - 0:40

Latitude zéro
~ Mike Horn ~


- Ce mec est taré.
- Ce type est Dieu, sauf qu'il a oublié.
- Orgueilleux et égoïste.
- Hallucinant.

Ca pourrait être une fiction peu crédible. Une fiction d'aventure gigantesque et peu crédible.
Mais comme le narrateur existe, vit encore et raconte seulement ce qu'il a vécu, on est bien forcé de le croire, malgré tout.

Je ne connaissais pas du tout Mike Horn. Je suppose que peu de monde le connaît, en tout cas pas assez, c'est juste le barjo le plus chanceux du monde.

Lorsqu'il décide de parcourir en solitaire les 40 000 kilomètres de l'équateur, Mike Horn se lance un défi inouï. Des côtes d'Afrique aux portes de l'Asie, en passant par l'immensité du continent américain, il devra traverser trois océans; autant de jungles impénétrables ; deux sommets de 6000 mètres ; des pays en guerre, rongés par la maladie, envahis d'une faune hostile et d'une flore vénéneuse. Son exigence est stricte : jamais il ne quittera la "latitude zéro", jamais il ne s'éloignera de cette ligne imaginaire...

Avec cette aventure où le destin du voyageur bascule au gré des tempêtes et des rencontres, Mike Horn se lance dans un violent face-à-face avec le monde : envoûtante de beauté, sa route croisera l'errance des damnés de la terre, des chercheurs d'or de l'Amazonie aux peuples d'Afrique en guerre.


Il faut lire aussi - Page 4 Latzer10

>>Dans la jungle amazonnienne :

Mais le problème n'est pas l'eau, qui ne doit d'ailleurs pas être tellement profonde. Le problème, ce sont les herbes-lames, coupantes comme des rasoirs, qui émergent de la surface liquide et la dissimulent presque par leur densité.
J'enfile un pantalon collant et ma chemise à manches longues. Je regrette de ne pas avoir de gants. Dans un moment, je sens que je vais le regretter encore plus.

Debout sur le bord, je consacre dix minutes à un exercice de pensée positive. But de l'opération : arriver, par la concentration, à me rendre mentalement invulnérable. Mon corps va souffrir. Il faut que mon esprit devienne capable de prendre le relais et de me faire franchir l'obstacle à lui seul, le cas échéant.
J'empoigne ma machette et je me lance. Immédiatement, mes pieds s'enfoncent dans une pourriture gluante qui envoie des bulles crever à la surface. Je ne sais pas dans quoi je marche et je ne veux pas l'imaginer. C'est sûrement pire, de toute façon.
Les premières coupures me brûlent le dos des mains. Je les oublie. Je ne veux penser qu'à avancer. Chaque pas est un calvaire. Chaque coup de machette me coûte un morceau de peau...

Je mets quatre heures à faire la première moitié du chemin, soit trois cents mètres. A bout de forces, je m'arrête en plein milieu du marécage. Il faut absolument que je me repose quelques minutes. Je ferme les yeux... et m'endors debout. L'instant d'après, je suis brutalement réveillé par l'eau croupie qui me gifle le visage.
Je repars. Mes mains ne sont plus qu'une plaie dont le sang ruisselle. Je n'arrive plus à tenir ma machette. J'ai brievement la tentation de reculer, mais, malgré la douleur, je refuse cette idée. Moins par héroïsme que pour ne pas avoir à retraverser ces trois cents mètres d'enfer.


Bref, c'est tout le long comme ça, entre épuisement, douleur et émerveillement d'être encore en vie...

A savoir que le m'sieur est marié, a deux enfants, et moi j'ai pas mal pensé à ça de temps en temps, en lisant les brèves rencontres avec sa femme à des étapes, tous les 4 mois environ. Je ne pourrai pas, je crois. Si jamais, je préfererai me tuer à tenter de le suivre, plutôt que d'attendre des coups de fils rarissimes pour savoir qu'il est en vie.

Mais bref.

Ce livre n'est pas un traité d'écologie, ni d'humanisme. Juste une aventure de dingue d'un solitaire qu'on croirait doué de pouvoirs surhumains, vu les énormités dont il se sort.
Ceci dit, l'équipe qui l'entoure est presque plus effarante que lui. Des gens qui lui paient des bateaux comme ça, et surtout les transbahutent d'une côte à l'autre pour qu'il le trouve en arrivant, viennent presque mourir en amazonie juste pour prendre des photos, s'occupent de tout le côté administratif et ce n'est pas rien...
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyLun 15 Oct - 0:55

Le dernier mot
~ AF Hubau et Roger Lenglet ~


Dans les mini-livres de poche à 2€. Ceci dit je me suis fait avoir par le titre, je pensais que c'était un recueil de phrases réthoriques marquantes, en fait ce sont les vrais "derniers mots", c'est à dire ceux des gens cités sur leur lit de mort.

Et encore faut-il espérer que quelques uns sont exacts

Rien de bien folichon, trouvé-je.

La seule que j'ai à peu près retenue :

Eugène Labiche qui a son fils auprès de lui au moment de sa mort, celui-ci venant de perdre également sa femme (pas de bol) :
"Papa, puisque tu vas revoir Madelaine, dis-lui bien que je l'aime toujours"
Il répond :
"Tu ne pourrai pas faire ta commission toi-même?"

Ca paraît romancé, non ?

Peu crédibles les 500 propos de gens totalement divers et pour la plupart connus, et n'apportent pas tellement à etre connus.
Bref, mauvais investissement.

Il faut lire aussi - Page 4 4143r110
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyLun 15 Oct - 1:14

Salut et Liberté + La nuit des brutes
~ Fred Vargas ~


" Monsieur le Commissaire, Vous avez peut-être une belle gueule mais, dans le fond, vous êtes un vrai Crétin-Ou-Nigaud. En ce qui me concerne, j'ai tué en toute impunité. Salut et liberté ", X.

Etranges, ces lettres anonymes que reçoit Adamsberg, et tout aussi singulière l'assiduité dont fait preuve le vieux Vasco à siéger sur ce banc, juste en face du commissariat...
L'importun vieillard aux poches remplies d'objets insolites et au porte-manteau incongru attise l'exaspération du lieutenant Danglard. Mais, pour le commissaire Adamsberg, dont le flair nonchalant confine au génie, l'affaire n'est pas si anodine...
Fred Vargas signe ici deux nouvelles policières où l'on retrouve avec un plaisir intact les personnages décalés, les rencontres déroutantes, le ton si subtilement décontracté qui ont fait son succès.


______________________

Il faut lire aussi - Page 4 51y2gf10

Tu les as ceux-là Nouch' ?

Trop courts, mais bien bien aimé le premier : salut et liberté. Juste pour le lampadaire ^_^

>>

Hier matin, l'arrivée de Vasco avec un lampadaire de bureau avait anéanti Danglard. C'était un lampadaire haut comme un homme, à la tige rouillée, à l'abat-jour en métal vert foncé. De la fenêtre du couloir, il vit Vasco lui faire un signe de la main, poser sur le banc un carton de biscuits et un sac de pistaches, et caler son lampadaire en vis-à-vis du valet, comme pour se donner de la lumière afin de lire confortablement. Vasco avait transporté tout son équipement sur un diable bon pour le rebut. Il se recula de quelques pas pour juger de l'effet de son nouveau salon, disposa ses sacs en plastique au sol, aligna quelques décombres qu'il sortit de ses poches après un examen scrupuleux, et se prépara à lire. Collé à la vitre, Danglard était déchiré entre le désir repressif de le foutre au trou pour vagabondage et perturbation de l'ordre public, et l'envie sourde d'aller s'assoeir sur le banc à ses côtés, en plein soleil, sous ce lampadaire qui ne fonctionnait pas. Il entendit Adamsberg s'approcher. Le commissaire se plaça à côté de lui, le front contre la vitre.
- On dirait qu'il s'installe, dit Adamsberg.
- Il faut le faire dégager ce vieux fou. Il m'énerve. Il me perturbe.
- Il ne faut pas y toucher pour le moment. Il n'est peut-être pas fou.
- Vous avez déjà parlé avec lui ? Vous n'avez pas vu qu'il déraillait ?
- A chacun sa croix, comme il dit. Quand a-t-il apporté le valet ?
- Cela fait seize jours aujourd'hui.
- Il y a eu la lettre juste après.
Danglard le regarda sans comprendre.
- Qu'est ce que ça peut faire ?
- Rien. Je vois qu'hier il a apporté un lampadaire.
- Et alors ?
- Alors aujourd'hui, il y a une lettre au courrier.
Danglard observa Adamsberg avec incrédulité, puis haussa les épaules.
- Un lampadaire n'a rien à voir avec une lettre.
- Bien sûr, dit Adamsberg. C'est juste une coïncidence qu'on ne peut pas s'empêcher de remarquer.
- En faisant un effort, on peut très bien s'en empêcher.
- Entendu. Mais venez lire la lettre, Danglard.


Me rapelle pas bien de la Nuit des brutes, et la nouvelle est trop courte, même si de taille respectable, pour une nouvelle. Mais la fin arrive trop fort, malgré le lampadaire.

Bonne lecture quand même.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyDim 28 Oct - 2:37

La raison d'être
~ Marie Balvet ~


Entre l'amour fou et le désarroi, une jeune femme, devenue funambule à force de solitude, découvre au travers d'une passion amoureuse que la mort peut être tenue à distance.
Livre troublant tant par l'écriture parfaitement maîtrisée de l'auteur que par la météorologie intime de l'héroïne, la Raison d'être met aussi en scène les exercices de déséquilibre d'être que la société n'a pas encore domptés.


Lu vite mais avec attention. Je l'ai entamé en pensant que ça m'aiderai à finir celui que j'ai pas réussi à lire au final.

C'est dingue comme une mauvaise expérience de lecture freine, j'ai pris celui là en me disant : "purée, j'espere que je vais accrocher mieux..." En fait pour l'autre (un truc traduit du chinois, qui avait pourtant l'air bien, mais non en fait, en tout cas pas pour moi). Vu que justement je me demandais si ça ne venait pas de moi, vu qu'il avait l'air bien ce livre.

Mais non, donc, en fait. Et ça c'est cool, déjà.

Bref ^^

Tout le livre est séparé en minuscules chapitres dans de grands chapitres. En tout cas la mise en page est spéciale, c'est en partie ça qui m'a fait le prendre, d'ailleurs.

Pour le sujet, l'histoire et tout, ça reste très centré sur les sentiments de l'héroïnes, ce n'est même Que ça. Mais pas d'overdose, pas ressentie en tout cas, comme dans "Inceste" de Angot, par exemple. (De ce que je me rapelle)

En fait j'aime bien comme elle écrit, attentive autant à ce qu'elle écrit qu'aux mots qui apparaissent pour le traduire ^^

>>

Au rendez-vous suivant, même s'il est moins timide, il ne me parle plus de lui. Intriguée par cet homme dont le passé m'est encore inconnu, je suis trop impatiente pour supporter ses détours empruntés. Je ne fais pas l'effort de comprendre ce qu'il cherche à me dire sous des propos que je juge anodins, superflus. Il a pourtant glissé, comme entre parenthèses, quelques notes personnelles, mais si discrètement qu'il me faut réfréner ma curiosité.

Les nerfs à vif, je me demande comment juguler cette fougue qui me donne une force illusoire. A la pointe du Vert-Galant, je fixe avec arrogance le soleil déclinant derrière la frise des immeubles. Lent écoulement du temps dans le silence de l'instant... Tout à coup, les pupilles scintillantes, je me tourne vers lui : "Avec vous, je ne veux vivre qu'intensément." Cette réplique incongrue le fige. Je tente d'en atténuer l'audace par un sourire, un geste maladroit, avant de m'enfuir, une nouvelle fois, affolée.

Dans la solitude du jour naissant, il a déposé devant ma porte ses manuscrits. Cette façon de me répondre outrepasse tout ce que j'avais espéré. Il prend ainsi le risque de se livrer totalement et accomplit ce geste avec pudeur. Cette offrande me surprend, m'impressionne, me ravit, bouscule les faibles et naïves résistances qui me retenaient encore.

<<

Bref, je ne pense pas qu'il faille le rechercher absolument, mais si d'aventure vous le croisez dans une bibli, n'hésitez pas ^^
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyDim 28 Oct - 3:09

Les aventures de Sindbad le Marin
~ Traduit par R. Khawam ~


Dans la poursuite des classiques (jeunesse surtout, après Pinocchio ^^ ), je me suis retrouvée devant ce bouquin : "en fait, j'ai jamais lu en vrai, son histoire à lui ?"

Il faut lire aussi - Page 4 Livres10

Entendu parlé par les mille et une nuits que j'avais commencé, pas lu jusqu'au bout. (Et je ne m'y remettrai pas)

C'est comme ce bouquin, du coup, heureusement qu'il était court ^^;

Par contre !!

Attention !

En fait, Sindbad n'a JAMAIS été dans l'histoire originale des Mille et une nuits !!!! AHH !! Un mur s'effondre. En même temps, j'm'en fous un peu maintenant que j'ai vu que c'était laborieux, la lecture de Sindbad. Mais quand même.
Maintenant je pourrai caser dans les conversations courantes :

"UhUh... Non, pardonnez-moi bien bas mais Sindbad dans les Mille et une nuits, c'est une Vaste duperie !"

Bref ^^

A part ça, LOURD le style. Bon après, forcément hein, c'est un vieux vieux texte, traduit avec application, tout ça. Mais du coup j'ai trouvé ça bien naze.

Juste pour l'histoire, parce que quand même:

A-t-on vraiment lu Sindbad le Marin ? Si pour des millions de lecteurs le nom magique de Sindbad est inséparable de celui de Schéhérazade, c'est grâce à un subterfuge d'Antoine Galland, premier traducteur des Mille et une nuits au XVIIIème siècle. Car les aventures de l'intrépide marin, René R. Khawan nous le prouve, n'ont jamais fait partie des Nuits. Mieux, le texte qu'en donna Galland, et que la plupart des éditeurs ont repris après lui, n'est que l'adaptation, fort édulcorée, d'un roman composé à Bagdad dès le IXème siècle. Ce roman, René R. Khawan en donne ici la première traduction intégrale, établie à partir des manuscrits anciens.

Et nous découvrons avec émerveillement un "autre" Sindbad, infiniment plus proche de la réalité historique de l'époque, même si l'aventure, avec son cortège de l'époque, même si l'aventure, avec son cortège de monstres et de magiciens, est toujours au rendez-vous. Nous sommes à l'heure où les marins arabes se lencent à la découverte des terres inconnues de l'océan Indien, atteignent Madagascar et pénètrent jusqu'en mer de Chine. Revenus à Bassorah, ils n'ont rien de plus pressé que d'aller raconter dans les tavernes les épisodes les plus mouvementés de leurs voyages... en mêlant suffisamment de vrai au merveilleux dont leur public est friand pour emporter l'adhésion des plus rétifs. C'est à partir de ces relations improvisés que les maîtres conteurs du moyen âge arabe ont tissé la trame de ce récit, prototype de tous les romans d'aventure à venir.


>
En fait Sindbad se barre 7 fois en voyage, à "l'aventure", fait naufrage systématiquement (il a quand même peu de bol sur ce coup) avec ses marchandises (oui, parce qu'il est marchant).
Le manque de bol est largement rattrapé par le fait qu'il se sort chaque fois des naufrages alors que les 50 personnes qui partent avec lui y restent d'un coup ou au fur et à mesure...
^^;

En fait ce type, c'est Mike Horn mais en plus ancien et en faux.
M.DR

Na va, il passe dans pas mal de coin soit dangeureux pour eux-même soi bien mal fréquentés, manque de se faire bouffer moult fois, se retrouve esclave un ptit nombre de fois aussi, ensevelit vivant une fois seulement, chouchouté par les sultans et tout et tout.

>>
On déposa auprès du corps de ma femme toutes les richesses qui lui avaient appartenu : argent, bijoux, vêtements de prix, colliers et bracelets, perles et pierres précieuses. Mon chagrin ne cessait de croître, mon affliction ne cessait d'augmenter. Toute fuite désormais m'était interdite.
Quelques hommes hissèrent le corps de la défunte sur leurs épaules et le cortège s'ébranla, prenant la direction de cette montagne où s'ouvrait le puits aux cadavres. J'avançais parmi ces gens, me lamentant et pleurant. Parvenus au bout du chemin, ils firent à nouveau glisser la roche qui fermait la bouche du puits et y firent descendre le cercueil où se trouvait mon épouse entourée de toutes ses richesses. Alors le rois s'approcha de moi pour me faire ses adieux. Lui aussi pleurait, et tous les habitants de la ville avec lui. Sur quoi je me mis à hurler et à supplier, appelant au secours et m'agrippant aux vêtements de ceux qui m'entouraient. Je me portais de l'un à l'autre en criant :
- Je ne suis jamais qu'un étranger parmi vous : mon coeur ne peut supporter votre coutume ! Je ne suis pas de votre espèce, je ne suis pas de votre race, je ne connais pas vos usages ! Si je les avais connus, jamais je ne me serai marié chez vous ! Sachez donc que ma maison et mes enfants m'attendent dans mon pays !..."
Aucun d'eux ne voulait me regarder. C'était comme s'ils n'entendaient pas mes paroles. Je continuai pourtant à les implorer de la sorte jusqu'à ce que la cérémonie des adieux fût achevée. Ils m'étendirent alors de force sur mon brancard, placèrent auprès de moi la cruche et les sept pains ronds, puis me firent descendre jusqu'au fond du puits. D'en haut, quelqu'un me cria :
- Défais donc le câble !"
Je refusai. Ils laissèrent donc le câble retomber au fond, rebouchèrent l'orifice du puits à l'aide de la grosse roche et s'en allèrent leur chemin.

<<
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyDim 28 Oct - 4:44

Pièces grincantes
~ Jean Anouilh ~


Il faut lire aussi - Page 4 4193AP72KML._AA240_


Ardèle ou la marguerite

Dans un château, la famille débarque pour tenir conseil auprès du Général et de sa femme.
Chaque nouvel arrivant semble bien perturbé, et le conseil réuni pour convaincre la vieille tante bossue de renoncer à son amour pour un autre bossu semble bien compromis.

Autour de ce couple hors-norme et qu'on ne peut laisser se maintenir, à cause des "apparences" et d'une vue d'esprit étriquée, on contemple l'Amour au travers des différents personnages.

+1 pour le trio Comtesse, Comte et Villardieu, bien terrible ^_^

>>
La Comtesse


Enfin, Hector, votre indifférence est une pose ! L'anglomanie, c'était bon il y a dix ans. Vous retardez. Vous n'allez pas me faire croire qu'il vous est indifférent que le mari de votre maîtresse s'affiche partout avec un pou.

Villardieu


J'aurai aimé en tout cas que cela vous fût - à vous - indifférent. En vérité, Liliane, je me demande parfois si vous n'aimez pas encore cet homme. Hire soir, au baccara, vous n'avez cessé de lui sourire.

La Comtesse


Il perdait à chaque main. Je me moquais de lui.

Villardieu


Je ne suis pas aveugle. Il y avait dans vos sourires une nuance de compassion. Il y a des choses que je ne tolérerai pas.

La Comtesse


Mon ami, je suis trop fatiguée ce matin pour une scène.

Villardieu


Mille diables ! que signifie cette jalousie, Liliane ? Cet intérêt affiché pour cet homme ! Si au moins vous mettiez un peu de pudeur à dissimuler. Mais je ne suis pas le seul à m'en apercevoir. Avant-hier, chez les Pontadour, vous avez dansé deux fois avec lui. C'est inconvenant, à la fin ! De quoi ai-je l'air ? A un moment, vous lui avez pris la main, devant tout le monde.

La Comtesse


En riant, comme j'aurais pris la main de n'importe qui.

Villardieu


Il y a des gestes qu'une honnête femme ne se permet pas. Même en riant. Ce n'est pas parce que cet homme est votre mari. J'ai les idée larges, mais il y a des choses que je ne tolérerai pas !

<<


La valse des toréadors

"1895 Au cours d'une valse, le fringant lieutenant Léon Saint-Pé, marié et père de famille, est tombé follement amoureux de la douce et pure Ghislaine de Sainte-Euverte. il lui promet de l'épouser...un jour!

1912 Dix sept ans ont passé. Le lieutenant est à présent Général mais Ghislaine de Sainte-Euverte est toujours...jeune fille!

Aussi, lasse d'attendre, Ghislaine, toujours pure mais beaucoup moins douce, débarque chez le général avec la ferme intention de lui demander de ...passer aux actes!"


Une femme haineuse et allitée dans la chambre, une amoureuse transie depuis 17 ans dans le couloir (Melle de Sainte-Euverte), Le Général (Léon) a de quoi s'occuper.
Sans compter l'attrait de ses filles pour son scribe (+ secrétaire : Gaston) à gérer, et l'attrait du scribe pour ... ^_^

J'AIME Anouilh !!

>>

Gaston


Pas de sang, en tout cas. (Il la touche partout) Rien de cassé, on dirait. Pas de bosses. Madame. Madame.

Melle de Sainte-Euverte, faiblement.


Mademoiselle...

Gaston


Pardon, mademoiselle. Cela va mieux ?

Melle de Sainte-Euverte murmure, les yeux fermés.


Laisse tes mains sur moi, Léon.

Gaston se retourne, gêné.


Pardon, mademoiselle, vous faites erreur.

Melle de Sainte-Euverte, dans un cri.


Laisse tes mains, Léon, partout. Ou je sens que je m'en vais encore. Tes mains, vite tes mains - ou je pars...

Gaston, affolé, regarde ses mains.


Mes mains ? Je ne peux pourtant pas la laisser se réévanouir. (Il la reprend dans ses bras et à part.) Ce n'est pas que ce soit désagréable. Je suis un homme si seul. Et, d'ailleurs, je m'en confesserai.

Melle de Sainte-Euverte


Ah, comme c'est bon ! Tu me touches enfin, Léon. Je ne suis plus seule. J'ai tellement attendu que tu me touches... Tu croyais que j'étais forte. Et j'étais forte, il le fallait bien; mais c'était long toutes ces nuits toute seule. Avant de te connaître aussi j'étais seule, mais je ne le savais pas. C'est le lendemain du bal de Saumur que mon lit est devenu plus grand. Le lendemain et tous les soirs, pendant dix-sept ans. Et toutes les mauvaises pensée - tu ne sais pas. Je ne te dirai jamais. Je luttais, toute seule. Ma main même ne me touchait pas. Personne ne devait me toucher en attendant qu'enfin tu viennes ! Cela a été terriblement long, Léon, maintenant je peux bien te le dire, puisque c'est fini, que tu es là et que tu me tiens pour toujours. Ils sont forts tes bras et douces tes mains, plus douces encore qu'au bal de Saumur. Embrasse-moi maintenant, Léon, nous pouvons. Embrasse-moi puisque tu sais que je vais mourir. Qu'attends-tu Léon ? Que je meure ?

Gaston, à part


Assurément, cette dame se trompe; mais puisqu'elle va peut-être mourir...

Melle de Sainte-Euverte à le temps de soupirer


Enfin !

Long baiser. Le général entre, portant la générale évanouie dans ses bras. Il s'arrête cloué au sol devant ce spectacle.

Le Général


Sacrebleu ! Mais qu'est-ce que vous faites, mon garçon ?

Gaston se relève, terrifié.


Mon Général, Mademoiselle délire, elle n'a plus sa connaissance !

Le Général hurle


Sacrebleu ! Je m'en doute, mais vous ?

Gaston, qui ne sait plus ce qu'il dit


Elle m'est tombée sur la tête, mon général, et elle m'a ordonné de l'embrasser.

<<

^__^ Et plus tard le :

Gaston crie affolé, au général

Mon Général ! Celle-là aussi me demande de l'embrasser avant de mourir. Qu'est-ce-qu'il faut faire ?

L.ol

Ornifle ou le courant d'air

"Abusant de sa facilité à faire des rimes, Ornifle s'est enrichi grâce à la chanson. Cynique et manipulateur, il méprise son entourage et accumule les aventures amoureuses, quand un fils débarque dans sa vie, bien décidé à lui faire payer son indifférence..."
(Wikki)

4 actes Bien chargés pour les personnages de la pièce.

Entre la désespérée Melle Supo, "groupie du pianiste" à une autre époque, Machetu, ami à qui Ornifle essaie de refiler un futur môme encombrant, Fabrice, un autre môme qui a grandit dans la haine de son père et les autres pions du damier...

>>

Melle Supo


J'ai tout entendu.

Ornifle


Vous écoutez aux portes ?

Melle Supo


Depuis que je vous aime, c'est un droit que me suis reconnu !

Ornifle


Quoique secrétaire, vous êtes arrivée à savoir trop de secrets, Supo ! Vous finirez dans une oubliette.

Melle Supo


Votre conscience dans une oubliette. C'est cela qui serait commode, n'est-ce-pas ?

Ornifle


Ne vous comparez pas toujours à ma conscience ! Ma conscience est une fille charmante et bien élevée. Je l'ai habituér à ne pas écouter aux portes. Ma conscience ne me demande jamais ce que je fais.

Melle Supo ricane sombrement


Elle doit être jolie, votre conscience !

Ornifle


Justement, elle est jolie ! Cessez donc de parler en son nom.

Melle Supo lui crie.


Je vous déteste !

Ornifle


C'est le seul service que vous pouvez me rendre, en dehors de la sténographie !

Melle Supo


Si le ciel ne s'en mêle pas, c'est peut-être moi qui ferai justice quand j'aurai assez souffert !

Ornifle, doucement, souriant


Non, Supo. Vous êtes trop laide. Vous n'autrez jamais assez souffert. Je mourrai peut-être tué par une jolie fille, mais certainement pas par vous. Vous espérez trop que je finirai par vous jeter un os, un jour !

Melle Supo


Assassin !


<<


Pauvre Bitos ou le diner de têtes


"Juste après la Libération, dans un dîner de têtes où chacun est censé jouer un personnage de la Révolution, un groupe d’anciens élèves d’école religieuse va s’en prendre une nouvelle fois à Bitos, « ce petit boursier qui était toujours le premier » et qui pourtant fut jadis leur souffre douleur. C’est la tête des autres que Bitos réclame aujourd’hui, en tant que magistrat. Il a commencé son œuvre de salubrité publique à la Libération, forcément il a fait du zèle, en se vengeant des affronts subis dans son enfance. « Il se croit Robespierre ! » s’écrie le maître des lieux qui l’attend ! Or c’est précisément le rôle de Robespierre qui est ce soir-là dévolu à … Bitos."

Ambiance lourde, bien que toujours souriante (certains sourires font peur) dans cette dernière pièce du recueil.

La menace plane, passant d'une tête déguisée à l'autre.

Vieux comptes à régler, maintenant que les gens ont grandit, maintenant que les choses ont changées.
On ne sait qui prendre en sympathie, tellement les actes des uns et des autres assombrissent n'importe quel tableau.

>>

Lucile, doucement, après un temps.


Robespierre. Je ne suis qu'une femme. Mais les femmes savent des choses que vous ne savez pas. La vie se fait au fond de leur ventre... Elles sont plus près de la vérité que vous. Elles ont deviné depuis toujours que, dans la journée, il n'y avait pas d'hommes. Vous êtes tous restés des petits garçons avec vos idées, votre assurance que rien ne peut entamer, vos violences...

Robespierre a un geste impatienté


Excusez-moi, Lucile, de graves décisions m'attendent...

Lucile sourit


Bien sûr ! Depuis que vous avez quinze ans, vous avez tant de chose à faire, toujours !... Devenir général, découvrir le ôle, sauver la France, vous rendre riches, faire régner la justice, vous venger... Votre programme n'a pas changé depuis que votre voix a mué. Et aucun qui se soit proposé de devenir un homme, simplement. Il n'y a que les petites filles qui grandissent, Robespierre. Elles seules deviennent des femmes.

Robespierre a un geste impatienté encore


Lucile...

Lucile continue
.

Tout ce que vous venez de me dire, je l'ai entendu dire par Camille tous les jours, à un mot près. Je souriais, je lui passais la main sur les cheveux, comme à un petit garçon obstiné, et j'allais lui préparer son souper pour qu'il mange au moins en attendant. Puis le soir venait et il s'endormait enfin, vaincu, dans le creux de mon bras, redevenu un homme. Moi je ne dormais pas. Je regardais mon homme endormi, savourant le poids de sa tête sur mon épaule, celui de sa jambe en travers de mon ventre. Je pesais son vrai poids d'homme, enfin, comme toutes les femmes silencieuses la nuit. (Un petit temps, elle demande doucement Smile Personne ne vous a jamais regardé dormir, n'est-ce pas Robespierre ?

Robespierre, raide


Non

Lucile


Cela manquera, pour savoir au juste qui vous étiez.

Robespierre crie soudain


Personne n'aura jamais besoin de savoir qui j'étais. Je n'étais rien.

Il se brosse. Un silence encore, Lucile dit à voix basse :[/i

[i]Lucile


Rendez-moi le poids de Camille sur mon épaule, Robespierre. Ne me le rendez pas parce qu'il était votre ami au collège, -les garçons de quinze ans sont ivres de pouvoir sacrifier leur meilleur ami à une cause. Ils ne peuvent rêver de jouissance plus grande que ce déchirement-là. Rendez-le moi, parce que vous m'avez aimée.

Robespierre, raide, après un silence.


Si je le faisais, je serai un lâche.

Lucile, dans un souffle


Qu'est-ce que c'est qu'un lâche ? Passé quinze ans, personne ne le sait plus non plus.


<<


____________________________________________________________
____________________________________________________________

DONC

Donc je vais continuer à fréquenter Anouilh ^__^

C'trop bien !
Lisez Anouilh !!
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyLun 5 Nov - 13:22

L'amateur
~ André Balland ~


Ne lisez pas ça ^^; (le roman, donc)

Julien Clairvaux est un mufle.
Indifférent au regard d'autrui, Julien Clairvaux cultive ses défauts avec un soin extrème. Il entretient sa nonchalence et vénère sa paresse. Même Vincent, l'enfant qu'il élève si peu, n'est pas de lui mais d'Ania, sa compagne dont il ne s'occupe guère plus. Croise-t-il des amis dans la rue, il leur raconte qu'Ania est morte, juste pour éviter de leur donner de ses nouvelles.
Julien Clairvaux s'applique seulement mais sans le vouloir à surprendre son monde. Il passe des jours et des lunes à mesurer l'intensité des bruits alentour. Julien Clairvaux est le contraire d'un modèle, l'exemple à ne pas suivre... Alors pourquoi aime-t-on Julien à ce point ?
Regarde-t-il les femmes d'un autre oeil pour qu'elles lui résistent si peu ?
Au milieu de ces gens toujours pressés, compétents et raisonnables, Julien incarne l'amateur, celui auquel on rêve de ressembler sans jamais se l'avouer.
Invivable mais tellement vivant.


>

Mouais. Ben personnellement je ne rêve pas DU TOUT de lui ressembler. Ce bouquin est à l'image de son héro, lourdingue, à se traîner d'une pensée à l'autre, sans même prendre la peine d'en considérer une plus que l'autre, trop fatiguant.

J'ai failli lâcher l'affaire en cours de route, mais j'espérai peut-être une chute valable, puis ayant déjà renoncé à un autre livre il y a peu, je n'ai pas envie que ça devienne une habitude.

Mais j'aurai pu m'abstenir, ce n'est vraiment pas la fin qui sauve ce roman.

Bref, pas la peine de le trouver, même à 3€ comme je le vois sur Amazon.

L'auteur a quand même fondé une maison d'édition quoi... C'est assez épatant.

<<

Julien Clarivaux plaisait beaucoup, mais rarement très longtemps.
Surtout aux hommes. La plupart du temps, il se feignait de ne pas toujours très bien appréhender les raisons de cette désaffection qui survenait parfois plus rapidement qu'il ne l'avait voulue. Un contact banal avec un individu dont auparavant il ne soupçonnait même pas l'existence pouvait déclencher chez lui une tornade affective dont il était incapable de contrôler l'ampleur. Il ouvrait tout trop vite. Ses bras, son jardin secret, ses souvenirs, s'inventant des récréations qu'il n'avais jamais connues. Plusieurs fois dans la journée, il réactivait son inclination à grandes pelletées brûlantes, multipliant les appels, les rencontres, échafaudant, au nom de cette amitié nouvelle, mille projets baroques. Puis, tout à trac, sans trop savoir pourquoi, et par là, sans pouvoir fournir la moindre explication, il rangeait son sac, obturant d'un coup sec visage et téléphone. C'est ainsi que Julien perdait ses amis comme d'autres leurs cheveux.


<<

(Début du roman)

Il faut lire aussi - Page 4 41zapd10
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyLun 5 Nov - 14:34

Empire du soleil
~ J.G. Ballard ~


Récit autobiographique, le récit semble être une longue agonie hargneuse à laquelle Jim ne succombe pourtant jamais.

Lorsque les Japonais prennent Shanghai en 1941, le petit Jim, onze ans, est arraché à ses parents et à une enfance dorée pour être jeté dans la tourmente.
Après diverses errances, il sera interné dans un camp pour y découvrir les horreurs de la guerre.
Où et comment survivre ?
Ce sera là toute la question pour cet enfant appelé à affronter mille périls. Une histoire vécue, aux scènes hallucinantes, qui a inspiré au cinéaste Steven Spielberg son dernier grand film.


Ce livre est BIEN.

Heureusement que mon lot de bibliothèque était pas Que impossible à lire ^^'
Du coup je l'ai lu d'une traite celui-là, de 19h à 2h du mat.

Les bons points :

- C'est très bien écrit, et très bien traduit, aisé à suivre, et il y a des phrases magiques un peu partout dans les pages.

- Jim a su se souvenir de son regard et de ses pensées de l'époque, avec les questions, les obsessions

- Il y a le sentiment de sauvagerie qui régit le monde, la peur de voir la guerre finir, le besoin de limites, les sentiments ambigus de tous les personnages...

- C'est trop bien écrit, et puis c'est TOUT !

- Lisez le !!

<<

Des mendiants vivaient au bord des canaux dans des cabanes faîtes de pneus et de caisses. Une vieille femme nettoyait une cuvette de cabinet en bois, accroupie près de l'eau fétide. En les regardant du haut du camion qui lui offrait sa sécurité, Jim avait de la peine pour ces gens démunis, alors même que quelques jours plus tôt son sort à lui étaitn encore plus désespéré que le leur. Un étrange dédoublement de la réalité était survenu, comme si tout ce qu'il vivait depuis le début de la guerre se déroulait dans un miroir. C'était son moi du miroir qui se sentait affamé et affaibli, et qui pensait tout le temps à la nourriture. Il ne s'appitoyait plus sur cet autre moi. Jim supposait que les Chinois faisaient de même pour survivre. Mais un jour les Chinois émergeraient peut-être du miroir.
En traversant la crique de Nantao pour entrer dans la Concession française, ils virent leur première patrouille japonaise, qui gardait le point de contrôle à l'extrémité nord du pont en acier. Mais Basie et Frank n'avaient pas l'air de craindre ces soldats en armes : Jim avait remarqué que les Amricains ne se laissaient pas facilement impressionner par qui que ce soit. Frank alla jusqu'à klaxonner un soldat japonais qui se promenait au milieu de la route. Jim se recroquevilla sous le tableau de bord, persuadé que l'autre leur tirerait dessus, mais le Japonais se borna à leur faire signe d'avancer avec un air maussade : peut-être prenait-il Frank et Basie pour des ouvriers russes blancs.
Ils passèrent l'heure qui suivit à faire la tournée des marchés de Hongkou, en longeant les cages de bambou dans lesquelles aboyaient des centaines de chiens : non seulement bâtards chinois promis au fourneau, mais épagneuls et daschunds, setters et airedales lâchés dans les rues affamées de Shanghai par leurs propriétaires alliés. Ils s'arrêtèrent à plusieurs reprises pour permettre à Basie de descendre et de s'adresser, dans son cantonais des docks qu'il parlait avec aisance, à quelque boutiquier chinois. Mais ni hublots ni dents en or ne changèrent de mains.
"Franck, qu'est ce que Basie essaie d'acheter ?
- On dirait qu'il a plutôt envie de vendre.
- Pourquoi est-ce qu'il n'arrive pas à me vendre, moi ?
- Personne ne veut de toi." Frank lança en l'air la demi-couronne qu'il avait volé dans la poche de Jim et la rattrapa dans sa main massive. "Tu ne vaux rien. Tu vaux quoi, à ton avis ?
- Je ne vaux rien, Frank.
- Tu n'as que la peau et les os. Bientôt tu seras tout le temps malade.
- S'ils m'achetaient, qu'est-ce qu'ils feraient de moi ? Ils ne pourraient pas me manger, je n'ai que la peau et les os."
Mais Frank refusa de répondre. Basie remonta dans le camion, en secouant la tête.

<<

Il faut lire aussi - Page 4 41qbjj10
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 8 Nov - 1:26

Existence
~ Eric Reinhardt ~


Il faut lire aussi - Page 4 22531110

Diplômé d'une école prestigieuse, obsédé de logique et fanatique de l'oeuvre de Wittgenstein, Jean-Jacques Carton-Mercier est devenu à près de quarante ans un cadre supérieur détestable qui méprise ses contemporains. Egocentrique et conformiste, il se comporte en tyran domestique avec son épouse et ses deux enfants. Mais un fait anodin - l'achat d'un Bounty dans une boulangerie - va déclencher dans sa vie une série de catastrophes. Ce misanthrope sûr de ses valeurs et de sa supériorité intellectuelle va rencontrer l'hostilité de ses semblables, découvrir ses faiblesses et ses doutes sur l'existence qu'il s'est construite. La folle journée de Carton-Mercier, d'humiliations en désastres, est un vrai régal pour l'esprit. Epousant la pensée chaotique du narrateur, souvenirs, hypothèses et inventions diverses bousculent le récit.

Etrange roman. Original, ça c'est sûr et pour ça je regrette pas de l'avoir lu. Un truc qui me fait sans aucun souci choisir un livre, c'est bien de voir des choses originales en le feuilletant.
Genre, des photos de l'auteur, déguisé en ses personnages, parmi les pages. Ou des mise en forme du texte intriguantes.

Il y a les deux ici.

Pour ce qui est du style, c'est très travaillé, presque trop pour moi, tout comme la construction du roman en fait. Pour résumer j'me suis dit "tout ça pour ça..."

Des passages accolés les uns aux autres pour démontrer la confusion qui règne dans l'esprit du narrateur, mais c'est assez pénible à force.

Donc ça se lit, c'est intéressant et intriguant, mais un peu longuet et tarabiscoté.

>>
L'hilarité est générale. Je me retourne un instant, la clientèle me persifle avec une impudeur outrageante, un esprit communautaire conjoncturel solidifie à mon insu cette réunion hétéroclite et turbulente, je regarde pralysé ces regards, ces glottes luisantes, ces molaires jaunes, toutes ces pensées, ces consciences vives, ces convictions vernaculaires qui m'envahissent, grouillent sur mon corps et mon visage comme des insectes, ils s'introduisent dans mes oreilles, perforent ma peau, envahissent mes orbites, s'insinuent dans mon nez, vioent la jointure de mes lèvres. Le bloc de marbre s'est transformé en matière comestible, organique, putrescible, effritable. Quelque chose à cédé, un barrage. On me dépèce. On dispose de ma personne. On creuse des galeries sardoniques de lombric à l'intérieur de mes entrailles. Je suis livré sans défences à ces barbares qui crapahutent sur moi avec leur peua, avec leurs rides, leurs dents cariées que je regarde avec horreur, avec leurs langues convulsives comme des carpes, avec leurs lèvres qui s'arrondissent et la mtière de leurs regards, monstrueuse et liquide, houleuse, cinématographique. Je dois faire une drôle de tête, en cet instant qui s'éternise, si j'en juge d'après la recrudescence d'hilartié à laquelle elle donne lieu. C'est alors que je commets l'erreur de prendre la fuite.

Juste ,tout ça, c'est à propos des clients d'une boulangerie qui éclatent de rire sans qu'on sache trop pourquoi, mais en le regardant. Tout ça pour ça, ouais, même si c'est fait exprès, c'est trop je trouve.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Kam
tit'puce! (Lulu)
Kam


Nombre de messages : 474
Où je traîne : Quelque part dans ma tête...
Date d'inscription : 10/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 8 Nov - 19:57

Oulala ! Compliqué effectivement ^^ Ca donne envie d'arreter à la première ligne je trouve...
Sinon, j'ai vu l'auteur à une table ronde aux Assises internationales du roman l'année dernière, l'avait l'air d'etre un type bien. Soit dit en passant, allez aux Assises, c'est trop bien !!
Revenir en haut Aller en bas
http://pagesperso.aol.fr/hysteriques/bienvenue.html
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyVen 9 Nov - 0:27

Pourquoi c'est trop bien ? Ca consiste en quoi ?

Contrecoup
~ Nicholson Baker ~


Bonne trouvaille ! Et encore, je suis concernée que fort peu par le sujet.

> Mai 2004, Washington. Dans sa chambre d'hôtel, Jay attend son ami Ben. Il a une confession à faire : il s'apprête, pour le bien de l'humanité, à assassiner le président George W.Bush.

Ses raisons sont multiples : la guerre en Irak, l'insolence de l'argent, les délires religieux. Une société américaine dans laquelle Jay ne se reconnaît plus, et d'où, d'échec en échec, il a perdu sa place.
Tentative désespérée d'un homme fragilisé psychologiquement ou raisonnement froid poussé jusqu'à l'extrême ?
Le dialogue s'engage entre les deux hommes. Ben va essayer d'empêcher son ami de commettre l'irréparable; Jusqu'où croit-il aux arguments qu'il lui oppose ? A partir de quand ceux de Jay deviennent-ils irrecevables ? Et, surtout, comment un président démocratiquement élu peut-il susciter autant de haine et de colère ?

La nuit promet d'être longue.
Nicholson Baker nous offre un roman passionnant, d'une actualité brûlante et d'une ironie souveraine.
Les questions morales et politiques qu'il soulève dans ce dialogue tendu à l'extrême n'ont pas fini de faire débat.


C'était le quart de couverture.
J'ai suivit le strict minimum de la période appocalyptique concernant Bush & co, et dans tout le livre les multiples autres références me passent plutôt au dessus de la tête.

Mais justement, c'est bien le seul bouquin que j'ai lu qui me donne presque envie de m'intéresser à tout le binz. Presque. ^^ Si c'est lui qui écrivait dessus.

Le ton est parfait, les répliques savoureuses et le tout intéressant. Bonne bonne trouvaille, donc.

Il faut lire aussi - Page 4 236810

Jay : Je croyais que c'était fini l'argentique.
Ben : C'est la fin, mais on en trouve encore. Les grands formats permettent toujours plus de détails. Ecoute-moi, Jay. D'accord, ils ont utilisé le napalm. C'est très mal. Je suis d'accord. Descendre le chef de l'Etat n'est pas une solution.
Jay : J'aime pas les armes à feu.
Ben : T'as une épée ou quoi ? Tu comptes lui lancer une dague ?
Jay : Non.
Ben : Tu as l'intention de faire sauter la Maison-Blanche ?
Jay : Bien sûr que non. Pense aux innocents qui périraient. Ca, c'est ce qu'ils feraient, eux. D'ailleurs, c'est ce qu'ils ont fait.
Ben : Bon... Comment tu comptes t'y prendre, alors ?
Jay : De plusieurs façons. J'ai quelques scies volantes téléguidées, on dirait des petits CD mais hypertranchants et elles sont supermortelles, bien vicieuses.
Ben : Des scies mortelles, bien vicieuses.
Jay : Elles sont incroyables, hypermortelles. Et quelques autres postes possibles à l'étude, aussi. J'ai un énorme rocher sur lequel je bosse qui possède une bille de roulement géante au centre et qui donc roule où je lui dis de rouler. Et c'ets indestructible. C'est fait en uranium appauvri, c'est cent tonnes de métal qui roulent, tout simplement. C'est une autre piste.
Ben : Tu as l'intention d'écrabouiller le Président ?
Jay : Si faut que j'en arrive là, ouais. J'ai rencontré un inventeur dans un bar, à Nahant. Ce type est brillant.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyDim 18 Nov - 0:55

Les Garennes de Watership Down
~ Richard Adams ~


Cessant d'être les Jeannot de notre enfance et le gibier des Raboliot, voici que les lapins deviennent pour la première fois les héros d'une épopée. Ce récit a la simplicité des grands mythes. Comme eux, il est tissé de symboles : le sang versé, l'herbe rase et l'herbe haute. l'oiseau noir et l'oiseau blanc, le grand chien qui vous pourchasse et qui vous sauve sans le savoir, l'eau qui noie ou qui vous porte, la " grande eau " que les lapins n'ont jamais vue et dont ils rêvent, et enfin ces innombrables petites fleurs des champs, avec lesquelles ils entretiennent une amitié complice et gourmande, incarnations fugaces du temps qui passe et de la Mort, leur éternelle compagne. Fable ? Œuvre de moraliste ? Livre de sagesse ? Richard Adams a simplement raconté une histoire - mais en lui prêtant une telle fraîcheur, une telle poésie et tant de mystérieux échos que nous croyons reconnaître une odyssée venue du fond des siècles. A nous de l'interpréter à notre façon, ou mieux de la lire avec des yeux d'enfant.

C'est pour distraire ses filles Julia et Rosamonde que Richard Adants commença à leur raconter ces aventures extraordinaires de lapins avant de se décider à les rédiger : Le succès de Watership Down fut prodigieux 70 semaines en tête de liste des best-sellers du Sunday Times, plus d'un million d'exemplaires en livre de poche.


Trop bien !! Ca marche d'être influençable, parfois.

Trouvé en tête de gondole, celui là, et intriguée par la couverture, puis décidée par le dos.

Il faut lire aussi - Page 4 20806810

C'est une méga aventure tout en finesse et poésie dans laquelle nous entraîne... une bande de lapins.

C'est perturbant un instant, puis génial ^_^

De se retrouver à l'échelle de ces créatures, un peu comme dans le cycle des fourmis de Werber, mais en plus charmant (dans le style, pas juste rapport aux bestioles dont il est question)

Donc, quelques pages pour se retrouver dans les herbes folles, sursauter à la moindre ombre menaçante venant du ciel, et une multitude d'autres pages pour frissonner avec ce groupe de paumés version lapins.

Paumés mais résolus, et ça ça donne la pêche ^_^
"Je ne sais pas où je vais, mais j'y vais !" comme disait un de mes anciens pseudos. C'est ça, et c'est motivant. Parce qu'on y arrive, comme ça.

Le style est léger dans la forme, super intéressant pour le fond, qu'on se sente des affinités avec les lapins ou pas. ^^

Bref, génial ! A lire.

>>

A l'orée du bois, Manitou et Argent se lissèrent les oreilles, prirent le vent et s'en furent, suivant au petit trot leurs ombres interminables jusqu'à la piste des chevaux. En avançant sur le gazon court, où tour à tour ils grignotaient et s'asseyaient pour regarder autour d'eux, ils passèrent près d'une cuvette qui n'avait pas plus de trois pieds de diamètre. Manitou, qui était en avance sur Argent, s'aplatit à une certaine distance du bord, tous ses sens en alerte. Il ne voyait pas l'intérieur du trou, mais il savait qu'une créature assez grosse y était tapie. En risquant un oeil à travers les gerbes, il aperçut la courbe d'un dos blanc. Il ne savait pas ce que c'était, mais l'animal était certainement plus gros que lui. Il attendit quelques instants, immobile comme la pierre : rien ne bougea.
- Argent, murmura Manitou, qu'est-ce qui a le dos blanc ?
- Un chat ? dit Argent après avoir réfléchi.
- Il n'y a pas de chats par ici.
- Qu'en sais-tu ?
C'est alors qu'un faible sifflement s'echappa du trou. Il dura quelques instants, puis le silence revint.
Manitou et Argent n'étaient pas peu fiers d'eux-même : avec Houx, ils étaient les seuls survivants de la Hourda, et ils savaient que leurs camarades les regardaient avec admiration. L'attaque des rats dans la grange n'avait pas été une petite affaire, et ils avaient montré de quoi ils étaient capables. Manitou, qui était honnête et généreux, n'avait jamais été jaloux du courage dont Noisette avait fait preuve la nuit où lui, Manitou, avait cédé à ses craintes superstitieuses. Mais pouvait-il retourner au Nid-d'Abeilles en annonçant qu'il avait entrevu dans l'herbe une créature inconnue et passé son chemin ? Non, c'était trop lui demander. Il tourna la tête et regarda Argent. Voyant que son compagnon ne flanchait pas, il jeta un dernier coup d'oeil sur l'étrange dos blanc et avança jusqu'au bord de la cuvette. Argent lui emboîta le pas.
Ce n'était pas un chat, mais un oiseau, et un gros
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyMer 5 Déc - 22:54

Géante
~ Nicola Barker ~


" ... je m'appelle Medve. Non, ce n'est pas une maladie. Et ça ne veut pas dire non plus rivière ou pute en vieil anglais. Pour tout vous dire, Medve était aussi une chienne de Thurber, un autre caniche, moins adulé que Christabel, et pourtant, mouise, une excellente pondeuse de l'avis général, et puis une chienne indépendante qui se lançait des balles toute seule et se les rapportait. Une vraie garce. Aucun doute.
En hongrois, Medve veut dire ours, ce qui est foutrement mal léché quand on y pense. Ne me demandez surtout pas comment ça se prononce. Sinon j'enfle et j'explose, et vu que je suis gaulée comme un cheval de trait, ça pourrait faire des dégâts. Un mètre quatre-vingt-dix dans mes chaussettes au crochet. Je suis balèze. Seize ans en 81, une langue tordue et bien pendue et des mains énormes comme deux grandes raquettes en bidoche. "


Il faut lire aussi - Page 4 Geante10


Tout le roman est écrit comme ça. C'est intriguant d'abord, intriguant dans le sens positif hein, en tout cas c'est pour ça que moi je l'ai pris.

Du brain-writting, c'est ce que j'ai trouvé de mieux comme nom, en fait on nous épargne rien des ptites pensées que même moi j'épargne quand j'écris.

C'est assez fatiguant, au bout de quelques pages. Puis on s'y fait.
Mais l'aventure ne sera pas assez palpitante pour compenser l'effort de s'y être fait.

Arrivée dans la vie tranquille mais acérée de Medve d'un grand "La Roux" aussi atteint qu'elle, fuyant la guerre de son pays.
Attirance, batailles psychologiques et manigances réelles, décryptage de leurs actions et de celles de l'entourage qui n'est pas en reste.

On arrive au bout, et on y arrive bien, mais en regrettant de n'avoir pas vu de plus plaisant paysage en route.
Le quart de couv' fait office d'extrait, non ? Ok, je tente de retrouver celui que j'avais tilté... Ah trouvé (j'suis trop forte)

Soirée musicale, à savoir, Grand est le surnom du père.

>>

Mais ça ne dure pas. On est pas arrivé au bout du premier couplet que l'affaire tourne inexorablement au cauchemar. Car c'est une pure nuisance sonore que La Roux sort de sa guitare (petite en taille mais immense en décibels). Il semble dénué du moindre talent musical.
Grand est le premier à s'en apercevoir pour de bon (le mec savoure littéralement la déconvenue).
- Je croyais..., lance-t-il avec raideur, t'avoir entendu dire que tu savais jouer de la chose.
La Roux cesse l'horrible raffut. Réfléchit à fond, puis secoue lentement la tête.
- Euh... (Il à l'air passablement troublé par notre déception visible.) Euh... non, dit-il avec un sourire, je n'ai pas dit que je savais jouer.
- Rien ? demande Patch.
- Alors pourquoi avoir une guitare ? l'interrompt Grand.
La Roux considère l'objet incriminé.
- Ce vieux machin ?
Tout le monde opine à l'unisson.
Il hausse les épaules.
- Je l'ai volé à un gosse dans le train. (Il fronce les sourcils.) Un gosse odieux !
Grand se lève d'un bond et sort sur le balcon majestueux de l'hôtel. Patch se gratte la tête.
- Ouah, murmure-t-elle (on la sent presque admirative). J'ai jamais vu un mec aussi nul.
Feely, qui se cache derrière une table en bambou à plateau de verre, fixe d'un oeil inquiet la guitare en faisant ses délices de substances muqueuses qu'il va chercher au fond de ses narines. Il a l'air convaincu que La Roux est un bourreau d'enfants tout ce qu'il y a de déclaré.
La Roux rajuste sa toge.
- Tu sais quoi ? me glisse-t-il sur le ton de la confidence. Je trouve ta famille anormalement coincée pour une bande de hippies.
Je ne réponds rien (quoi dire?)
- Et le pire, poursuit-il, c'est que j'aurais pu apprendre à jouer de la guitare quand j'étais petit, mais j'ai raté le coche. En fait, j'ai préféré prendre des leçons de natation.
- Vraiment ? Tu es bon nageur alors ? Je demande résolument.
Il cligne des yeux.
- Nageur ? Moi ?! Tu plaisantes ? (Il ricane.) Non, j'ai jamais réussi à piger le truc de base... pour flotter.
Il médite quelques instants cette ironie du sort, puis sourit, se lève, me tend la guitare, bâille, rassemble les plis de sa toge rouge avec panache et sort de la serre d'un pas léger avec les grands airs et les grâces déplacées d'une danseuse des Folies-Bergères, plutôt négligée et beaucoup trop gâtée.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Mokkimy
Feu follet
Mokkimy


Nombre de messages : 164
Date d'inscription : 07/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyMar 11 Déc - 1:51

Faut lire Kafka sur le rivage, parce que ce bouquin est bien.
Revenir en haut Aller en bas
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 27 Déc - 4:06

Il faut lire aussi - Page 4 51h35210

Une entreprise sans fin
~ Paolo Barbaro ~


Stefano et Bignou, deux frères, étudiants à Venise et parfaittement désargentés, décident de monter une entreprise de nettoyage. Ils vont, de balais en aspirateurs industriels, être entraînés dans une véritable campagne antipollution qui les mènera de l'Europe à l'Afrique. Ils découvriront très vite qu'à ce rythme de négligence écologique la terre n'en a pas pour longtemps. Et que leur entreprise est par sa nature même destinée à être sans fin...
Un livre d'un humour décapant, en prise sur son temps, qui risque d'inquiéter les amoureux de Venise autant que les habitants de la planète.


J'ai plus suivit l'évolution psychologiques des personnages et les relations entre eux tous que l'avenir écologique.
J'ai trouvé la lecture un peu lourde à digérer par moments, mais ça valait la peine de poursuivre, parce que le contenu rattrape le style.

Histoire d'un gars qui est forcé d'être à fond dans son boulot, pendant que le frère poursuit ses rêves tant bien que mal, tellement à fond donc qu'il s'y identifie de plus en plus, malgré que ce soit partit d'une idée pas du tout approfondie.

Difficile de débarquer dans le livre, donc je vous met le début en extrait :

Mon frère Franco, di Bignou, et moi, on habite au rez-de-chaussée, une chambre pour étudiants "avec douche et w-c". Dit et répété sur la pancarte, juste devant : pour é-tu-diants. Autant dire pour nègres, clochards, tiers monde.
Peu de lumière dans la pièce, dans les w-c que qu'il faut de pénombre. Murs décrépits, ampoules jaunes et bleues, pas mal. Ca pue la pisse de chat ou les restes de frigo. Mais la scène est au centre : et meme "au centre historique" - selon la pancarte. Ca, pour être historique... Dans une ruelle qu'on appelle ici Calle del Rimedio ou "le remède". Un boyau étroit comme ça, tout un intestin de ruelles, Dieu seul sait où se termine le Remède.
Entretenus, vous êtes, vous deux, ils disent à la maison. Bignou et Stefano (c'est moi). "Entretenus et vernis." A la maison = Galliera Veneta, province de Padoue, cinq mille habitants. Les cinq mille sont tous au courant qu'on nous entretient "à l'Université, hein, à Venise". Mais jamais personne ne vient jamais ici, ni les parents, ni les galérovénétiens, voir comment on s'est installés. "Pour la soutenance, on viendra pour la soutenance."
En attendant, cette année on a dû se maintenir nous-mêmes, la famille ne paie que le loyer. C'est vrai que le loyer est gratiné, mais eux, ils vont jusqu'à nous menacer : "L'année prochaine, ASSEZ - on ne casquera pas une lire, zéro." Comme ça, on doit être sages, même au Remède.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 27 Déc - 4:27

Trailerpark
~ Russell Banks ~


Quatrième de couverture
Dans ce roman en douze caravanes et treize épisodes, le grand rêve américain semble en avoir pris un coup dans l'aile. Russell Banks porte ici sur une Amérique populaire le regard à la fois tendre et caustique d'un amateur consommé de la tragi-comédie humaine : la dame du ne 11 élève des cochons d'Inde en cachette tandis que la jeune fille du 7 téléphone à Dieu. L'occupant du 3 est un prosélyte de la contraception " tantrique ", quant au vieux pêcheur, il se fait amicalement dépouiller par ses voisins du magot qu'il a enfin décroché à la loterie... C'est dans ce fourmillement de la vie immédiate et dans la chaleureuse relation romanesque qu'entretient Russell Banks avec ses " voisins " du New Hampshire que ce magnifique écrivain est sans doute le plus proche de lui-même.


Ce sont vraiment des épidodes, à savoir sans aucune transition nettement logique entre tous, mais dans lesquels on retrouve d'une façon ou d'une autres les personnes qu'on a croisé tantôt dans un autre récit.

J'avoue que j'ai pas cherché à tous les situer globalement, juste pris les épisodes commes ils venaient, limite à redécouvrir les personnages chaque fois.

C'est brut, bien écrit mais sans fluidité recherchée, naturel. Mention spéciale à la dernière nouvelle, so sad mais Bien.
Banks manie les styles avec efficacité, j'ai été contente, surprise, stressée, j'ai rit et été écoeurée selon les pages.

A lire.

Il faut lire aussi - Page 4 Banks10

Bruce regardait le vieil homme avec une admiration évidente. Merle fit alors le tour de la cabane. Il régla le tirage du poêle, sortit quelques outils et de l'équipement qu'il essaya, sécha et remit en place. Il tira alors sa bouteille de Canadian Club de sous la couchette, défit ses bottes et soudain se pencha en avant pour souffler sur la flamme de la lampe. La cabane fut plongée dans le noir.
" - Quoi ? Pourquoi vous faites ça ?" La voix de Bruce était montée d'un cran et elle était grêle.
"On en a plus besoin." Du fond de l'obscurité monta le bruit de la capsule que Merle dévissait sur la bouteille de whisky. Puis ce fut le silence.
"Combien de temps vous comptez rester encore, ce soir ?" La voix du jeune homme semblait légèrement effrayée.
"Jusqu'à demain matin." Telle fut la réponse.
"Et après, aussi longtemps que la pêche sera valable et que la glace tiendra.
- Le jour et la nuit ? Les deux ?
- Bien sûr. Il faut seulement que je rentre quand j'ai plus de whisky. Il y a beaucoup de bois le long des rives, il faudra aussi que je mette un peu le nez dehors pour ça, et puis on est bien obligé de pisser et de chier de temps à autre. A part ça..."
Ils restèrent encore un moment silencieux dans l'obscurité jusqu'à ce qu'à la fin le jeune homme se l_ve et cherche sa parka à tâtons derrière lui.
"Je... Je dois rentrer.
- Comme vous voudrez."
Il fit un pas en direction de la porte, et Merle lui dit : "Ces galles de gerbes d'or qui vous intriguaient ?
- Ah, ouais", répondit le jeune homme.
Merle frotta une allumette et son visage apparut aussitôt, tout touge sous l'éclat de la flamme qu'il aspirait dans le fourneau de sa pipe. Sa figure barbue grandissait et rétrécissait de façon presque surnaturelle avec les variations de flamme. Lorsque sa pipe fut allumée, il éteignit l'allumette et le jeune homme ne vit plus rien que le rougeoiement du tabac. "Des appâts, c'est tout.
- Des appâts ?
- Ouais. Un vieux truc indien."
Bruce resta un instant sans rien dire, puis :
"Des appâts ? Vous voulez dire que c'était un appât pour me faire pousser la cabane toute cette purée de bois ! de distance ?
- Un vieux truc indien.
- Ouais, dit Bruce d'un ton froid. Et je m'y suis laissé prendre. C'est pas vrai." Il ouvrit la porte, fit un pas rapide dans le vent et la glace, chercha dans l'obscurité les lumières du terrain à caravanes, les repéra très loin, brillant faiblement à l'ouest, et prit le chemin du retour.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 27 Déc - 4:45

Les mouches d'or
~ Anna Banti ~


Libéro, décorateur et peintre de son métier, est un intellectuel hanté par les problèmes politiques. C'est aussi le fils de paysans-métayers d'un village proche de Florence. Denise est, bien sûr, une jeune fille moderne affranchie de tout préjugé, que sa famille laisse libre de mener ses expériences jusqu'au bout. Mais c'est une jeune bourgeoise parisienne dont l'indépendance n'est que l'autre nom d'une instabilité et d'un ennui de vivre chroniques. Leur liaison aurait pu être heureuse, durable, féconde. Le destin qui fait et défait les couples ne l'a pas voulu.

Ce beau roman, riche et profond, dont le thème principal, le mal de vivre et la difficulté d'aimer, se fond harmonieusement dans une peinture réaliste de certains milieux parisiens et toscans, est l'oeuvre la plus humaine et la plus vraie d'Anna Banti qui compte parmi les grands écrivains italiens d'aujourd'hui.


Oui, c'est un beau roman ^^

Il commence en couple, puis se sépare en même temps que les deux personnages, suivant l'un puis l'autre pendant 4 ans, jusqu'à l'incrédule retrouvaille.

Il y a les questions que les personnages se posent, celles qu'ils refusent de se poser, et celles que Nous nous posons sur eux, sur nos réactions, à leur place.

On croise des tonnes de visages, de corps, de sensations, mais toujours le malaise qui suit, les désillusions, et les problèmes qui s'accumulent au lieu de trouver l'absolution.
On parvient au bout du roman avec deux personnes Chargées, tenant debout mais on ne sait par quelle force.

Bien bien, ce ptit livre.

Elle, Denise, s'était couchée à onze heures après avoir musé longuement dans la maison, oisive, ennuyée. Quelle vie impossible, il fallait se décider, prendre des renseignements, préparer un plan, partir... Belle perspective ! Sans doute ne regrettait-elle pas d'avoir plaqué Libéro et le bébé ; quand une expérience est finie, il n'y a qu'à couper les ponts : mais à Saint-Germain, il y avait au moins le dérivatif des disputes, des bagarres sur le lit qui finissaient toutes de la même façon. Sans compter le bébé et les problèmes qui le concernaient. Il avait été très facile de s'en détacher, elle ne l'avait pas désiré, elle avait même insisté pour s'en libérer, elle savait déjà qu'elle n'avait pas la fibre maternelle, Marcocci pouvait s'en délecter tout seul, de son rejeton. Mais enfin, en prendre soin avait été une occupation, qui donnait force et saveur à son désir d'évasion. Juste ce qui lui manquait depuis quinze jours, et plus que jamais en ce moment.

"Je pars pour le Congo", avait elle écrit ; et elle s'en était crue tout à faire sûre ; il suffisait de s'adresser à la première agence venue pour réaliser son projet. Congo, Inde, Chine, peu importait, l'essentiel était d'aller le plus loin possible, dans des pays exotiques, mystérieux. En ajoutant "ne me cherche pas", elle avait prévu, avec une perverse complaisance, les allées et venues harassées de Libéro dans Saint Germain chez ses amis et connaissances, l'avait imaginé se présentant place François Ier chez Mme Ravier. Au fond, sa vie insipide chez sa mère, depuis deux semaines, était tout occupée par cette attente et par la prévision qu'il lui faudrait se défendre. Mais rien ne s'était passé ; et l'ennui de sa retraite forcée avait faire perdre à Denise le fil de ses projets, tandis que la lassitude de ses sentiments pour son amant se muait en hostilité, voire en répugnance pour son souvenir.
"Et maintenant, que faire ?"
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Kam
tit'puce! (Lulu)
Kam


Nombre de messages : 474
Où je traîne : Quelque part dans ma tête...
Date d'inscription : 10/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 27 Déc - 15:15

Luciole a écrit:
Trailerpark
~ Russell Banks ~


Russell Banks, c'est BIEN ! A lire absolument aussi : American Darling. Même que mon bouquin l'est dédicassé par Russell love!
Revenir en haut Aller en bas
http://pagesperso.aol.fr/hysteriques/bienvenue.html
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyVen 28 Déc - 15:33

Il et elle
~ Bambou ~


Il faut lire aussi - Page 4 Bambou10

Vous connaissez, de nom, Bambou ? Moi ça me disait vaguement quelque chose. Renseignements pris auprès de la mère, elle est surtout connue pour avoir été la dernière compagne de Gainsbourg, et pas spécialement raisonnable niveau alcool et drogue.

Bambou, quand tes silences se dessinent (...),
Quand tes yeux absents se dévoilent...,
chantait Chamfort, paroles Gainsbourg. Nous y sommes. Bambou l'énigmatique, insondable et secrète, livre - enfin - ses mystères. Ou tout au moins peut-on le croire. Ses histoires, ou plutôt ses contes - le narrateur est, selon l'usage, "il" ou "elle" - s'ancrent dans une hyperréalité (comme on peut le dire en peinture) plus vraie que nature.
Et nous d'y retrouver pêle-mêle la femme, la compagne, la femme-enfant, la gamine, l'exilée, ses douleurs, ses fractures, ses emportements, ses folies, ses violences...
Bref, de la passion avant toute chose, le tout mené tambour battant sauce polar.

Bambou nous entraîne, avec parfois autant d'insouciance que de noeuds au ventre, dans la France profonde, sur Sunset Boulevard ou à Ibiza comme dans un Paris interlope. Mirages du réel, pistes brouillées... qui sait ?
Bambou s'ameuse : qui est "il" ?
Qui est "elle" ?


Limite le dos de couverture est mieux écrit que tout le reste du bouquin, par contre il est par trop mielleux =/

C'est pas un bon livre. L'écriture n'a pas de style, les mots tombent dans la poussière à peine lus.
Et ce coup-ci le fond ne rattrape pas la forme, les nouvelles sont aussi plates que les mots, on retrouve toujours les mêmes idées, pas forcément fines, pas développées, comme si on croisait les personnages dans la rue en leur jetant à peine un regard.

Pas de fin à ses histoires, pas de sens. Sans être fan des morales ou des conclusions types, j'aime pas rester le bec dans l'eau, à plusieurs reprises on à l'impression qu'elle arrête là parce qu'elle n'a plus d'idées pour la suite plutôt que parce que c'est terminé.

Bref, heureusement qu'il n'est pas long, ce livre.

Sophie est l'aînée, elle, la cadette. Mais elles se ressemblent tant qu'on pourrait les croire jumelles. Leur grand jeu : se faire passer l'une pour l'autre.
D'origine anglaise par le père et vietnamienne du côté maternet, ces deux adorables Eurasiennes de treize et quinze ans ont déjà un passé assez chargé. Abandonnées dans leur petite enfance, elles ont été séparées et placées dans des familles où on les considérait davantage comme des bonniches à tout faire que comme des petites filles.
Maintenant depuis un an, cette même mère qui les a mises à la DDASS les a reprises avec elle. Est-ce par culpabilité, bonne conscience ou pour les allocs ? En tout cas, l'instainct maternet n'est pas vraiment au rendez-vous. Quand au père : abonné absent depuis toujours !
Elles sont dans le même lycée, à deux années de différence. QUand elles ne sont pas à l'école, elles font des petits boulots à droite à gauche, style les marchés à cinq heures du mat l'hiver. Les doigts gelés, elles crient d'un ton peu convaincant aux passants : "Achetez les belles pommes de terre ! Trois francs les tomates !" Ou bien des gardes d'enfants, ou encore quelques heures chez un fleuriste ou un boulanger... Enfin ce qu'elles trouvent. Partout, on les accèpte, on les sous-paye, ce qui n'est pas toujours suffisant pour subvenir à leurs besoins, aussi petits soient-ils !

____________________________

J'ai une petite allergie aux " ! " dans les textes, moi.... >_< Enfin, mal utilisés comme là, en particulier. Mais bref.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 17 Jan - 14:15

Artemisia
~ Anna Banti ~


Artemisia Gentileschi, une de ces artistes extrêmement douées, parmi les rares femmes que l'histoire ait retenues. Née en 1598, à Rome, de famille pisane. Fille d'Orazio, peintre de grand talent. Victime d'un infamant procès public pour viol. Elle créa un atelier de peinture à Naples. L'une des premières femmes qui soutinrent à travers leurs paroles et leurs oeuvres, le droit de travailler selon ses aptitudes et la reconnaissance d'une égalité intellectuelle entre les deux sexes. Ce sont les quelques paroles essentielles que Anna Banti adresse au lecteur avant de commencer son dialogue animé et passionné avec Artemisia, avant de la suivre dans ses pérégrinations à travers l'Italie d'abord, puis l'Europe, dans une fidélité absolue, ferme et invincible, à sa vocation pour l'art.
Artemisia, un portrait à la fois imaginaire et documenté, d'une personne dont le destin méritait de rester dans le souvenir, comme exemplaire.


Anna Banti, c'est Beau. Et ce roman est encore plus prenant que Les mouches d'Or, rien que par la fusion avouée entre l'auteur et son héroïne (sa héro, hein, par la drogue).

Pas de récapitulatif d'une vie, pas de dates, lieux et faits nettement marqués, juste l'esprit d'Artemisia qui parcoure le monde, perdue, espérant ou non, réconfortée puis trouble de nouveau, parce que rien n'est simple.

L'écriture surtout est vraiment touchante. A avoir du mal à vouloir regarder l'heure parce qu'on sait qu'il va déjà être tard, et qu'il faudrait lacher le livre.
Ca se lit comme on regarde peindre, muets, les yeux grands ouverts et l'esprit fermé à tout sauf aux couleurs.

Un régal. A lire.

Et je veux des "crtl+F" dans les bouquins !! >__< Pour retrouver les passages que j'ai tilté (j'pourrai aussi mettre des marques page, ouais...)

Trouvé ^^

Artemisia est en train de terminer un tableau, présentant un homme égorgé par un coup de poignard. Anastasio lui sert de modèle, et un groupe de femme viennent régulièrement la regarder travailler et papoter.

>>
C'est alors qu'Anastasio entra. Il venait pour la dernière séance de contrôle, et selon son habitude il s'étendit tranquillement sur sa couche, posant dans une attitude fatiguée : il le fit avec une telle discrétion que les femmes le virent soudain, revenu à sa place, comme par magie. Il y eut un silence, et cette pause fut vraiment une attention d'élytres avant l'envol : la gaieté demeura en suspens, et une sensation de vide et de danger saisit Artémisia dans son dos : elle se retourna. Violante était déjà à la fenêtre, près de l'homme, jamais elle n'avais osé aller si loin.
"Il faut frapper ici", dit-elle d'une voix où l'écho d'un rire récent n'apportait qu'un tremblement de mauvais augure ; d'un doigt noueux et marmoréen, à l'ongle carré, elle désignait ainsi la gorge de l'homme. Celui-ci, allongé dans sa position habituelle, avec un effort maladroit, se redressa d'un seul coup. Violante recula d'un pas devant ce mouvement désordonné, mais les autres s'approchèrent. Les grossiers vêtements défaits, et la peau brunâtre sous laquelle saillait une musculature excessive, presque ridicule, confirmèrent, mêlé à un instinct de répulsion, un droit d'emprise menaçant. "Les hommes ne se lavent jamais, pas mêmem les chevaliers", vociféra l'une des Torrigiani ; et Giovanna éclata de rire. "Tous ces poils ! Le coiffer avec des boucles, le couvrir de rubans et de perles !" "Ôte-lui cette perruque, nous voulons l'arranger à notre façon." "Qui fait Juddith ?"
Fascinée d'horreur, Artémisia vit, du fond de la pièce, une lame fine étinceler au-dessus du groupe des femmes, et c'était Caterina qui la tenait, serrée dns son poing de morte, son doux visage endormi, la tension marquant son front bas et lisse. "Rhabillez-vous, Anastasio !", hurla Artemisia. Le géant, qui paraissait chercher son salut dans un sourire servile et stupide, retrouva l'usage de ses membres, il ramassa son caban et l'enfila, ses gestes suffirent pour que l'assaut mythique fondît comme neige au soleil. Le poignard disparut, les dames recouvrèrent leur calme, presque amnésiques, passant sans transition à la désinvolture effrontée de conventines prises en faute, et déjà figées dans une attitude de portrait. Ainsi, Lucrezia Torrigiani avait l'oeil fixe et le front impassible d'une de ses aïeules peinte par Bronzino, tandis que l'austère Violante n'eut pas besoin de faire un geste pour que sa coiffure de veuve retombât d'aplomb autour de ses joues. Les unes debout, les autres assises, dans leurs robes aux plis harmonieux.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 17 Jan - 15:36

L'envie de Marie
~ Elisabeth Barillé ~


Marie se croit heureuse. Elle aime Luc, Luc l'aime, et il aime son métier : architecte.
Il construit un somptueux palais pour un milliardaire à Marrakech. Marie y rencontre Nadège. Nadège fascine Marie : c'est une call-girl.
Peu à peu, Marie prend la place de Nadège... Délivrance ? Déchéance ? Plaisir ?
Les femmes ont toujours payé cher leur audace... Mais aujourd'hui, elles se la font aussi payer.

Elisabeth Barillé est née à Saumur. Elle cit et travaille à Paris. Corps de jeune fille, son premier roman publié chez Gallimard a reçu une accueil exceptionnel de la part du public et de la critique. Il est traduit en cinq langues.

C'est marrant comme ils font la pub du PREMIER roman à la couverture du deuxième ^^
Genre : "ok, vous avez peut-être pas bien aimé lui, mais l'autre est mieux !"

J'aime pas non plus l'excès de suspension dans le résumé. Mais bon, on est pas là pour commenter le quart de couv' ^^

Il m'a pas laissé un souvenir impérissable, le bouquin. Par contre ça se lit bien, et le style est assez original, un peu chaotique mais en restant facile à lire.
Comme l'histoire, d'ailleurs. La Marie est un peu chaotique mais facile à lire ^^

Bref, sympa mais pas exceptionnel.

Début du roman >>

C'était mon premier vol sans somnifères. J'ai horreur de l'avion. D'habitude, en franchissant la porte d'embarquement, j'avale quelques pastilles. Mais cette fois-ci, -j'en étais convaincue - rien ne pouvait m'arriver ; j'allais rejoindre l'homme que j'aimais.

Luc. J'avias détesté ce prénom quand je l'avais entendu au cours du dîner chez Cécile. Luc. Trois lettres. Un son sec.
Luc était en retard. Cécile s'impatientait. Il avait été son professeur du temps où, toquée d'architecture, elle passait ses journées aux Beaux-Arts. Plus ? Peut-être pas. Cécile savait fidéliser ses connaissances. Ils y avait toujours chez ellede l'excellent champagne et les architectes, affirmait-elle, goûtaient les bonnes choses.

Nous allions passer à table quand il était arrivé. On nous présenta. Je tendis la main, pour me garder du baiser qu'il n'aurait pas manquer de me faire, en vertu de cette manie, fort parisienne, d'étreindre des inconnus comme de vieux amis. Ma main, il la serra puis la posant à plat sur sa paume, il admira ma bague et cita un joaillier des années quarante. Je déteste rougir. J'aurai voulu répondre, le provoquer. Luc avait l'assurance des hommes beaux. Je songeai à la femme qui l'aimait et la plaignis. On ne devait jamais la remarquer.

"En voilà un qui me fera souffir."
Qu'avais-je besoin d'un homme qui m'aurait rendue heureuse ? Je l'étais déjà.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 17 Jan - 15:58

La bibliothèque
~ Hubert Bari ~


Strasbourg, 1870. Sous les obus incendiaires, au coeur de la ville assiégée, le bibliothécaire Auguste Saum confie à un collègue qui réussit à fuir le plus précieux de ses trésors, le Hortus Deliciarum. La bibliothèque est réduite en cendres, le sauveur ne réapparaît pas et le bibliothécaire meurt, rongé par le remords.
Cent vingt ans plus tard, un collectionneur découvre le journal de Saum - superbe et émouvante confession - et se met à la recherche du manuscrit merveilleux. De Strasbourg à Leipzig et à Moscou, les tribulations du bibliophile devenu enquêteur conduisent dans les secrets d'Etat de l'ex-URSS...
Premier roman d'un bourlingueur érudit, La Bibliothèque mêle avec brio l'histoire et la littérature. Sa dimension mythologique réussit à mettre en scène un drame parmi les plus intolérables, la destruction par le feu d'une bibliothèque.
Alexandrie, Strasbourg, Saint-Pétersbourg, Sarajevo : le cri des livres et la fureur des hommes retentissent jusqu'à nous.

Je n'ai pas pu entrer dans le récit. Restée à la porte monumentale de la bibliothèque qui a finit par être entièrement brûlée, je contemple Saum, le narrateur et l'auteur mener leurs investigations, leurs missions personnelles, avec plus ou moins de succès.
J'aime bien écouter les gens passionnés, même quand je comprends la moitié de ce qu'ils racontent. C'est à peu près dans le même esprit que j'ai vécu l'histoire de Saum, (plus intéressante que celle de son enquêteur, pour moi), notant les références sans aller chercher plus loin que ce qu'il en disait.

Je ne sais pas si c'est depuis que le livre est sortit ou avant, mais Hubert Bari est le muséologue du Museum National d'Histoire Naturelle, c'est la classe. Ca doit bien lui aller. =)

Ouverture du roman >>

Cela commençait par un simple Mon ami virgule. Ce n'était pourtant pas une lettre ordinaire, mais plutôt un récit, une sorte de longue confidence qui remplissait cinq cahiers. J'avais fait la découverte par hasard, dans de gros dossiers que je m'étais fait monter pour consultation depuis les réserves de la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg. J'avais eu ce jour-là, alors que resplendissait au-dehors le premier soleil de l'année, l'idée curieuse de m'intéresser à la destruction de l'ancienne Bibliothèque municipale de Strasbourg par les bombardements de 1870. J'étais enfermé dans une salle comme il en existe dans toutes les bibliothèques : des tables alignées, des lapes qui pendent au bout de longs fils, des murs de livres et un escalier à vis, en bois terni, qui mène à une mezzanine où les catalogues courent le long de tous les murs.
Je menais une recherche relative à quelques livres rares imprimés peur après Gutenberg, et les témoignages sur les collections d'incunables de l'ancienne Bibliothèque m'étaient précieux. Je plaçais dans cette quête toute l'énergie que seul peut y mettre un collectionneur. Je suis aussi medecin, et donc conscient de ce comportement névrotique qui me lie à ma passion au point de trouver vivifiante une tâche d'apparence ingrate. Je rêvais, comme d'autres, de détenir le livre rare, unique, la pièce qui mettrait en émoi une réunion savante, et que je cacherais ensuite dans mon grenier de peur d'être volé. C'est ce rêve-là qui m'amenait à fouiller dans ces vieux dossiers et à déplacer des lanières usées pour ouvrir des chemises fatiguées.
La récolte s'annonçait mince. [...]
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 17 Jan - 16:24

Les seigneurs de la nuit
~ Salim Barakat ~


Il faut lire aussi - Page 4 41dvf210

Dans un village kurde du nord de la Syrie, la seconde épouse d'un propriétaire terrien met au monde un enfant monstrueux qui, dès sa naissance, s'adresse à sa mère et à sa famille comme s'il les avait déjà rencontrés dans une vie antérieure.. En une seule journée, le petit Baykas (" unique ", en kurde) devient adulte, se marie avec sa cousine, vieillit jusqu'à la décrépitude puis disparaît dans la neige, pieds nus, emmitouflé dans la cape de son père. Entrent alors en scène, comme dans un cauchemar, les autres seigneurs de la nuit, dont le fils de Baykas qui, lui aussi, consume toute sa vie en une seule journée... Dans ce roman puissant, qui a la démesure d'un récit épique, Salim Barakat abolit le temps : le passé n'est pas seulement ce qui a été, mais ce qui est et ce qui sera. Cernés par les arbres, les mulets, les tombes, la neige, la nuit, qui participent de l'action autant qu'eux, ses vingt-huit personnages vivent intensément leur vie, et plus encore la vision qu'ils en ont. L'écrivain rétablit la parfaite identité du mythe et de la réalité, faisant jaillir des situations les plus absurdes toute la fureur de vivre du peuple kurde.

Super étrange °__° Intéressant, du coup, mais super étrange.
Pas facile à lire, je crois, en tout cas moi j'ai mis un peu de temps. Trop de personnages aux noms étranges aussi ^^; (En jap je suis habituée mais pas en arabe ^^ )

Mais rien que pour le nombre d'idées trop intéressantes, ça valait le coup de le lire ^^

>>
Tout d'abord, l'être ne laissa voir de son visage que ses yeux et son nez. Mais le masque de neige s'effrita petit à petit avec le mouvement des mâchoires et des lèvres, qui continuaient à murmurer :
"Kerzo... Viens !" Le garçon s'approcha, épiant la forme puis laissa échapper un cri étouffé : "Békas, Békas !?!" Il s'affala près de son frère.
Békas porta ses mains molles à son visage et essuya la neige qui y adhérait. Son visage aussi semblait ramolli. Bleu, couvert d'une barbe sans couleur. Il sourit. Du moins, c'est ce qu'il sembla au garçon qui se ressaisit et demanda dans un murmure :
- Que fais-tu ici ?
Békas répondit d'une voix alanguie :
- Et où devrais-je être ?
- A la maison.
- Pourquoi à la maison ?
Désorienté, Kerzo laissa errerson errer son regard sur l'étendue blanche et dit simplement :
- N'as tu pas froid ?
Lui-même avait froid et claquait des dents. Il enfouit ses mains sous ses aisselles pour les réchauffer. Békas ne cessait de fixer de ses yeux tombants le visage de son frère, comme s'il attendait que ce dernier levât quelque secret, mais Kerzo avait perdu le fil des évènements. Il se souvint brusquement de la raison de sa présence en cet endroit :
- Je me rendais chez Avdé Saré pour lui annoncer que tu étais mort.
Et comme Békas fronçait les sourcils, Kerzo expliqua :
- Père a dit que tu étais mort !
Puis il sourit comme s'il avait résolu l'énigme :
- Retournons ensemble à la maison. Tu n'es pas mort.
Après un instant de silence, une interrogation pressante se dessina sur son visage :
- Pourquoi père ment-il, Békas ?
Békas tendit la main et lui tapota le genou :
- Père ne ment pas, Kerzo. Il te faudra, dans quelques temps, annoncer la nouvelle à mon grand-père Avdé Saré. Ne l'oublie pas.
- Et que dois-je lui annoncer ? souffla le garçon à travers ses lèvres bleues qui s'étaient resserrées.
- Dis-lui : Békas est mort.
- Tu mens comme mon père, dit le garçon d'une voix tendue.
Békas pencha la tête, puis la releva. Il fixa son frère en souriant, puis murmura :
- Regarde !
Il ouvrit le manteau de laine fourrée - celui de son père, qu'il avait revêtu la nuit de ses noces - , découvrant sa poitrine, et le garçon porta aussitôt ses mains devant son visage pour se protéger.
Une tornade d'étourneaux jallit du manteau de Békas, heurtant le garçon, surpris, qui se mit en boule. Quand les violents battements d'aile se furent calmés, Kerzo ouvrit les yeux lentement : Békas n'était plus là. Tout là-haut, une bande d'oiseaux noirs se dirigeait vers le nord.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Luciole
Ange des chemins à l'abricot
Luciole


Nombre de messages : 2488
Où je traîne : lune
Date d'inscription : 05/10/2004

Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 EmptyJeu 17 Jan - 16:45

Corps de jeune fille
~ Elisabeth Barillé ~


Un corps de jeune fille c'est toujours l'idéal, la pureté, la réserve. Le lecteur de ce roman allègre aura la surprise de découvrir, aujourd'hui, une réalité plus sauvage, lucide, une ironie active qu'il n'est pas prêt d'oublier.
Elisa a vingt-trois ans. Elle se voit. Elle sait ce qu'elle éprouve. Elle s'écoute. De même qu'elle s'étonne déjà de son enfance, elle note la façon dont elle est imaginée et désirée par les hommes, ainsi que les confidences, désabusées ou rieuses, de ses jeunes amies. Surgit "l'Ecrivain". Personnage séduisant, trouble, probablement myhtomane, qui veut faire d'elle, dit-il, l'héroïne de son prochain livre. Et c'est là que ce récit, cruel comme un conte du dix-huitième siècle, va tourner à l'histoire de vampire. Qui va profiter de qui ?
Oui, les jeunes filles ont décidément bien changé depuis Proust. En fleurs, toujours, mais autrement vénéneuses. D'ailleurs, ce sont elles-mêmes qui racontent maintenant l'envers du décor... Et d'emblée, en leur donnant la parole, Elisabeth Barillé, avec Corps de jeune fille, nous dit ce que ne se dit pas, avec des dons éclatants.


Ouais, presque. ^^ Vu que ça date de 1986, on peut comprendre l'effet "nouvelle vague" qui se ressent un peu moins à la lecture.

Il faut lire aussi - Page 4 41pj1q10

>>

L'écrivain marche sans souffler mot, arrachant au passage des branches de peuplier et les brisant comme s'il voulait apaiser un bouillonnement intérieur.
- C'est d'avoir dû, à cause de moi, quitter le vernissage qui vous rend si morose ?
- Mais non. J'étouffais moi aussi...
Il retombe dans son mutisme.
- Quel agrément de se promener avec vous !
- Comment un barbon comme moi pourrait-il vous divertir ? Ne me dîtes surtout pas que je fais plus jeune que mon âge. Epargnez moi ce mensonge. Je sais que je suis vieux. Je sais aussi pourquoi vous me supportez.
- Tiens ! Et pourquoi donc ?
- Parce que je suis écrivain.
Ne sachant pas trop quoi lui répliquer, je lui bredouille que ce n'est pas l'unique raison, que je l'aime bien.
- Vous n'allez pas recommencer !
Il me fixe durement. Son oeil gauche se remet à cligner. J'ai beau savoir que c'est un tic nerveux, cela m'effraie.
- Elisa, les justifications sentimentales me révulsent. Nous sommes ensemble parce que nous y trouvons tous deux notre compte. Le mien, vous le connaissez : vous me servez de modèle romanesque. Quand au vître, je le devine... Arrêtons cette conversation stérile. Je ne sais pourquoi mais je me sens mieux. Je me sens même tout ouïe pour vous écouter.
- C'est injuste ! Pourquoi parlerais-je à coeur ouvert à un homme qui refuse d'en faire autant !
- Parce que votre personnage me passionne, alors que moi, je ne vous intéresse pas en tant qu'individu mais en tant qu'écrivain. Mais si, mais si. L'intérêt que vous me portez - si vous m'en portez un - est d'ordre narcissique. Je vous sers de miroir. J'en ai l'habitude et cela me plaît. Allez, soyez bavarde ! Dîtes-moi, par exemple, pourquoi vous m'avez proposé de descendre quai Voltaire.
Je soupire. "Dîtes-moi. Parlez-moi. Soyez bavarde."
C'est abîmer les souvenirs que de les raconter. Essaie-t-on, qu'ils paraissent moins éclatants, comme les papillons qui, capturés avec maladresse, perdent leurs pigments en laissant sur les doigts un peu de poudre d'écailles.
Si je dis à l'écrivain que la Seine, quai Voltaire, me rappelle la Loire, il me rira au nez. Si j'ajoute que les peupliers me font songer à ma mère, il ouvrira des yeux ronds.
Revenir en haut Aller en bas
http://www.fcdqg.zik.mu
Contenu sponsorisé





Il faut lire aussi - Page 4 Empty
MessageSujet: Re: Il faut lire aussi   Il faut lire aussi - Page 4 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 
Il faut lire aussi
Revenir en haut 
Page 4 sur 5Aller à la page : Précédent  1, 2, 3, 4, 5  Suivant
 Sujets similaires
-
» Il faut lire...
» Il faut lire encore et toujours [v.5]
» Ils ont dit aussi

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
QG du Fan Club de Diabou :: Vive Marcel le Coucou ! :: Le ciel et les nuages-
Sauter vers:  
Ne ratez plus aucun deal !
Abonnez-vous pour recevoir par notification une sélection des meilleurs deals chaque jour.
IgnorerAutoriser