Il faut lire ou éviter de lire [v.4]

Cinq solutions pour en finir
~ Dominique Douay ~

Pour en finir avec l'homme, bien sûr. En bricolant la réalité, en trafiquant les apparences pour qu'il n'y ai plus de futur envisageable. Cinq génocides sucrés, cinq tentatives de meurtre prises sur le vif, cinq fins du monde d'une douceur telle que que vous n'en reviendrez pas.

Un de ces vieux bouquins de SF pris à la Poire et qui généralement sont des bonnes surprises, de la collection Présence du futur.
Des nouvelles intrigantes, originales et intéressantes à lire. Le style est assez pimenté pour m'accrocher, ce qui n'est jamais gagné avec la SF ^^

Pas de photo, parce que c'est un vieux vieux livre et que personne n'a mis sa couverture sur le net O_o

Une parfaite chambre de malade
suivi de La désagrégation du papillon
~ Yoko Ogawa ~

Une jeune fille apprend que son frère, malade, doit passer les derniers mois de sa vie à l'hôpital. Jour après jour elle lui rend visite et leur intimité s'accroît, au rythme des saisons, dans la quiétude de la chambre blanche.

Suivi de LA DESAGREGATION DU PAPILLON
Une jeune femme vient de confier sa grand-mère à une institution médicalisée. Dépendante, silencieuse et immobile, la vieille dame semble peu à peu s'effacer de toute réalité. Dans la mémoire et l'inconscient de sa petite-fille, la solitude est immense...

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Heu... Space. Je n'ai pas du tout accroché avec la vision organique des choses... =/
Donc je reste septique, mais sûrement que ça peut être bien, vu que l'auteur a eu des prix et tout (entre autre pour ce livre)

Enterre mon coeur à Wounded Knee
Une histoire américaine (1860-1890)
~ Dee Brown ~


VOILA le livre que j'attendais depuis que j'en lis sur les amérindiens. Il est Parfait. Renseigné, daté, partial mais pas borné, captivant.

"Plus de deux cents cultures indiennes ont été virtuellement détruites, entre le Massachusetts et la Californie, au cours de l’histoire des Etats-Unis. Il nous faut nous souvenir de ce qui s’est passé à Sand Creek ou à Wounded Knee." Jim Harrison

Largement fondé sur des documents inédits – archives militaires et gouvernementales, procès-verbaux des traités, récits de première main… –, ce document exceptionnel retrace, de 1860 à 1890, les étapes qui ont déterminé "La Conquête de l’Ouest". De la Longue Marche des Navajos au massacre de Wounded Knee, il se fait ici la chronique de la dépossession des Indiens de leurs terres, leur liberté, au nom de l’expansion américaine. Si l’Histoire a souvent été écrite du point de vue des vainqueurs, Enterre mon coeur donne la parole aux vaincus, de Cochise à Crazy Horse, de Sitting Bull à Geronimo, et compose un chant tragique et inoubliable. Publié pour la première fois en 1970 aux États-Unis, traduit dans le monde entier, où il s’est vendu à plus de six millions d’exemplaires, Enterre mon cœur à Wounded Knee est devenu un classique.

Pensées
~ Blaise Pascal ~

Pas besoin de le présenter ? Hé ben figurez vous qu'il a eu une vie carrément étrange, Pascal ! Appris ça dans l'intro aux pensées, écrite par sa soeur (l'intro, donc...)

Complètement fana de religion, pas seulement à cause du pari, il portait ceinture à clous, etc... Space, donc.
ça n'enlève rien à la saveur de ce recueil. Franchement génial à lire, surtout en période de remise en cause et de prise de tête au Québec =P
(Lu devant l'étang où je me cachais, lu aussi en attendant que le flic embarque le truck qui était interdit de rouler... arf)

"L'homme est un roseau pensant" : cette célèbre pensée ne constitue qu'un des quelque huit cents fragments que comptent les Pensées, qui composent l'un des textes fondateurs de la pensée moderne. Destinées à l'origine à convaincre les libertins de la nécessité de croire en Dieu, ces pensées, telles que nous les lisons, forment un texte qui dépasse largement la simple apologie de la religion chrétienne et qui s'adresse à un public très large, puisque son principal sujet, c'est l'Homme. En voulant apporter la preuve mathématique de l'existence de Dieu (c'est l'argument bien connu du "pari"), Pascal nous livre avant tout une exemplaire peinture de l'Homme, miné par sa misère, mais sauvé par sa grandeur. Maximes à méditer au hasard ou essai sur l'Homme à dévorer d'une traite, chacun trouvera dans ce texte une lecture qui lui correspond.



Donc, un livre important.

Le code du diable
~ John Sanford ~

"Être un peintre de talent n'empêche nullement Kidd de mener une double vie et de connaître une existence parfois aventureuse. Il habite Saint-Paul dans le Minnesota et fait partie de l'anonyme confrérie des hackers, ces subtils pirates de l'informatique à qui aucun ordinateur ne peut résister. Kidd est contacté par Lane Ward. Elle vient d'apprendre la mort de son frère Jack Morrison, employé à Dallas par la société AmMath, qui tente de mettre au point la puce informatique "Clipper 2" destinée à assurer un cryptage inviolable des données de haute sécurité sur Internet. Selon la version officielle, surpris en pleine nuit dans les locaux de la société, l'informaticien aurait tiré sur le vigile avant d'être abattu. Kidd, qui le connaissait un peu, comprend vite qu'il s'agit d'un coup monté. Dans son courrier électronique, une lettre de Morrison l'informe d'une anomalie découverte dans le programme d'AmMath."

Très confus au début, et le fait que je le lise seulement le soir après de grosses journées n'est pas Tout à Fait une excuse ^^;

Des chapitres courts avec plusieurs organismes mélangés et entre croisés, tout comme les personnages.
Une fois enclanchée, l'histoire se lit par contre très bien, et le suspens est assez présent pour donner envie d'aller au bout, malgré un style un peu lourdaud (le genre de style qui va avec les polars, et ce pourquoi je me méfies chaque fois que je vais en lire un...)

Pas le pire que j'ai lu, pas le meilleur non plus;

Comm amazon > Un homme, John Smith, d'origine indienne et élevé par des blancs, est en complète perte d'identité. Il ne parvient pas à être "blanc" ni à s'intégrer dans la communauté indienne. L'impression de se retrouver seul au monde, perdu au milieu d'hypocrite, il va errer nuit et jour dans une ville en effervescence.
A Seattle, un meurtrier indien kidnappe et assassine des blancs. A partir de là, les médias faisant monter la pression, des passages à tabac, des actes de vengeance, vont bouleverser l'équilibre précaire entre les blancs et les indiens.

Sherman Alexie décrit un monde violent, agressif, complètement paumé qui se cherche un bouc émissaire. Sans manichéisme, il critique avec virulence la non reconnaissance des indiens, tout en leur tapant sur les doigts à eux aussi.

Un roman qui se lit à la fois comme un policier haletant, une quête spirituelle, une étude sociologique...

Lisez-le !

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J'aime Sherman Alexie. J'avais lu il y a un moment Indian Blues, le bouquin qui me l'a fait aimé, donc, et un peu plus tard Flight, plus léger mais chouette quand même.

J'avais donc une certaine attente pour celui-ci, d'autant que j'avais lu une vraie bonne critique d'une autre lectrice sur un blog.
Et en fait, j'ai été plutôt déçue, dans l'ensemble. La trame était toute dirigée par le côté thriller, et ce n'est pas ce que j'étais venue trouver.

Cependant, il est quand même vraiment bien foutu, il a eu le mérite de me choquer pas mal alors que je me considère comme une blasée de ce genre là (politico-gore), et les personnages sont vraiment largués dans le bouquin sans que nous, les lecteurs attachés à leurs pas, le soyons trop.

Et, il y a encore l'ambiance de fond et les passages remarquables qui traitent avec la sincérité et la partialité si intéressante le lien et surtout le fossé qui existait et existe toujours entre blancs et peaux rouges, même censés être intégrés et modernisés.



Donc, bonne lecture au final, prenante et marquante, malgré le choix de rester dans un cadre plutôt scolaire du thriller. (Malgré, ou grâce, ou autre... selon si le lecteur aime ou pas le genre ^^)

Antigone
~ Henry Bauchau ~

Bauchau. Toujours déconcertée par les oeuvres que je lis de lui au fur et à mesure, toujours fascinée.
Antigone, fin d'une trilogie dont il me manque le milieu d'après les commentaire que je lis. A me procurer donc : Diotime et les lions. J'avais lu Oedipe sur la route, j'avais retenu : "S'il ne sait pas où il va et que pourtant il marche, c'est bien."

Bauchau et son style complètement inimitable, qui ne cherche d'ailleurs ni à l'être ni à éviter de l'être. Une écriture féminine (trouvé-je), spirituelle, qui apporte la preuve que le monde n'est pas seulement celui que l'on nous montre par ailleurs, qu'il est celui que l'on décide de voir, de ressentir.

BOUM pour Antigone, comme pour les autres que j'ai lu.

"Suivant Œdipe sur la route, serviteur des langues du songe/ Vint celle qu'on n'attendait pas/L'enfant longue, la naissante, la lucide, la limpide Antigone des rivières.»
Après avoir erré dix ans avec son père, Œdipe, celui qui tua son père et épousa sa mère, Antigone rentre à Thèbes pour empêcher la guerre que préparent ses deux frères bien-aimés. Pour eux, elle plaidera, mendiera, dansera, luttant de tout son corps contre la haine qui fait vaincre.

Elle sculptera dans le bois leur histoire, celle d'Etéocle le mal-aimé, le moins aimé, celle de Polynice le triomphant, le solaire. Elle tentera tout, pleurant le soir dans les bras de ceux qui l'aiment, bravant la loi au péril de sa vie. Femme aimante et endurante, fragile et éternelle, Antigone échouera et mourra. Ainsi en a décidé Sophocle dans l'une des plus belles tragédies grecques écrites il y a plus de deux mille ans. Ainsi en a décidé Henry Bauchau, romancier, poète et dramaturge d'origine belge, qui, depuis la première Antigone, refait tout le chemin en un récit éblouissant.

Eblouissant, cet art du roman qui raconte la danse, le bruit des armes, les cris des chevaux et la peur du noir là où la pièce n'est que répliques.
Eblouissante, cette langue dénudée et matérielle qui fait dire à Etéocle: «Ma pauvre sœur, je crois que tu ne comprendras jamais rien à la haine. La haine, c'est l'amour en dur.»
Eblouissante enfin cette éternité d'une femme «ignorante, éclairante» qui s'expose au nom de la vie et jamais du sacrifice. Après Œdipe sur la route et Diotime et les lions traduits en plusieurs langues, Henry Bauchau clôt avec Antigone une trilogie romanesque dont on pourrait dire qu'elle nous offre avec une rare beauté le sentiment du monde."

Grand classique s'il en est, lecture obligatoire au collège ou lycée, je ne sais plus si je l'avais lu ou juste évité... Si je l'avais lu, je ne me souvenais de rien ou presque.

Et franchement, je rejoins le commentateur amazon disant qu'à l'âge où on leur fait lire, les collégiens manquent d'armes pour l'apprécier.
Ce n'est pas seulement un roman "d'éducation sentimentale", en fait. Loin s'en faut, même si l'amour semble être le principal et le devient à la fin, il n'est pas du tout au centre des réflexions et des ambitions de Julien.
Ce qu'il recherche surtout c'est le moyen de s'echapper de sa condition première, maltraité par sa famille avec laquelle il essaiera de couper les pont dès qu'il le peut. Et parvenir, dans le monde, à la recherche d'une action d'éclat impossible à trouver, et donc se faisant une place en minaudant et cherchant à impressionner dans les salons et auprès des femmes. Pas pour l'amour, pour la gloire.

Du coup, plaisant à relire (ou lire) maintenant, de pouvoir suivre les vagues du mauvais sort et des caractères très fouillés de pas mal de personnages, jusqu'à la fin sombre.

Comm de Tsujikaze, sur Amazon :
"Enfance.
En racontant la sienne, on peine à croire que Nathalie Sarraute saura nous parler d'autre chose que de son enfance à elle. Comme on a tort !
Car ce n'est pas directement de son histoire qu'elle nous parle, mais bien de la manière dont elle a ressenti les évènements qui l'ont construite et l'ont fait grandir.
Sarraute décrit l'imperceptible. Les émotions, les idées que provoquent en elle un mot, un geste, un regard que l'autre a voulu anodins mais qui la bouleversent, elle et sa sensibilité exacerbée d'enfant.
Et à travers ses bouleversements, c'est soi que l'on trouve : notre innocence d'enfant, quand on pouvait tout devenir et que les autres nous ont forgé sans le vouloir, sans le savoir. Nos traumatismes, nos joies, notre intimité.
Madame Sarraute, jamais je n'ai trouvé la littérature plus belle que sous votre plume car c'est la vie qu'elle éclaire. Rarement je n'ai vu si bien mis à nu ce lien qui nos unit tous. Merci. "



Enfance
~ Nathalie Sarraute ~

Écriture qui semble à la fois soignée et spontanée, touchante du coup et un plaisir à lire.
En forme de dialogue avec une autre elle-même, qui parvient à poser et à commenter aux bons moments pour faire ressortir une certaine vérité, ôter les masques que l'on garde même lorsqu'on est seuls.

C'est un travail honnête et intéressant, bon livre.

Les Justes
~ Albert Camus ~

Magnifique.

Sous forme d'une pièce de théâtre, Camus nous offre des dialogues entre un groupe de terroristes russes qui s'apprêtent à assassiner un Duc, symbole d'un pouvoir qu'il leur faut absolument dévisser, pour les générations futures.
La situation se complique lorsque l'attentat met en danger les enfants du Duc... Passer outre et leur ôter la vie, à ces être innocents de tout, dommages collatéraux obligatoires pour la cause de l'humanité ?

Chaque personnage doit avoir sa ligne de conduite, afin d'être efficace, mais elle est remise en question à chaque évènement, à chaque action du monde et des autres.
C'est la fragilité qui caractérise ces êtres qui pourtant doivent se montrer les plus forts pour atteindre à la vie d'autres...

Un livre génial, donc.

"Dans un motel, une jeune femme se délasse sous la douche. Emergeant de la vapeur, une main écarte le rideau en plastique. Une autre brandit un couteau de boucher. L'inconnue hurle d'effroi. Insensible, l'assassin abat encore et encore le bras. Bientôt une spirale sanglante se forme autour de la bonde... Cette scène de Psychose d'Alfred Hitchcock, l'inspecteur Byrne et sa coéquipière Jessica Balzano la croyaient réservée au panthéon du cinéma. Mais voilà qu'un détraqué l'a reproduite. Et filmée. Pour de vrai. Et s'ils ne l'arrêtent pas très vite, le tueur cinéphile risque de transformer Philadelphie en Hollywood macabre car pendant que les pistes se multiplient, la caméra continue de tourner..."

Bon, le principe était sympa, des meurtres reprenant de grandes scènes de crimes au cinéma.
Ceci dit, n'étant pas plus fan des films policiers/meurtriers que de la littérature du même genre, j'étais loin d'avoir toutes les références.

Et surtout, le style comme souvent, pas à la auteur de l'histoire, et des personnages trop stéréotypés, trop brouillons.

Bref, je l'aurai oublié dans quelques jours.

Zadig ou la destinée
~ Voltaire ~

Great book !

Sous forme de contes, qui racontent chacun une partie de la vie de son héros Zadig, Voltaire fait sourire voire rire souvent, mais bien plus souvent encore interpelle et donne à réfléchir sur des notions simples et intemporelles. Juste une certaine vision, qui s'appliquait à son époque et continue à s'appliquer à la notre.
Il arrive pas mal de malheurs à Zadig, alors qu'il s'efforce d'être bon et droit dans son comportement, et il voit tous les "méchants" réussir bien mieux leur vie que lui.

Interrogations, mais il continue à poursuivre ses aventures et ses idées dans le monde, jusqu'à ce qu'enfin le sort le réunisse à son amour et le fasse roi. J'aurai bien suivi encore pas mal de ses aventures.

Un peu à la Candide, mais en plus sympathique pour moi.

Carnets
~ Joseph Joubert ~

Pavé de 660 pages remplit de pensées croquées, évaporées mais scotchées sur des papiers volants ou non et récapitulées là... ça aurait du me plaire tellement !

Malheureusement, j'ai abandonné après avoir sauté de plus en plus de paragraphes.

Le style est d'époque, et il a vieillit. Intéressant niveau orthographe, je vois que je n'ai aucune raison vraiment d'embêter les jeunes avec leurs mots, vu que ma propre façon d'écrire ne date pas d'il y a longtemps ^^ La plupart des mots se sont vraiment déformés depuis l'époque de Joubert, qui n'est pas si vieille que ça.
Donc ce n'était pas le plus dérangeant, mais par contre, le fait que TOUT ai été noté, même les bouts de pensées incomplètes, donne vraiment une impression de perdre un temps fou à trouver des vraies pensées entières et intéressantes.

Je crois que la majeure partie des phrases n'est pas terminée. Je ne suis pas assez fan pour apprécier l'effort de les avoir relevées quand même.

Donc, ça, plus le fait que ces pensées ont aussi vieilli, autant que l'écriture, cela ne donne plus grand chose à trouver pour ma part, dans ce recueil.